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ESPACE

Malgré l’échec de Vikram, l’Inde affirme ses ambitions spatiales

Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, l’Inde n’est pas parvenue à poser l’atterrisseur Vikram sur la surface de la Lune. Une opération que seuls les États-Unis, la Russie et la Chine avaient réussie. Malgré cet échec, cette mission émoigne de l’ambition croissante de l’Inde dans le secteur spatial.

La sonde indienne Vikram, le 6 août 2019, à la veille de la date prévue pour son alunissage.
La sonde indienne Vikram, le 6 août 2019, à la veille de la date prévue pour son alunissage. AFP
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Après Mars et Mangalyaan en 2014, voici donc Chandrayaan-2 et la Lune en 2019. Les deux missions ont un point commun : leur sobriété financière. Il est ainsi désormais coutume de dire que les projets spatiaux indiens coûtent moins chers qu’un blockbuster hollywoodien.

Chandralyaan-2 n’est pourtant pas une mission au rabais et possède un réel intérêt scientifique. Il y a tout d’abord le vaisseau-mère toujours en orbite autour de notre satellite. Il embarque en effet 8 instruments destinés à étudier l’atmosphère plus que tenue de la Lune, mais aussi d’en analyser et cartographier la surface. Mais ce vaisseau embarquait donc surtout Vikram, l’atterrisseur qui n’a pas pu se poser sur le pôle sud lunaire. Malgré ce raté, il constitue à lui seul un tour de force technologique pour un pays comme l’Inde.

Car depuis quelques années, le pays a en effet revu ses ambitions à la hausse en matière spatiale. « C’est ça qui est intéressant », note Isabelle Sourbès-Verger, chercheuse au CNRS : « L’atterrisseur Vikram, c’est en hommage à Vikram Sarabhai, le père du programme spatial indien ». C’est ce scientifique qui avait posé dans les années 1970 les premières pierres du programme spatial. « À l’époque, il insistait beaucoup sur le fait que l’Inde n’avait pas les épaules pour réaliser de grandes missions d’exploration. Il militait pour que le pays face des missions directement utiles à la société, comme les télécommunications ou l’observation de la Terre. »

Changement de braqué

C’est pour cette raison que le programme spatial indien jouit plutôt d’une bonne côte auprès de la population. Ses applications sont en effet utilisées quotidiennement par les pêcheurs, les agriculteurs… Avec ses trois familles de lanceurs lui permettant de couvrir la plupart des orbites terrestres, l’Inde dispose en effet de satellites d’observation, de télécommunication et dans une moindre mesure militaires. Mais avec Mangalyaan et désormais Chandrayaan, le pays passe la vitesse supérieure. « L’Inde a dépassé ce stade-là, et elle est désormais une puissance suffisamment grande et mature pour pouvoir faire des programmes d’exploration et des programmes scientifiques. »

Coopération internationale

Plusieurs raisons expliquent cette évolution de l’ADN du spatial indien. Il y a tout d’abord les progrès techniques réalisés par l’ISRO, son agence spatiale. Il y a également un autre facteur qui marque une nette différence par rapport à la Chine, son rival régional ; la coopération internationale : « Depuis le début de son programme, l’Inde joue très bien de son statut de ‘’non-aligné’’ de l’époque, qui lui a permis de coopérer avec les russes, les Européens et les Américains », explique Isabelle Sourbès-Verger. A contrario, la Chine pâtit des normes ITAR mises en place par les américains, qui empêchent des composants américains souvent utilisés dans la construction de satellites de voler sur des fusées chinoises. La Nasa a également une interdiction formelle de coopérer avec la CNSA, son homologue chinoise.

Le programme spatial indien est donc de plus en plus ambitieux. Cela ne va pas s’arrêter, puisque le premier ministre Narendra Modi a annoncé son intention de voir son pays développer son programme de vol habité. L’objectif de voir les premiers astronautes indiens – les gaganautes, littéralement les « marcheurs du ciel » – voler en 2022. La date semble cependant optimiste. Même si le programme indien progresse, le pays a plutôt tendance à faire glisser ses programmes. Une façon cependant, de prendre le temps qu’il faut pour faire les choses bien.

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