Accéder au contenu principal
Sport / politique

Brésil: révélations de corruption autour du Mondial et des Jeux olympiques

Le méga-scandale de corruption qui secoue actuellement le Brésil n’a pas épargné le monde du sport, touché par des accusations en série concernant la construction des stades de la Coupe du monde de football 2014 et des Jeux olympiques de Rio 2016. Le géant du BTP Odebrecht a distribué des sommes colossales en pots-de-vin à des politiques de premier plan au Brésil.

Le stade Maracana de Rio au Brésil.
Le stade Maracana de Rio au Brésil. YASUYOSHI CHIBA / AFP
Publicité

La Coupe du monde en 2014 et les Jeux olympiques en 2016 ont engendré des travaux gigantesques et coûteux au Brésil. Ceci a facilité le détournement d’argent dans un pays où l'ONG anti-corruption Transparency International pointe encore une fois les dérives. Le Brésil est placé dans les nations les moins vertueuses du globe. Surfacturations, pots-de-vin tous azimuts, le méga-scandale de corruption au Brésil n'épargne donc pas le monde du sport.

Le géant du BTP Odebrecht au centre des affaires

Les dernières révélations en date sont issues des confessions explosives d'anciens cadres du géant du BTP Odebrecht, dont le PDG Marcelo Odebrecht a été condamné en mars 2016 à dix-neuf années de prison en première instance. Après avoir noué des accords avec la justice brésilienne en échange de futures remises de peine, ces anciens salariés d’Odebrecht ont mis en cause toute l'élite politique brésilienne. « Je ne connais pas un politicien au Brésil qui a réussi une élection sans caisse noire », a confessé aux juges depuis sa prison Marcelo Odebrecht.

Accusé d'avoir formé un cartel illicite avec les autres grands groupes du secteur pour truquer systématiquement les marchés publics, Odebrecht était omniprésent dans la construction des installations sportives des méga-événements qui ont rythmé la vie du Brésil ces dernières années.

Selon le journal Estado de Sao Paulo, l'ensemble des confessions rendues publiques mardi 11 avril par la Cour suprême du Brésil permet d'identifier des irrégularités dans la construction d'au moins six des 12 stades utilisés lors du Mondial 2014. En ce qui concerne les Jeux olympiques, Odebrecht a construit entre autres le Parc olympique et le Village qui a hébergé les sportifs.

Un « département des pots-de-vin » chez Odebrecht

Pour s'assurer les meilleurs contrats, l'entreprise disposait d'un service comptable spécialement dédié à graisser la patte de politiciens. Nommé le « secteur d'opérations structurées », il était plus connu en interne comme le « département des pots-de-vin ». Chaque dépense était compilée dans une comptabilité informatique où chaque politicien répondait à un sobriquet ironique.

Parmi elles, Eduardo Paes, ancien maire de Rio (2009-2016), affublé du surnom de « petit nerveux » et gratifié « du fait de son intérêt dans la facilitation de contrats relatifs aux Jeux olympiques », selon un ancien cadre d'Odebrecht.

Odebrecht affirme lui avoir remis des dessous-de-table pour « au moins 15 millions de réais » (environ 7,5 millions de dollars) en 2012, alors qu'il faisait campagne pour sa réélection. Eduardo Paes, qui figure donc dans la liste de dizaines de personnalités politiques de premier plan visées par des enquêtes autorisées par le juge de la Cour suprême Edson Fachin, nie en bloc ces accusations, qu'il considère « absurdes » et mensongères.

Temple du football brésilien, le stade Maracana lui-même est sous le coup de nombreuses accusations de surfacturation, qui seraient survenues à l'occasion de sa rénovation totale pour un coût pharaonique de 1,2 milliard de réais (350 millions d'euros), plus du double du devis initial. Selon un rapport du Tribunal des comptes de Rio, même le ciment était trois fois plus cher que le prix du marché, entraînant à lui seul un surcoût total de 23 millions de réais.

L'Arena Corinthians de Sao Paulo au cœur de la tourmente

Autre cas emblématique : l'Arena Corinthians de Sao Paulo, stade du match d'ouverture du Mondial 2014. Dans une confession filmée et diffusée en boucle par les chaînes de télévision brésiliennes, Marcelo Odebrecht explique que le mode de financement complexe des travaux a été fixé de façon « informelle » lors d'un dîner organisé à son domicile, en 2011. Parmi les convives, le gouverneur et le maire de Sao Paulo de l'époque, ainsi que l'ancien attaquant Ronaldo, qui s'est illustré en fin de carrière dans le club de Corinthians, propriétaire du stade.

Selon l'ancien numéro un d'Odebrecht, son entreprise a été impliquée dans le projet à la demande de l'ancien président Lula, inculpé dans plusieurs volets de l'enquête, qui porte notamment sur un réseau de détournement de fonds qui a coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie pétrolière d'État Petrobras.

Huit ministres, 24 sénateurs, 37 députés, trois gouverneurs, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés et les dirigeants des principaux partis sont impliqués dans ces affaires de corruption. Le président de la République Michel Temer, qui dément, est pour sa part accusé de corruption au profit de son parti politique, le PMDB (centre-droit).

Fin 2016, un autre géant du BTP brésilien, Andrade Gutierrez, avait aussi reconnu avoir participé à un cartel pour truquer les marchés d'attribution des travaux de construction ou rénovation « d'au moins cinq stades » du Mondial 2014 de football.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.