Mondial de rugby: Rabah Slimani, de la banlieue aux Bleus

Pour la première fois en huit Coupes du monde, c’est la banlieue parisienne qui apporte le plus gros contingent de rugbymen au XV de France. Lors du troisième match face au Canada, le sélectionneur Philippe Saint-André avait titularisé quatre de ses six Franciliens sur la pelouse de Milton Keynes, dont Rabah Slimani, né à Sarcelles.

Rabah Slimani après la rencontre face au Canada, le 1er octobre 2015. Reuters / Eddie Keogh Livepic

« On ne gagne pas encore assez d’argent dans le rugby pour faire rêver les gamins des quartiers difficiles », avait raconté Jean-Claude Skrela, ancien directeur technique national, au quotidien La Croix. Visiblement, ce n’était pas l’affaire du jeune Rabah Slimani, né à Sarcelles dans le Val-d'Oise. Pourtant, le petit Rabah, d'origien algérienne, a grandi dans l’univers écrasant du ballon rond. Entre-temps, il s’est essayé au basket puis au judo. Et c’est à l’âge de 10 ans que le ballon ovale lui offre ses premières émotions rugbystiques. « C’est arrivé par hasard. Dans la famille personne ne jouait au rugby », raconte Slimani sur le site internet de la Fédération française de rugby (FFR). Au grand tournoi des écoliers de Sarcelles, au milieu de centaines de gamins, Slimani sort du lot.

Un sacré gabarit qui n’a peur de rien

« On est arrivés au club de rugby de Sarcelles la même année, quand on avait dix ans, tout le monde s'est rapidement rendu compte qu'il avait un potentiel énorme », raconte un des ses camarades de l’époque sur le site internet de So Foot. Le jeune Slimani est déjà très fort, il trimbale un sacré gabarit et n’a peur de rien. Il passe par plusieurs postes : pilier, talonneur, troisième ligne. Slimani rejoint, en cadet, le centre de formation du Stade Français puis décroche son premier contrat pro en 2009.

C’est en entrant au pôle France à Marcoussis que Slimani prend « conscience » qu’il peut réussir dans ce sport. « C’est là que j’ai commencé à goûter au professionnalisme avec les entraînements réguliers et la musculation ». Avec les moins de 20 ans en 2008-2009, il remporte le Tournoi des Six nations avec la génération 88 et un certain Mathieu Bastareaud, aussi joueur du XV de France. Il obtient sa première sélection en équipe de France le 9 novembre 2013 face à la Nouvelle-Zélande. « J’espère que c’est le début d’une longue histoire », disait-il à l’époque. Il a été largement à la hauteur lors du premier match du XV de France, samedi 19 septembre contre l’Italie 32-10 avec son premier essai en Bleu.

« Nous sommes des Français comme les autres »

Ses origines et la banlieue, Rabah Slimani n’a pas trop envie d’en parler…« Nous sommes des Français comme les autres », clame-t-il à Jean-François Fournel, notre confrère de La Croix. « Nous sommes fiers de nos origines, mais nous ne représentons pas tous les enfants de cités, nous sommes des joueurs de rugby, un point c’est tout », ajoute-t-il. Si le rugby se met au multiculturalisme, le joueur du Stade Français n’en fait pas un fromage. Rabah Slimani a appris imposer sa présence dans le groupe France et faire valoir ses idées. « Il faut savoir trouver sa place pour être en confiance et plus à l’aise ». Rabah Slimani s’est longtemps contenté d’écouter les autres pour apprendre. Il a attendu d’avoir de la « confiance » pour lâcher-prise.

Le pilier droit de haut niveau, travailleur de l'ombre, doit être à la fois très costaud pour supporter l’énorme pression d’une mêlée et resté très dynamique. « Attendez que l’on commence avant de nous enterrer, avait déclaré Slimani, titulaire contre la Squadra Azzurra. Il y a eu de bonnes et de mauvaises choses au Tournoi des Six Nations. On a travaillé. Là, on a tous progressé physiquement avec nos deux mois de préparation, on sent la différence ». Aujourd’hui, le XV de France est en quarts de finale du Mondial 2015 et Slimani va vouloir encore une fois briller, dimanche prochain, lors du prochain match contre l’Irlande.