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Rugby

Rugby: Jamie Cudmore, l’histoire «d’une gueule» canadienne

Surnommé le « bûcheron canadien » en référence à son ancienne profession et à son physique imposant, Jamie Cudmore revient dans une autobiographie sur sa jeunesse chaotique et la découverte du rugby qui l’a sauvé de la délinquance. Le bagarreur a fini par se construire une carrière de rugbyman, trois fois finaliste de la Coupe d’Europe et quatre fois mondialiste avec le Canada.

Jamie Cudmore lors de la Coupe du monde de rugby en 2015.
Jamie Cudmore lors de la Coupe du monde de rugby en 2015. FRANCK FIFE / AFP
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Confortablement assis sur un fauteuil club en cuir, Jamie Cudmore reçoit dans un club privé pour aficionados du ballon ovale. Son visage porte les stigmates de ces quinze années passées dans le rugby professionnel. Dans cette ambiance feutrée, sa petite fille gribouille pendant le colosse se raconte d'une voix posée, sans tabou ou presque. Comme dans son autobiographie, dans laquelle il choisit de distiller les moments les plus forts de son existence, en se donnant certaines limites. « Je n’ai pas tout raconté », avoue-t-il. Entre son adolescence chaotique, qu’il a passée en Colombie-Britannique dans l’Ouest canadien, et son entrée mouvementée dans l’âge adulte, l’ancien joueur de Clermont ne mâche pas ses mots.

Bagarres, mauvaises fréquentations, séjours en prison

Redoutée sur tous les terrains de rugby, souvent décrit comme un monstre sans état d’âme ni savoir-vivre, Jamie Cudmore a voulu au fil des pages évacuer un certain nombre de « clichés » qui lui collent à la peau. Il évoque ses séjours en établissements pour délinquants juvéniles ou en prison. Il y a un bien eu chez « ce bûcheron » corpulent, devenu père, un passé sulfureux, des bagarres, des mauvaises fréquentations, des séjours en prison. Mais pas uniquement.

Pour tenter d’appréhender le personnage, il faut remonter cet enfance où il se sentait déjà très différent, du fait de son physique atypique. « J’étais beaucoup plus grand et beaucoup plus fort que les autres enfants, si bien que je leur faisais parfois mal sans le vouloir », écrit l’ancien deuxième ligne du XV canadien. « Mais cela a été un atout, précise-t-il. On n’a pas souvent essayé de m’embêter à l’école et j’étais connu pour aider les copains si on leur cherchait des noises. »

« Je crois que j’ai toujours été un enfant difficile », souligne Jamie Cudmore. A 12 ans, première grosse bêtise. Il se dispute avec sa mère et décide de se changer les idées avec la voiture familiale. Il rentre à la maison entouré de gendarmes et la voiture abimée.

Le rugby comme thérapie

Il a fallu que Jamie Cudmore entre dans le monde du rugby à l'âge de quinze ans au lycée de Brackendale, pour se rendre compte que certains gamins pouvaient enfin lui ressembler. Jusque-là, il avait envie d’être comme son meilleur pote, mesurer 1,70 mètre.

« Je me sentais plus à l’aise avec mes coéquipiers. J’avais l’impression que la violence n’était pas un frein et je me suis dit que le rugby était fait pour moi  ». Il faisait surtout la fierté de son père. Entre 14 et 17 ans, l’homme au quatre Coupe du monde était toujours le plus grand, le plus fort.

A sa sortie de prison en 1999, il jure qu’il n’y retournera plus. Son nouveau gang devient son club de rugby du Squamish Axemen Rugby.

Durant toute sa carrière, Jamie Cudmore, physique hors norme, 1,96 mètre et presque 120 kilos, a cumulé les cartons et les sanctions. Son image de mauvais garçon, il l’assume. Pour lui, le rugby s’apparente à un sport de combat : « Si tu n’as pas un peu de violence en toi, tu n’as pas de place sur un terrain. Mais ce n’est pas de la violence gratuite. »

Il est d'ailleurs connu pour être le défenseur du corps arbitral. « C’est primordial. Si on ne respecte pas les règles, on va vite devenir comme le foot », tranche-t-il. « J’ai parfois contesté l’arbitre, mais jamais je n’ai été agressif. J’ai toujours été hyper respectueux, c’est très important ». Pourtant, au cours de la saison 2010-2011, il accumule 110 jours de suspension... Toujours à la pointe du combat, il est souvent emporté par son agressivité.

En guerre face aux commotions cérébrales, fléau du rugby

Cet amateur de vin qui détient avec son épouse son propre vignoble reste un amoureux du rugby amateur, du « french flair ». Les dérives du professionnalisme lui font peur, comme le nombre croissant de commotions cérébrales. En avril 2015, il en est lui-même victime lors de la demi-finale de Coupe d'Europe qui oppose Clermont aux Saracens. Le deuxième-ligne ne réussit pas à passer le protocole commotion (le test qui consiste à faire sortir un joueur pour vérifier s'il souffre d'une commotion), mais il est quand même renvoyé sur le terrain. Jamie Cudmore en colère, en a fait son nouveau combat en créant l’association Rugby Safety Network avec son épouse. Bagarreur mais prudent.

« Sur ou en dehors du terrain, c’est un mec hyper simple, super-ouvert, qui essaie de nous pousser vers l’excellence à chaque fois », expliquait Benoît Pieffero, talonneur du Canada, dans les colonnes de La Croix lors du Mondial 2015. L’ancien bad boy souhaite à présent partager un peu de son passé et éclaircir certaines choses de sa vie.

Jamie Cudmore : Présumé coupable - Mon histoire
Edition Marabout 19,90 euros

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