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Territoires palestiniens

Territoires palestiniens: des élections en vue, en dépit de nombreux obstacles

L’annonce avait été faite à la tribune des Nations unies en septembre dernier. Lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, Mahmoud Abbas avait exprimé son intention d’organiser des élections législatives et présidentielle dans les Territoires palestiniens. Elles seraient les premières depuis 13 ans.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors d'une réunion à Ramallah le 3 octobre 2019.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors d'une réunion à Ramallah le 3 octobre 2019. ABBAS MOMANI / AFP
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De notre correspondant à JérusalemGuilhem Delteil

Les obstacles restent nombreux mais le président de la Commission électorale a obtenu l’accord des factions. Entre fin septembre et début décembre, Hanna Nasr a multiplié les allers-retours entre Ramallah et Gaza. Il était chargé des négociations en vue de l’organisation des scrutins législatifs et présidentiel. Il s’est entretenu avec les principales factions palestiniennes, mais il devait surtout trouver un terrain d’entente entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

►À lire aussi : Les Palestiniens se mettent d'accord pour organiser des élections en 2018

Finalement, la semaine dernière, Hanna Nasr a écrit au président de l’Autorité palestinienne pour lui annoncer avoir obtenu l’accord des factions. Le Hamas a notamment fait plusieurs concessions. Il accepte le principe d’élections en deux temps, des élections législatives d’abord et une élection présidentielle ensuite. Il a également validé un mode de scrutin à la proportionnelle pour les législatives, qui lui serait pourtant moins favorable qu’un scrutin uninominal.

Désormais, le président de l’Autorité palestinienne doit signer un décret fixant les dates de l’élection. Mahmoud Abbas comme son Premier ministre, Mohamed Shtayyeh, évoque des législatives dans les « prochains mois ». La perspective reste floue. « Mais la possibilité d’élections n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui », juge Khalil Shikaki, professeur de sciences politiques et directeur du principal institut de sondage palestinien.

Treize ans qu’aucun scrutin n’a pas été organisé

Cette fois-ci, le processus électoral semble avancer plus que lors des précédentes tentatives. Cela fait treize ans qu’aucun scrutin national n’a été organisé dans les Territoires palestiniens. Le Parlement ne siège plus et Mahmoud Abbas est dans la quatorzième année d’un mandat qui devait durer quatre ans. Depuis 2007, la division politique entre Fatah et Hamas, et géographique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, est telle que toute tentative de scrutin sur l’ensemble des Territoires a échoué.

►À lire aussi : Territoires palestiniens: la réconciliation Hamas-Fatah agite les réseaux sociaux

Lorsqu’il a annoncé sa volonté d’organiser des élections en septembre dernier, Mahmoud Abbas soulignait que c’était à ses yeux le seul moyen d’avancer vers la réconciliation palestinienne. Aujourd’hui, Mahmoud Abbas est perçu sur la scène internationale comme un dirigeant affaibli, ayant perdu le contrôle d’une partie de son territoire. La réconciliation palestinienne est officiellement jugée indispensable pour faire front face à l’alliance Netanyahu-Trump.

Mais treize ans après le dernier scrutin national, Fatah et Hamas ont surtout tous les deux besoins de regagner en légitimité. Le premier souhaite éviter un « printemps palestinien » alors que les mouvements de protestation ont gagné ces derniers mois l’Égypte, le Liban et l’Irak. Le second souhaite réintégrer le processus politique après avoir été marginalisé par sa prise de pouvoir dans la bande de Gaza en 2007. Le Hamas souhaite notamment intégrer l’OLP, l'Organisation de libération de la Palestine qui représente l’ensemble des Palestiniens, y compris ceux vivant hors des Territoires.

Garanties sur l’indépendance des élections

La perspective du scrutin demeure toutefois encore incertaine : il reste beaucoup d’obstacles à surmonter. Avant toute élection, il devrait y avoir une rencontre entre les dirigeants des factions palestiniennes. Plusieurs points de divergence restent à régler. C’est le cas par exemple de la cour qui sera chargée d’arbitrer les éventuels différents post-électoraux. Le Hamas considère que le tribunal chargé de ces dossiers est à la solde de Mahmoud Abbas. La question est sensible, c’est sur ce point que le mouvement islamiste a appuyé son refus de participer aux élections municipales de 2017.

Quant au Fatah, il réclame également des garanties sur l’indépendance des élections dans la bande de Gaza : qui sera chargé du contrôle des urnes et du dépouillement dans ce territoire contrôlé par son adversaire.

Mais l’une des clés de ces élections est également entre les mains d’Israël. Mahmoud Abbas a officiellement écrit pour demander au gouvernement de Benyamin Netanyahu de laisser l’Autorité palestinienne organiser les élections à Jérusalem-Est. Cette partie de la ville est revendiquée par les Palestiniens comme la capitale de leur futur État mais a été annexée par Israël. Or, le Fatah et le Hamas sont tous deux d’accords : il ne peut y avoir d’élections palestiniennes sans Jérusalem-Est, disent-ils. Le gouvernement israélien avait autorisé le vote lors des précédents scrutins palestiniens mais il ne s’est pas prononcé cette fois-ci.

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