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Khaled Babbou: «Les jeunes sont la priorité» de Rugby Afrique

Khaled Babbou a été élu président de la confédération africaine de rugby, Rugby Afrique, le 2 mars 2019 à Marrakech. Le Tunisien succède ainsi au Marocain Abdelaziz Bougja, en place depuis 2002. Il ambitionne de renforcer la pratique chez les jeunes, afin que son continent soit davantage compétitif en Coupe du monde, dans une décennie. Entretien.

Le nouveau président de Rugby Afrique, le Tunisien Khaled Babbou.
Le nouveau président de Rugby Afrique, le Tunisien Khaled Babbou. Courtesy of Rugby Africa
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RFI : Khaled Babbou, pouvez-vous présenter le parcours sportif qui vous a mené à la présidence de Rugby Afrique ?

Khaled Babbou : J’ai été dirigeant au sein de l’Espérance sportive de Tunis où je me suis occupé de l’organisation. J’ai donc voyagé et parcouru toute l’Afrique avec l’Espérance, que ce soit avec les équipes de football, de handball et de volley-ball. Puis, peu à peu, j’ai intégré différentes structures sportives en Tunisie : le Comité national olympique, la Fédération tunisienne de football, le ministère des Sports…

En 2006, je suis devenu vice-président de la Fédération tunisienne de rugby. J’ai ensuite été son président de 2009 à 2011. A partir de 2010, j’ai été élu au Comité exécutif de la Confédération africaine de rugby, l’ancien nom de Rugby Afrique. […]

Je suis passionné de rugby depuis l’âge de 8 ans. J’ai appris ce sport au lycée français de Mutuelleville de Tunis. Après, lorsque je suis parti en France pour mes études de droit à Aix-en-Provence, j’ai également joué au rugby à l’Université d’Aix-Marseille III. A l’époque, je suivais beaucoup le club de Toulon. C’était l’équipe de référence à la fin des années 1980. Je suivais également l’équipe de rugby d’Aix-en-Provence. Mais je n’ai jamais joué en-dehors des compétitions universitaires. J'étais peut-être trop obnubilé par mes études pour pouvoir atteindre un plus haut niveau.

Quelle est votre priorité en tant que nouveau président de Rugby Afrique ?

Ma priorité est que tous les jeunes Africains et jeunes Africaines touchent à un ballon de rugby. Le plus important, ce n’est pas l’élite, même si elle reste importante et qu’il faut qu’elle existe. Mais les jeunes Africains sont la priorité. Il faut que dans dix ans nous ayons des équipes de jeunes qui soient capables d’être compétitives au niveau mondial.

Nous investissons beaucoup d’argent sur notre élite mais elle n’est pas compétitive. Elle n’arrive pas à accéder au dernier carré [des grandes compétitions, Ndlr]. Donc, je préfère avoir des jeunes capables, dans dix ans, de concurrencer des nations comme l’Allemagne, la Roumanie, le Canada ou Hong-Kong, et qui pourront ensuite intégrer l'élite mondiale chez les séniors.

A ce moment-là, World Rugby regardera notre continent en se disant qu’il faut mettre davantage de moyens en Afrique ou donner davantage de places aux équipes africaines en phase finale de la Coupe du monde.

En ne faisant que de l’élite, nous prenons beaucoup de ressources aux fédérations nationales qui n’en ont du coup pas assez pour les femmes et pour les jeunes.

Enfin, le rugby à 7 doit être encore davantage une priorité, que ce soit chez les hommes et chez les femmes. Nous avons déjà deux sélections de très haut niveau en Sevens Series, l'Afrique du Sud et le Kenya. Mais nous voulons davantage d'équipes africaines qui brillent en rugby à 7.

Actuellement, l’Afrique dispose de deux représentants en Coupe du monde de rugby à XV. Allez-vous vous battre pour obtenir une troisième place en phase finale du Mondial ?

Je ne me battrai pas au sujet de la Coupe du monde de rugby à XV séniors. Mais je me battrai pour les moins de 20 ans. Une équipe qui dispute la Coupe du monde, comme l’édition 2019 au Japon, a besoin de beaucoup de moyens pour le tournoi. J’estime ce besoin à 3 ou 4 millions d’euros. Or, aucune fédération en Afrique ne dispose de ces moyens-là. Je préfère donc investir cet argent dans les fédérations, au niveau des U20. Dans cette catégorie-là, nous pourrons obtenir des résultats, que ce soit avec l’Algérie, le Nigeria, le Cameroun, le Kenya, le Zimbabwe, la Tunisie, le Maroc… […]

Dans dix ans, si nous avons faits les efforts nécessaires au niveau des U20, nous serons capables de briller davantage en Coupe du monde. Nous ne sommes pas encore matures ou prêts pour cela, à mon avis.

Que pensez-vous de la Ligue mondiale, cette nouvelle compétition internationale dont on parle tant en ce moment ?

La redistribution des moyens dispensée par World Rugby vers les régions, y compris l’Afrique, provient essentiellement de l’argent de la Coupe du monde. Ces moyens sont assez importants. Mais ils sont tout de même limités. Donc, toute autre compétition qui génèrerait des revenus pour World Rugby, sans mettre en danger les ressources de la Coupe du monde, et qui permettrait une redistribution équitable vers l’Afrique, serait positive.

D’autre part, cette ligue aurait un impact médiatique et en termes de visibilité. Cela apporterait un degré de perception positive supplémentaire pour le rugby en Afrique.

Je pense que ce projet est donc globalement positif. Cependant, la formule n’est, à mon sens, pas encore tout à fait équilibrée. Mais je pense que World Rugby a bien étudié le sujet. Je soutiens donc cette initiative.

Aujourd’hui, la Coupe d’Afrique des nations de rugby à XV est séparée en trois divisions : la bronze, la silver et la gold cup. Envisagez-vous d’organiser une seule phase finale, comme en football avec la CAN par exemple ?

Ça figure dans notre programme. Ce projet a été initié il y a un certain nombre d’années. Nous sommes en train de passer par plusieurs étapes. C’est vrai que l’étape ultime serait le fait d’avoir une coupe d’Afrique unifiée comme on peut le voir avec la Coupe du monde de rugby à XV. […] Sauf que le Mondial dure 45 jours. C’est difficile de pouvoir organiser une Coupe d’Afrique qui dure 45 jours, sachant que la plupart de nos joueurs sont des amateurs. Ils ont des obligations liées à leur travail. Il faut donc bien étudier le format de la compétition.

Combien d’équipes disputeraient cette phase finale de Coupe d’Afrique des nations de rugby à XV ?

Probablement 16, si nous retenons l’ensemble des équipes qui disputent déjà les trois compétitions [6 en Gold Cup, 6 en Silver Cup et 4 en Bronze Cup, en 2018, Ndlr]. Mais c’est très difficile à mettre en place, pour l’instant.

Certaines fédérations se plaignent de ne pas pouvoir récupérer leurs joueurs pour la coupe d’Afrique, comme l’Algérie dont de nombreux éléments évoluent en France. Qu’est-ce que Rugby Afrique peut faire pour forcer les clubs à laisser les joueurs rejoindre leurs sélections ?

Je ne pense pas que le verbe « forcer » soit le terme adéquat. Je pense qu’il faut toujours être dans le dialogue, chercher des solutions. La coercition n’est pas forcément la solution. C’est à travers un intérêt commun et un partenariat qu’on pourra trouver des solutions. Regardez le XV de France : il y a aussi des soucis entre la ligue professionnelle, la Fédération française, les clubs. Je crois qu’avoir une vision commune pour le bien du rugby permettra toujours de trouver des solutions.

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