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JO 2024: le retrait de Budapest pourrait fragiliser le CIO

Dès le mercredi 22 février, Budapest pourrait très vite renoncer à être candidat à l’organisation des JO de 2024. Cette nouvelle serait un coup de massue pour le Comité international olympique (CIO). Cela s’inscrirait dans une longue série de désistements qui fragiliserait l’institution qui peine désormais à attirer des candidats aussi bien pour les Jeux d’hiver, que ceux d’été.

Des activistes hongrois en campagne pour le référendum anti-JO de 2024.
Des activistes hongrois en campagne pour le référendum anti-JO de 2024. REUTERS/Laszlo Balogh
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Après les abandons de Rome, Boston et Hambourg, Budapest devrait jeter l’éponge dans la course à l’organisation des Jeux olympiques de 2024. Face aux deux poids lourds que sont Los Angeles et Paris, la capitale hongroise faisait figure d'outsider.

Los Angeles et Paris seuls en course pour 2024 ?

Le retrait de Budapest pourrait intervenir dès cette semaine puisque le maire de la ville, Istvan Tarlos, a fait savoir qu’il soumettrait l’idée d’un renoncement à l’assemblée municipale ce mercredi 22 février. De son côté, le Premier ministre Viktor Orban devrait évoquer cette option avec son gouvernement. Les deux hommes ont prévu dans la foulée une rencontre pour adopter une position commune. Le CIO n’a pas encore officiellement pris position sur le cas Budapest 2024.

Los Angeles et Paris se retrouveraient alors seules dans la course. Cette nouvelle donne pourrait relancer la thèse d'une double attribution des JO (2024 et 2028), le 13 septembre 2017 à Lima au Pérou. Thomas Bach, le président du CIO, perplexe face au manque de candidatures, avait émis cette idée. Mais il faudrait un vote qui changerait les règles d’attribution lors de la réunion du CIO à Lausanne en juillet prochain. Sauf qu’en cas d’attribution des JO 2028, les villes qui souhaitent accueillir la grande messe internationale du sport devrait attendre l’édition 2032…

Les installations sportives de Rio en suspens

Visiblement, le coût exorbitant et le peu de retombées économiques inquiètent les citoyens des pays qui postulent. En Hongrie, une pétition pour l'organisation d'un référendum anti-JO a recueilli 266 151 signatures. Rassemblant de jeunes militants, Momentum a dénoncé à travers cette pétition le coût du projet olympique et demandé davantage de moyens pour la santé et l'éducation. Les villes allemandes de Hambourg et Kiel avaient renoncé à leur candidature commune aux JO 2024 à la suite d'un référendum en décembre 2015.

Six mois après les derniers JO, les installations sportives de Rio de Janeiro sont pratiquement toutes fermées, en raison d'un long processus de transition entouré d'un flou juridique et administratif. Le Parc Olympique, poumon des jeux, est à l'abandon. Le démontage des structures temporaires n'a toujours pas eu lieu et les enceintes permanentes n'accueillent toujours pas d'entraînements ni de compétitions. Le stade mythique du Maracana est laissé à l'abandon, à cause d'un imbroglio politico-juridique. Les Jeux ont largement contribué à l’effondrement de l’économie en Grèce (Athènes 2004).

10 milliards d’euros pour une candidature

Une ville hôte doit désormais mobiliser près de 10 milliards d’euros pour une candidature susceptible d’être retenue par les membres du CIO. Il y a 30 ans, pour les JO de Los Angeles, la note était divisée par six. A Pékin en 2008, les JO ont coûté plus de 30 milliards d’euros. Un record battu par les JO d’hiver de Sotchi 2014 (37 milliards d’euros). En moyenne, le coût des Jeux olympiques d'été est presque le triple de celui annoncé dans le dossier de candidature.

« Pour décrocher les Jeux, une ville a tendance à minorer les dépenses pour séduire le CIO. Ensuite, c’est toujours le même scénario : un ou deux ans après avoir été choisie, elle explique que finalement, ça risque de coûter plus cher que prévu », estimait Wladimir Andreff, professeur émérite d’économie à l’université Paris 1 Sorbonne dans les colonnes du quotidien La Croix. « Dans les dossiers de candidature, on donne aussi des estimations bien trop optimistes des retombées économiques possibles », ajoute-t-il. Après les Jeux de Montréal en 1976 qui avaient coûté cinq fois plus que prévu, le CIO avait eu du mal à trouver des candidats.

Le coût des Jeux de Tokyo 2020 pourrait doubler

On estime que le coût des Jeux de Tokyo prévus en 2020 pourrait doubler, voire tripler par rapport à l’évaluation annoncée en 2013 par la ville. Fin 2016, voyant le coût des prochains Jeux olympiques gonfler de façon exponentielle, le CIO a appelé le comité organisateur de Tokyo 2020 à maintenir son budget au moins sous la barre des 17 milliards de dollars. Ironie de l’histoire, le coût initial était estimé à environ 6 milliards d’euros, et Tokyo avait été choisi en partie grâce à cela. « Le CIO n'a jamais validé de telles dépenses, avait indiqué en novembre dernier le vice-président du CIO, John Coates. Nous pensons que les Jeux peuvent se tenir avec des moyens bien moins importants ». Mais quoi qu’il en soit, c’est à la ville hôte d’assumer alors que le CIO se contente d’encaisser les dividendes.

Comme pour les Jeux d’hiver en 2022, les membres du CIO devraient choisir uniquement en entre deux villes pour les Jeux d’été de 2024. Dans un contexte de crise économique, les pays ont désormais en tête autre chose que de dépenser à tout va. Et la population, de plus en plus critique, n’a plus le désir d’être le centre du monde durant une quinzaine de jours. Le jeu n’en vaudrait-il plus la chandelle ? Sur les quatre dernières campagnes de candidatures, neuf villes se sont désistées pour des raisons politiques ou économiques.

Le temps est peut-être venu pour le CIO de remettre tout à plat. Sans quoi, les membres ne pourraient même plus avoir le choix au moment du vote de l’attribution de la ville olympique.

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