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Sciences

Crétacé park: des centaines d’œufs de ptérosaures découverts en Chine

On devrait bientôt en savoir un peu plus sur le mode de vie des ptérosaures. Plusieurs centaines d’œufs fossilisés de ces reptiles volants datant du crétacé ont été découverts par une équipe sino-brésilienne dans la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. C’est la plus grande collection de fossiles de ce type jamais mise au jour. Un gisement qui devrait permettre d’expliquer la nidification de ces cousins des dinosaures.

Des oeufs et des os de ptérosaures, découverts dans la région du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine.
Des oeufs et des os de ptérosaures, découverts dans la région du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Alexander Kellner/Museu Naciaonal/UFRJ/Handout via REUTERS
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Jusqu’à présent, les œufs de ptérosaures se comptaient sur les doigts d’une main – cinq avaient été découverts en Chine en 2014 et un autre dix ans plus tôt en Argentine. Cette fois, l’équipe du professeur Zhonghe Zhou de l’Académie des Sciences de Pékin est visiblement tombée sur un gigantesque nid : 215 œufs fossilisés ont été extraits d’un bloc de roche de la préfecture d’Hami dans la région autonome du Xinjiang.

Mais les sables du désert du Taklamakan réservent visiblement des surprises. Ce même gisement pourrait en contenir près de… 300 selon le professeur Zhou ! La découverte partagée avec les chercheurs du Musée national du Brésil a été publiée dans la revue américaine Sciences. Elle devrait elle aussi faire des petits, et en tout cas entraîner d’autres publications.

Nidifuges ou nidicoles

Car si ces œufs chinois permettent d’en savoir plus sur le comportement de ces curieux serpents à plumes, ils amènent aussi des questions. L’Hamipterus tianshanensis porte le nom des monts Tian Shan, littéralement les « montagnes célestes » partant de la province chinoise du Xinjiang, avant de longer les frontières du Kazakhstan et du Kirghizstan jusqu’au Pamir. Une espèce datant du crétacé inférieur (entre 140 et 100 millions d’années) que l’on croyait nidifuge, c’est-à-dire capable de sortir du nid et de se débrouiller dès les premiers jours. Or, en analysant les embryons fossilisés, les chercheurs ont constaté que les os correspondant aux ailes étaient moins développés que ceux des membres inférieurs.

Autrement dit, l’Hémiptérus était incapable de voler à la naissance et ses parents devaient lui donner la béquée : « C’est l’une des grandes surprises de cette découverte extraordinaire, explique Jean-Michel Mazin, paléontologue responsable du site de fouille de Crayssac dans le département du Lot, en France. On a là une contradiction avec ce que l’on savait des ptérosaures. Jusqu’à cette découverte, les embryons semblaient nous montrer que le petit ptérosaure à la naissance était totalement apte à se nourrir parce que possédant déjà des dents. La découverte chinoise va dans le sens inverse. On se rend compte que c’est un peu comme chez nos oiseaux d’aujourd’hui. Il y a des nidicoles et des nidifuges, ceux qui suivent la mère et sont capables de se nourrir eux même immédiatement comme les poussins et les canards, et ceux qui restent aux nids qui n’ont pas achevé leur développement. »

Illustration d'artiste montrant des spécimens de ptérosaures Hamipterus tianshanensis.
Illustration d'artiste montrant des spécimens de ptérosaures Hamipterus tianshanensis. Zhao Chuang/Handout via REUTERS

Pontes collectives

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit de plusieurs pontes. Plusieurs femelles sont venues dans un environnement favorable à la nidification avant qu’un évènement ne vienne les déranger. L’équipe sino-brésilienne s’interroge dans Sciences : Est-ce un glissement de terrain ou un violent orage qui a facilité la fossilisation de l’ensemble ? Cet accident pourrait expliquer que la croissance des embryons ne soit pas achevée. Il est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives.

L’autre surprise concerne les œufs : « On s’attendait à ce que les ptérosaures pondent des œufs comme leurs cousins les dinosaures et comme leurs autres cousins les crocodiliens, explique Jean-Michel Mazin. Mais on s’attendait à ce que soient des œufs à coquilles rigides, c’est-à-dire calcifiés. En fait, cette découverte montre qu’il s’agit d’œufs parcheminés qui ressemblent à des œufs de serpents ou de lézards. Ce qui veut dire que ces œufs n’étaient pas couvés, mais enfouis dans la terre ou dans des amas végétaux comme les tortues. »

Pour le paléontologue, c’est une fois de plus la preuve qu’il faut se méfier des généralités. Le gisement d’Hami en Chine révèle que les ptérosaures avaient une stratégie de reproduction différente de celle de leurs contemporains. Un comportement de reproduction différent de celui des dinosaures qui eux pondaient des œufs à coquilles dures, comme ceux retrouvés en Ariège en France dès 1859 par l’Abbé Pouech.

Du moineau à l’avion de combat

En dehors du voile levé sur leur reproduction, la découverte des équipes du professeur Zhou donne aussi la mesure de la variété de l’espèce. Sur le site de Crayssac en France, il n’y a pas d’œufs mais des empreintes de pas de crocodiles, de dinosaures, de tortues et de ptérosaures sur une plage. Ces traces de pas remontent à l’époque du Jurassique, soit 150 millions d’années avant celles du ptérosaure chinois. D’où cette importante différence de taille : « L’Hamipterus tianshanensis faisait environ 1m30 d’envergure, soit la taille d’un grand goéland, précise Jean-Michel Mazin. Les ptérosaures de Crayssac avaient des pieds et des mains mesurant entre 2 et 8 centimètres. D’autres faisaient la taille de moineau. Et à la fin de l’ère, avant leur disparition il y a 65 millions d’années, on a eu des ptérosaures gigantesques qui atteignaient douze mètres d’envergure, c’est-à-dire plus grand qu’un avion de chasse. »

Ces reptiles volants ont dominé les cieux du monde pendant 160 millions d’années. La diversité de l’espèce est aussi large que celle des oiseaux d’aujourd’hui. Ce qui explique là aussi la diversité des milieux de vie : depuis les montagnes et les déserts, jusqu’aux milieux marins ou littoraux. La découverte de l’équipe sino-brésilienne n’est qu’un début, selon Alexander Kellner. « Grâce au grand nombre d’œufs que nous avons trouvés, nous allons pouvoir combler plus de lacunes sur les différentes étapes embryonnaires de cette espèce, les découvertes ne font que commencer », confie le paléontologue brésilien à l’AFP. Des répliques de ces fossiles sont exposées depuis ce vendredi au Musée national de Rio.

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