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Annus horribilis à la Fifa: un an de scandales en football

Le 27 mai 2015, plusieurs haut-dirigeants du monde du football étaient arrêtés en Suisse, à la demande de la justice américaine, avant un congrès de la Fédération internationale (Fifa). Un an plus tard, après une série de scandales planétaires, la Fifa a un nouveau président et ses ex-hommes forts ont été suspendus. Retour sur douze mois de tumultes dans le monde du ballon rond.

Le Suisse Joseph Blatter, président déchu de la Fifa, sous une pluie de faux dollars, lancés par un comédien britannique.
Le Suisse Joseph Blatter, président déchu de la Fifa, sous une pluie de faux dollars, lancés par un comédien britannique. REUTERS/Arnd Wiegmann
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Le 27 mai 2015, un Suisse présidait la Fédération internationale de football (Fifa). Ce 27 mai 2016, c’est toujours un Suisse qui dirige la Fifa. Mais ce n’est plus le même. Et, en l’espace d’un an, la plus puissante organisation sportive au monde – Comité international olympique excepté – a été au cœur d’une série de scandales sans précédent.

La justice américaine a tout déclenché

Tout ou presque commence au petit matin, dans un hôtel de luxe de Zurich. Le Congrès électif de la Fifa qui doit désigner son président s’apprête à démarrer. La police suisse entame pourtant un vaste coup de filet à la demande de la justice américaine. Plusieurs personnalités du monde du football, essentiellement latino-américaines, sont arrêtées, avec une menace d’extradition vers les Etats-Unis.

On leur reproche d’avoir détourné ou contribué à détourner environ 150 millions de dollars, depuis le début des années 1990. Les Etats-Unis, qui abritent à Miami le siège de la Concacaf (Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes), ont en effet décidé de frapper fort.

« On ne m’enlèvera pas de l’idée que ce n’est pas une simple coïncidence, cette attaque américaine, deux jours avant l’élection à la Fifa », déclare alors Joseph Blatter, réélu le 29 mai 2015 pour un cinquième mandat à la tête de l’institution, malgré un climat délétère.

Le Suisse, patron de la Fifa depuis 1998, ajoute : « Il y a des signes qui ne trompent pas. Les Américains étaient candidats à la Coupe du monde 2022 et ils ont perdu. Les Anglais étaient candidats à la Coupe du monde 2018 et ils ont perdu. »

Scandales en chaîne dans l’attribution des Coupes du monde

Le scandale à la Fifa, le « Fifagate » est une bombe à fragmentation. La deuxième affaire concerne en effet l’attribution contestée de la Coupe du monde 2018 à la Russie et de l’édition 2022 au Qatar. Toujours ce 27 mai 2015, la justice helvétique indique qu’elle enquête sur ce sujet. La Fifa, elle-même, a porté plainte concernant des soupçons de corruption lors du vote désignant les deux pays hôtes.

Mais l’affaire dépasse vite le cadre des deux prochaines Coupes du monde. Dans la foulée, les autorités américaines indiquent ainsi que l’Afrique du Sud a obtenu l’édition 2010 – la première sur le sol africain – en l’échange de pots-de-vin. La presse nord-américaine explique que le FBI avait une taupe au sein du tout puissant et décisionnaire Comité exécutif de la Fifa. Chuck Blazer, ex-numéro 2 de la Concacaf, fournissait la justice de son pays en tuyaux sur les activités illégales dans les hautes sphères de la Fifa.

Les soupçons de corruption se multiplient ensuite autour des Coupes du monde 1998, 2002 et surtout 2006. L’Allemagne, notamment, aurait payé son Mondial avec une caisse noire. Le président de la Fédération allemande de football, Wolfgang Niersbach, démissionne en novembre 2015. La Commission d’éthique de la Fifa le menace actuellement de 2 ans de suspension.

La chute des ex-meilleurs ennemis, Blatter et Platini

Niersbach est toutefois loin d’être le plus gros bonnet à avoir été ébranlé par le scandale Fifa. Le 2 juin 2015, Joseph Blatter, président désormais acculé, remet son mandat à disposition. Le 25 septembre, la justice suisse annonce que « Sepp » est entre autres mis en examen pour avoir versé 1,8 million d’euros à l’ex-footballeur Michel Platini dans des conditions controversées. Le 21 décembre, les deux anciens alliés, devenus rivaux et ennemis, sont suspendus huit ans de toute activité liée au ballon rond, par la Fédération internationale.

C’est le troisième volet du scandale Fifa. La chute de son président et de son successeur quasi certain. A l’été 2015, Michel Platini fait en effet figure de grandissime favori pour l’élection du 26 février 2016. Le président de la confédération européenne (Uefa) a le soutien de la plupart des continents. Mais sa suspension l’empêche de faire campagne. Le voilà désormais hors course, même si sa suspension est ramenée à six ans en février 2016, puis à quatre ans par le Tribunal arbitral du sport en mai dernier.

Avec Blatter (80 ans) forcé à la retraite et Platini hors-jeu, le champ est libre pour Gianni Infantino. Le peu connu Secrétaire général de l’Uefa est bombardé nouveau candidat de l’Europe. Sa campagne est efficace ; il rallie rapidement d’autres continents à sa cause. L’ex-chef de l’administration à l’Uefa bat le patron du foot asiatique, le Cheikh Salman, favori du scrutin du 26 février 2016. « Beaucoup de gens méritent que la Fifa soit à nouveau respectée, lance alors le vainqueur. Le monde entier va nous applaudir pour le travail que la Fifa va faire dans le futur ».

Les ennuis continuent

Pourtant, les ennuis de la Fédération internationale de football sont loin d’être finis. Début avril, le nom de Gianni Infantino est cité dans le scandale financier « Panama Papers ». Le Suisse aurait validé des contrats commerciaux très défavorables à l’Uefa, alors qu’il était le chef de son département juridique. Le 23 mai, c’est le Secrétaire général par intérim de la Fifa,
Markus Kattner, qui est licencié par la Fifa pour des irrégularités dans sa gestion financière. « Je n’ai jamais rencontré d’homme plus honnête », commente son ex-patron, Joseph Blatter.

Kattner devait être prochainement remplacé par la Sénégalaise Fatma Samoura. Cette diplomate, étrangère au monde du sport, doit restaurer l’image d’une fonction ternie par la suspension du Français Jérome Valcke, licencié pour une affaire de revente de billets.

La Fifa a en outre adopté des réformes censées démocratiser l’institution et redorer son blason. Mais l’un de leurs grands promoteurs, Dominico Scala a démissionné le 14 mai, estimant l’esprit de son projet « détruit ».

Après un an de scandales, le chantier semble sans fin et les dossiers toujours aussi brulants. La justice new-yorkaise s’apprête en effet à prononcer ses premières peines dans le volet américain du « Fifagate ».

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