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Boxe

Boxe: la résurrection colossale de Tyson Fury

Deontay Wilder et Tyson Fury n’ont pu se départager samedi à Los Angeles lors d’un combat très attendu. L’Américain, champion du monde WBC, a conservé sa ceinture d’un cheveu (match nul) face au Britannique. Revenu sur les rings après trois années en enfer, Fury est tombé deux fois mais a fait preuve d’une maîtrise et d’une détermination admirables. Le « Gipsy King » (roi des Gitans) a livré un combat magistral et regagné l’estime des observateurs.

Deontay Wilder et Tyson Fury tombent dans les bras l'un de l'autre à l'issue de leur combat magnifique du 1er décembre 2018.
Deontay Wilder et Tyson Fury tombent dans les bras l'un de l'autre à l'issue de leur combat magnifique du 1er décembre 2018. Andrew Couldridge/Reuters
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Le Staples Center de Los Angeles a vibré samedi 1er décembre lors du grand combat de cette soirée boxe. Dans la cité des Anges, les poids lourds Deontay Wilder, champion du monde WBC, et Tyson Fury, ancien champion du monde WBA, WBO et IBO, ont fait le show pour les spectateurs et les caméras. Et à l’arrivée, au bout de douze rounds intenses, les deux hommes se sont séparés sur un match nul avec décision partagée ; un arbitre a donné Wilder vainqueur (115-111), un deuxième a donné Fury vainqueur (114-112) et un troisième a donné match nul (113-113).

Tyson Fury et Deontay Wilder jubilent après leur match nul par décision partagée du 1er décembre 2018.
Tyson Fury et Deontay Wilder jubilent après leur match nul par décision partagée du 1er décembre 2018. Andrew Couldridge/Reuters

La science précise de Fury contre la puissance terrible de Wilder

Les bookmakers et les spécialistes voyaient pourtant l’Américain l’emporter face au revenant Fury. Les parieurs redoutaient même une défaite expéditive à Tyson Fury. Cela devait être l’ultime combat du puissant Deontay Wilder (40 victoires dont 39 par KO, aucun nul et aucune défaite avant samedi) avant la rencontre tant attendue en 2019 avec le monstre des poids lourds, Anthony Joshua, détenteur des trois autres ceintures. Mais c’était sans compter sur la science du combat de son adversaire.

Tyson Fury avait déjà fait trembler la planète boxe il y a trois ans quand il avait détrôné l’Ukrainien Wladimir Klitschko, qui était alors invaincu depuis plus de dix ans. C’était à Düsselforf, en Allemagne, devant un public tout acquis à la cause de Klitschko. A nouveau en terre hostile en Californie contre Wilder, Fury a proposé ce qu’il sait faire de mieux : provoquer et contrôler le rythme en combinant directs précis et défense exemplaire.

Tyson Fury provoquant Deontay Wilder lors de leur combat à Los Angeles, le 1er décembre 2018.
Tyson Fury provoquant Deontay Wilder lors de leur combat à Los Angeles, le 1er décembre 2018. Andrew Couldridge/Reuters

Un cocktail qui a bien failli avoir raison de Deontay Wilder. Le « Bronze Bomber  » (le bombardier de bronze, un surnom qui rappelle celui que portait la légende Joe Louis) a été neutralisé durant de longs rounds. Mais l’Américain pouvait compter sur son punch dévastateur, malgré ses 20 kilos de différence (96,4 kilos pour lui contre 116,3 kilos pour Fury). Après avoir envoyé Fury au tapis une première fois dans la neuvième reprise, Wilder a fait soulever la salle en infligeant au Britannique un deuxième down impressionnant dans la dernière reprise. Son enchaînement droite-gauche a fait mouche et Tyson Fury s’est écroulé, les bras en croix, les yeux tournés vers le plafond.

Fury, revenu de l'enfer, ne pouvait pas être mis KO

Fury à terre, Wilder croyait la messe dite. Le public aussi. Et pourtant, l'autoproclamé « Gipsy King » (roi des Gitans) s’est redressé juste avant la limite. Et Wilder, fatigué, n’a pas réussi à conclure malgré l’ambiance survoltée du Staples Center. Au contraire, Tyson Fury est même parvenu à refaire surface dans les dernières secondes. A l’arrivée, c’est donc un match nul qui fait grincer quelques dents. Pour certains observateurs, la victoire revenait à Fury, qui a dominé plus de rounds. Pour d’autres, un peu moins nombreux, les deux downs infligés par Wilder font de l’Américain le vainqueur.

Au final, il n’y a donc pas eu de vainqueur, et Deontay Wilder conserve sa ceinture WBC. Moralement, le gagnant de ce combat reste malgré tout Tyson Fury. Le natif de Manchester était donné perdu pour la boxe après son exploit contre Wladimir Klitschko. La revanche contre l’Ukrainien n’a jamais eu lieu. Et Fury a connu une descente aux enfers : suspicion de dopage, dépression, contrôle positif à la cocaïne, prise de poids… Quand, début 2018, le « Gipsy King » a annoncé vouloir revenir, peu y croyait.

Mis à terre par Wilder dans la dernière reprise, Fury s'est relevé à la surprise générale et a tenu bon jusqu'au bout.
Mis à terre par Wilder dans la dernière reprise, Fury s'est relevé à la surprise générale et a tenu bon jusqu'au bout. Andrew Couldridge/Reuters

Tyson Fury a finalement réussi son retour tonitruant. En moins de six mois, il s’est délesté de près de 60 kilos superflus pour revenir sur les rings et battre l’Albanais Sefer Seferi en juin, puis Francesco Pianeta en août. Sa science du combat et son goût pour le show ont fait le reste. « Même si je suis allé au tapis deux fois, je crois que j’ai gagné ce combat. J’ai montré que j’étais un vrai champion, un vrai guerrier, un grand professionnel. Personne de ma taille et de mon poids ne bouge comme moi », a-t-il clamé au micro après le nul contre Deontay Wilder. Ces deux-là se sont beaucoup asticotés ces derniers jours, mais il y avait beaucoup de respect entre eux sur le ring. Et le public a apprécié la facétie et surtout la prestation du Britannique.

« Joshua, où es-tu ?! Poule mouillée !! »

Et maintenant, que nous réserve la catégorie reine de la boxe anglaise ? Ce nul sur décision partagée entre Deontay Wilder et Tyson Fury remet en cause le grand combat attendu entre l’Américain et le Britannique Anthony Joshua. A peine la décision de la rencontre de samedi rendue, le projet d’un deuxième combat entre Wilder et Fury a été évoquée, histoire de trancher enfin cette question : lequel des deux est le plus fort ? L’idée d’un « rematch », comme on dit, semble leur plaire. « C’est un combat que les gens veulent voir », assure Wilder. Peut-être au Royaume-Uni cette fois ? En tout cas, le public semble aussi motivé par un Wilder-Fury 2 que par un Joshua-Wilder ou un Joshua-Fury.

Moment complice après le combat entre Tyson Fury et Deontay Wilder à Los Angeles, le 1er décembre 2018.
Moment complice après le combat entre Tyson Fury et Deontay Wilder à Los Angeles, le 1er décembre 2018. Andrew Couldridge/Reuters

Tyson Fury, lui, a continué son one-man show. Certes, sa priorité est, de son propre aveu, de retourner chez lui et de retrouver sa famille. Mais avant de quitter les Etats-Unis, le Mancunien a pris soin de fanfaronner encore. En conférence de presse, Fury a pris le micro et entraîné les journalistes à chanter avec lui American Pie, l’un des tubes de Madonna. Et avant de quitter le ring, face à un Wilder et une assistance riant aux éclats, Tyson Fury a imité une volaille et hurlé : « Nous (Wilder et lui, ndlr) sommes les deux meilleurs lourds du monde ! Poule mouillée ! Poule mouillée ! Joshua, où es-tu ?! Où es-tu, AJ ?! AJ !! » On attend la réponse du champion, avec les mots ou avec les poings.

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