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Ello: coup marketing ou nouvelle voie pour les réseaux sociaux ?

Lancé il y a presque une semaine, Ello, le réseau social autoproclamé « anti-Facebook », fait parler de lui et promet de bannir la publicité, de préserver l’anonymat, la vie privée et de ne pas marchander les données de ses utilisateurs. A première vue, ce discours peut séduire. Mais Ello, qui est bel et bien financé par un fond d’investissement, saura-t-il trouver son modèle économique ? Jade Le Maître, spécialiste des réseaux sociaux et intervenante au CNAM (Conservatoire National d’Arts et Métiers), répond à RFI.

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RFI: D’où vient l’idée de ce réseau anti-Facebook et qui sont les personnes qui se cachent derrière la création d’Ello ?

Jade Le Maître : Ello a été fondé par sept personnes, des artistes ou programmeurs, qui étaient déjà amies avant de créer ce réseau et se sont rapprochées d’un autre designer, Aral Balkan. Il aimait beaucoup leur idée de faire un réseau social sans monétisation et qui ne revende pas les données des utilisateurs. Celui qui se met plus en avant dans la création d’Ello est Paul Budnitz. Ello n’est pas le premier réseau social à s’être placé sur un créneau « anti-Facebook ». Il y a déjà eu le réseau Diaspora, il y a un ou deux ans, qui s’était mis sur le « peer to peer » : chacun installait un petit bout de Diaspora chez lui et, au final, cela créait un réseau où chacun était maître de ses données.

Le slogan d’Ello est « vous n’êtes pas le produit ». Que pensez-vous de cette affirmation ?

La philosophie des personnes qui ont fondé Ello est vraiment de faire un « anti-Facebook ». Les fondateurs du réseau ne se sont pas installés dans la Silicon Valley et, par conséquent, ne sont pas contaminés par une course à l’investissement et à la monétisation qui fait rage là-bas. Par contre, les personnes qui ont fondé le site sont allées chercher du capital chez une venture [une société finançant en capitaux propres des entreprises nouvellement créées, ndlr], FreshTracks, qui a investi 435 000 dollars dans Ello.

C’est la troisième fois que FreshTracks investit dans ce réseau social. Et l’intérêt d’un venture capital est de récupérer sa mise et, pour récupérer sa mise, il faut revendre. Ello ne sera rentable qu’à partir du moment où il aura réussi à monétiser son offre. Paul Budnitz, de son côté, répète que la philosophie du réseau n’est pas de revendre les données personnelles et qu’ils veulent installer un modèle de « freemium » [modèle proposant une offre gratuite et une offre payante, ndlr], où les utilisateurs paient pour des fonctionnalités additionnelles. Mais il reste à voir si ce fonctionnement est possible, s’il est tenable dans la durée et si ce venture capital ne fera pas pression sur les fondateurs d’Ello pour récupérer l’argent investi.

Comment peut survivre un réseau social qui ne veut pas vendre les données de ses utilisateurs ?

C’est une bonne question. Pour qu’un réseau social puisse exister, il faut qu’il dispose d’énormément de membres. Et s'il fédère énormément de membres, il nécessite une infrastructure importante, qui coûte très cher. Le réseau social doit trouver un modèle économique qui se détache du freemium - modèle qui fonctionne très bien pour tout ce qui est social gaming [jeu vidéo auquel s'ajoute à l'expérience sociale, ndlr] mais qui n’a jamais vraiment marché pour les réseaux sociaux - tout en faisant en sorte que ce modèle ne tombe pas non plus dans la vente totale de données des utilisateurs. Pour l’instant, ce modèle économique n’a pas été trouvé et il est difficile d’avoir une idée de ce qu’il pourrait être.

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