Yémen: 128 prisonniers rapatriés d'Arabie saoudite par le CICR
Quelque 128 rebelles yéménites ont été libérés jeudi 28 novembre par l'Arabie saoudite. Le Comité international de la Croix-Rouge les a rapatriés à Sanaa. Ils ont été accueillis par les chefs rebelles houthis et par leurs familles.
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Ils sont arrivés à l'aéroport de Sanaa à bord de trois avions du CICR. Certains étaient en chaise roulante, d'autres relevaient des pans de leurs robes blanches pour montrer leurs plaies aux journalistes, relate l'Agence France-Presse.
« Le traitement que nous avons reçu (en Arabie saoudite) était très mauvais », dénonce un ancien prisonnier de 35 ans, Abdel Raqib al-Abadi. « Mes sentiments sont indescriptibles. Puisse Dieu ramener tous les blessés et prisonniers à leurs mères et leurs familles », a dit la mère d'un autre ex-détenu.
Nathalie Bekdache est la porte-parole du CICR au Yémen. Pour elle, cette nouvelle libération est un bon signe. « Nous sommes très heureux de voir que dorénavant, certains privilégient les considérations humanitaires : c’est ce que montrent sans doute possible ces libérations », confie-t-elle à RFI.
« Nous espérons que cela indique quelque chose de positif pour le futur. Bien sûr, pour le vérifier, il va falloir attendre. Nous espérons toujours plus de libérations, et nous sommes toujours prêts à agir comme intermédiaires neutres », ajoute-t-elle.
Pour nous, ces libérations allègent beaucoup la souffrance des Yéménites: surtout pour les familles qui ne voient plus les leurs ou qui ne savent même pas où ils sont. Donc ces libérations leur apportent beaucoup de joie. En janvier dernier, sept Yéménites avaient déjà été libérés et un ressortissant saoudien rapatrié; entre avril et août, 31 mineurs détenus en Arabie saoudite ont pu retrouver leurs familles; 290 détenus ont été unilatéralement libérés le 30 septembre, et aujourd’hui ces 128 prisonniers quittent l’Arabie saoudite. Toutes ces libérations ont été facilitées par le CICR. Nous espérons qu'elles auront du poids sur les différentes parties, et qu’au final elles aboutiront à une solution politique pour le conflit au Yémen
Nathalie Bekdache, Comité international de la Croix-Rousse
Efforts menés pour une fin de guerre dans le pays
Le conflit yéménite dure depuis 2015, entre les rebelles houthis, qui se sont emparés notamment de la capitale du pays, Sanaa et la coalition menée par l’Arabie saoudite, en soutien des forces loyales au gouvernement.
Les efforts se multiplient pour mettre fin à la guerre. Ce rapatriement fait suite à une baisse des attaques menées par les rebelles contre l'Arabie saoudite voisine. Début novembre, les déclarations d'un responsable saoudien ont permis d'apprendre l'existence d'un canal de discussions pour mettre fin à la guerre.
Les violences meurtrières se poursuivent au Yémen
Mardi, la coalition avait déclaré que 200 prisonniers houthis seraient bientôt libérés. Mais dans le même temps, les violences se poursuivent, certes avec une moindre intensité. Selon l'ONU, au moins dix civils ont été tués mercredi à Saada (nord).
Une semaine plus tôt, dix civils avaient déjà perdu la vie au même endroit, dont des migrants éthiopiens. Et entre-temps, lundi, huit rebelles ont été tués dans des raids aériens de la coalition à Hodeïda (ouest), selon des responsables locaux.
En 2018, les belligérants avaient accepté d'échanger 15 000 prisonniers dans le cadre d'un accord signé en Suède sous l'égide de l'Organisation des Nations unies. Toutes les clauses de cet accord n'avaient cependant pas été appliquées.
Depuis 2015, la guerre au Yémen aurait fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées, et 24,1 millions, les deux tiers de la population, ont besoin d'assistance selon l'ONU. Les Nations unies parlent de la pire crise humanitaire au monde.
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