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Comment se forment les fantasmes ?

Dr Solano, vous êtes médecin sexologue et aujourd’hui, vous nous parler des fantasmes, et plus particulièrement comment ils se forment. Alors, comment et quand les fantasmes commencent-ils à se mettre en place ?

©pixabay
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Dr Catherine Solano  :

Les fantasmes sexuels n’existent pas dans l’enfance. Quand par exemple un enfant touche son sexe et que cela lui procure du plaisir, ce n’est pas associé à des pensées sexuelles. Les pensées et fantasmes sexuels commencent à se manifester en tout début de puberté, je dirai aux alentours de 11 ans. A cette période de la vie, c’est comme si une partie du cerveau se mettait en route et cherchait dans le monde extérieur des sources d’excitation sexuelle pour les mettre en mémoire.

 

Comment cela se manifeste-t-il en pratique ?

 

Dr Catherine Solano :

Comme les hormones sexuelles commencent à agir, elle modifient le corps, mais elles modifient aussi le fonctionnement du cerveau. Un garçon ou une fille à ce moment de la vie va commencer à ressentir des émotions sexuelle lors de certains événements. Je prends un exemple. Un jeune homme est à la piscine et sans le vouloir, il surprend une jeune fille nue. Cet événement est excitant pour lui, c’est normal, et cela va former une empreinte dans son cerveau, c’est-à-dire que cela va installer un souvenir émotionnellement fort dans sa tête. Par la suite, il se peut que toute sa vie, il ait le fantasme de surprendre une femme nue.

Un autre exemple, un de mes patients se rappelle avoir vu à la télévision une danse comme un french cancan, vous savez, des femmes très déshabillées qui lèvent la jambe. Et bien, il me dit : cette image est restée gravée dans mon cerveau, et depuis, je pense que je suis presque fétichiste des jambes. C’est cette partie du corps d’une femme que je trouve la plus excitante…

 

Cela siginife-t-il que l'on peut chercher la source de nos fantasmes dans nos souvenirs ?

 

Dr Catherine Solano  : Oui, c’est dans nos souvenirs que se trouve l’origine de nos fantasmes. Il s’agit toujours de souvenirs forts en émotion. Un autre exemple, un tout jeune homme qui a une petite copine, s’il ressent une émotion très forte la première fois qu’il touche un de ses seins, et bien, peut-être que toute sa vie, toucher un sein sera pour lui quelque chose de merveilleusement excitant !

Cela signifie que nos fantasmes s’installent dans notre cerveau sans qu’on les choisisse…

Dr Catherine Solano  :

Oui exactement. Nous ne sommes pas responsables de nos fantasmes. Ils se forment en fonction de nos expériences de vie. Et donc c’est très important de le savoir car cela signifie qu’il ne faut pas en avoir honte ou les trouver ridicules. C’est comme notre taille ou la couleur de nos yeux, ils sont ce qu’ils sont et il faut faire avec…

 

Oui mais quand il s’agit de fantasmes violents, est-ce que ce n’est pas gênant ?

 

Dr Catherine Solano  :

Normalement non, car un fantasme  fait partie du monde imaginaire. Ce n’est pas spécialement quelque chose que l’on souhaite ou que l’on doive réaliser. Leur rôle est plutôt de nos permettre de stimuler une excitation par le mental.

 

Certaines personnes rapportent des fantasmes à partir d’expériences qui ne sont pas excitantes du tout comme une agression sexuelle. Est-ce normal ?

 

Dr Catherine Solano :

Oui, c’est normal et fréquent. Cela ne signifie jamais que la personne ait aimé se faire agresser. C’est simplement qu’une agression produit une forte émotion, même si cette émotion est négative. Et le cerveau met en mémoire les événements associés à de fortes émotions. Donc c’est relativement fréquent d’avoir des fantasmes liés à des souvenirs négatifs. Il ne faut surtout pas s’en vouloir ou croire que l’on est anormal si cela se produit… Cela ne signifie bien sûr pas du tout que l’on a envie de revivre une agression !

 

Vous avez parlé d’un fantasme sur les jambes à propos de la télévision. Alors qu’en est-il des images pornographiques ?

 

Dr Catherine Solano :

 

Et bien, vous savez qu’il est interdit de mettre de la pornographie à disposition des mineurs. Une des raisons est là. C’est que si une personne très jeune regarde de la pornographie, cela provoque de fortes émotions et les fantasmes qui vont se mettre en place dans leur cerveau, ce seront des fantasmes pornographiques au lieu de fantasmes à partir de vraies expériences de vie. Et c’est dommage de laisser la pornographie faire intrusion dans la vie imaginaire d’un enfant. Parce que cela lui donne une idée terrible de ce qu’est la sexualité…

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