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Basket-ball

Emmanuel Mudiay, de la guerre civile en RDC au All Star Game NBA

A seulement 19 ans, Emmanuel Mudiay s’est imposé comme l’un des plus prometteurs meneurs de jeu de la NBA. Excellent ce 12 février 2016 lors du Rising Stars Challenge, l’épreuve opposant les meilleurs jeunes de la ligue nord-américaine de basket, le natif de Kinshasa a pourtant traversé un long périple, marqué par la guerre civile et un exil vers les Etats-Unis durant son enfance, avant de briller sur les parquets.

Le Congolais Emmanuel Mudiay.
Le Congolais Emmanuel Mudiay. Mandatory Credit: Bob Donnan-USA TODAY Sports
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Par notre correspondant au Canada, Romain Schué

Avec un large sourire, Emmanuel Mudiay, légèrement gêné, s’excuse. A quelques heures du début du All Star Game NBA, installé au bord du terrain du Ricoh Coliseum de Toronto, lieu d’entraînement des jeunes pousses de la ligue nord-américaine de basket (NBA) sélectionnés pour le Rising Stars Challenge, le joueur de Denver se voit contraint de repousser un journaliste africain. Ce dernier souhaite en effet lui parler en français, une langue que ne maîtrise plus le natif de Kinshasa, arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 5 ans. Le début d’une nouvelle vie.

Installé dans la capitale de l’ex-Zaïre puis orphelin d’un père décédé peu de temps après sa naissance, le futur meneur de jeu a rapidement dû faire face à une nouvelle épreuve difficile : la guerre civile qui l’a contraint, avec ses deux grands frères et sa mère, à fuir la RDC pour le Texas.

« Parfois, j’y repense, révèle le benjamin de la fratrie. Je sais ce qu’il s’est passé, mes frères, ma mère, ma famille m’en reparlent de temps en temps. Ce n’était pas de bons moments mais de mauvais souvenirs même pour nous tous. Mais aujourd’hui, heureusement, tout se passe bien. Mais je n’oublie rien ».

La Chine avant la NBA

Aux Etats-Unis, Emmanuel Mudiay n’a pas tardé à attirer l’œil des recruteurs. Dans la lignée de ses aînés, qui ont fréquenté différentes équipes de haut-niveau durant leurs études, le Congolais impressionne. Au point d’être rapidement sélectionné pour différents camps de détection réunissant les meilleurs athlètes au monde et de séduire les entraîneurs de la prestigieuse NBA.

« Il a toujours été dans les cinq meilleurs joueurs du pays (chez les jeunes) », raconte Clint Capela, 21 ans. Le pivot suisse de Houston, d’origine congo-angolaise, a eu l’occasion de participer à deux camps, en 2011 et 2012, avec Mudiay avant de le retrouver en NBA et de partager le maillot de la sélection internationale lors de cette épreuve du Rising Stars Challenge. « A l’époque, il avait déjà une très bonne vision de jeu, un très bon tempo, ajoute Capela. C’est un meneur qui va vite et qui a déjà bien progressé, notamment au tir ».

Mais alors que plusieurs universités prestigieuses lui font les yeux doux, Emmanuel Mudiay va faire un choix surprenant. Pour des « raisons personnelles » qu’il ne souhaite pas évoquer, le Congolais signe en 2014 son premier contrat professionnel en Chine, avec les Guangdong Southern Tigers. Douze matches et 18 points de moyenne plus tard, il prend pourtant la direction de la draft NBA, la session annuelle de recrutement des meilleurs jeunes joueurs.

Plus fort que Jason Kidd ?

Sélectionné au 7e rang par Denver en juin 2015 et titulaire depuis ses débuts en NBA  à l’automne dernier, Emmanuel Mudiay ne cesse d’étonner. Polyvalent et très complet (avec des moyennes de 11,4 points, 3,2 rebonds et 5,9 passes en 30 minutes), le leader des Nuggets dégage une maturité et une confiance rares, qu’il puise dans son passé.

« J’ai seulement 19 ans, mais j’ai grandi sans mon père et j’ai vu ma mère tout donner pour nous élever, raconte-t-il. J’ai grandi plus rapidement. J’ai dû me prendre en mains. C’est pour ça que je me sens confiant. Aller en Chine m’a aidé. Ce fut une bonne décision et cela m’a rendu meilleur. Je travaille sans arrêt, je répète chaque jour les efforts pour progresser. Je fais tout pour être meilleur, c’est ce que l’on m’a enseigné ».

« Il pourrait porter très haut le basket africain »

 
Auteur de 17 points et 9 passes dès son premier match en novembre dernier, Mudiay n’a pas tardé à combler les observateurs. « Il sera meilleur que moi, prédisait fin 2015 dans le Denver Post Jason Kidd, l’ex-grand meneur de jeu de Dallas, de Phoenix et de New Jersey. Il est extrêmement doué et n’a pas peur de prendre des tirs importants. Le voir en action, c’est excitant. Peu de joueurs peuvent être le patron de leur équipe aussi jeunes ».

« Il a une vraie intelligence de jeu, confirme l’ex-international français et ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Jacques Monclar. Son physique lui permet de s’opposer à des avions de chasse (sic) comme Russel Westbrook, John Wall ou Derrick Rose. Ils ont beaucoup de points communs. Il a le sens du jeu, le sens de la passe et il pourrait porter très haut le basket africain ».

Il rêve de plusieurs titres NBA

Evasif sur son intention de porter, un jour, le maillot de la RDC pour former un redoutable duo avec Bismack Biyombo, le massif pivot des Raptors de Toronto – « On verra, on va en discuter, mais je n’oublie pas mes origines. J’en suis fier », affirme-t-il – Emmanuel Mudiay se montre bien plus loquace pour évoquer son avenir en NBA.

Même si Denver, une jeune équipe en pleine reconstruction, peine dans la Conférence Ouest pour accrocher une place en phase finale (playoffs), ce fan de Magic Johnson, le légendaire meneur des Lakers, rêve haut. Très haut : « L’équipe est dans un processus d’apprentissage, mais on progresse et tout se passe bien. Mon objectif, c’est de participer au grand All Star Game, d’être parmi les meilleurs. Quand tu arrives en NBA, c’est ton but. Mais mon rêve, ce n’est pas de gagner un titre NBA. C’est d’en gagner plusieurs ! »

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