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France / Turquie

Offensive en Syrie: la France suspend ses livraisons d'armes à la Turquie

L’annonce a été faite samedi 12 octobre à l’occasion d’un communiqué commun des ministères français des Affaires étrangères et des Armées. Paris suspend, avec effet immédiat, les exportations d’armes vers la Turquie. La décision fait suite au déclenchement d'une offensive turque dans le nord de la Syrie.

L'armée turque, près de la frontière dans la région de Şanlıurfa, le 13 octobre 2019.
L'armée turque, près de la frontière dans la région de Şanlıurfa, le 13 octobre 2019. REUTERS/Murad Sezer
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C’était une décision attendue, alors que l’Allemagne avait annoncé plus tôt dans la journée qu’elle interdisait les livraisons d’armes vers la Turquie. « La France a décidé de suspendre tout projet d'exportation de matériels de guerre susceptibles d'être employés dans le cadre de l'offensive en Turquie », précise le communiqué publié samedi soir.

Certes, la France n’est pas le principal fournisseur de la Turquie, avec 45 millions de matériels exportés en 2018. Mais en ajoutant l’Allemagne et les Pays-Bas, qui ont également annoncé interdire toutes exportations, la Turquie devrait tout de même ressentir l’impact de ces mesures. La Finlande, ainsi que la Norvège, avaient également annoncé de telles mesures.

► À lire aussi : Interrogation sur la prise de la ville de Ras al-Aïn

Les principaux fournisseurs européens d'Ankara en matière d’armement sont l’Espagne et l’Italie, qui exportent à eux deux, selon l’institut indépendant suédois SIPRI, pour plus de 250 millions de dollars de matériels. Des pays qui se situent bien loin du principal allié de la Turquie, les États-Unis, qui auraient exporté pour près de 300 millions de dollars d’armement en 2018.

L’Union européenne souhaite se pencher sur une réponse commune ce lundi, à l’occasion du conseil des Affaires étrangères. Un conseil auquel participera finalement le chef de la diplomatie néerlandaise, qui a décidé de bousculer son agenda et de déplacer un voyage en Inde afin de pouvoir y assister.

Près de 800 proches de l'EI ont fuit un camp de Aïn Issa (sources kurdes)

Dans la phase initiale de l'assaut lancé ce mercredi 9 octobre, après la prise de Tell Abyad, les forces turques et leurs alliés s'apprêtent à conquérir une autre cible majeure: la ville de Ras al Aïn.

À Ankara, le ministère de la Défense a également annoncé un autre succès majeure : la prise de contrôle d'un important axe routier, l'autoroute M4 qui relie des territoires contrôlés par les kurdes. La perte de cet axe prive les milices kurdes d'une voie cruciale de ravitallement et de redéploiment de leur forces.

En cinq jours, l'offensive turque a fait plus de 150 morts, dont une cinquantaine de civils, et 130 000 déplacés. Et selon les estimations de l'ONU, le nombre de déplacés pourrait atteindre 400.000 personnes.

Bombardements de l'armée turque, contrôles de sécurité réduits en raison du redéploiement des forces kurdes parties combattre à 10 km de là, plusieurs centaines de personnes ont réussi à s'échapper ce dimanche du camp de déplacés d'Aïn Issa. Le camp abritait plusieurs milliers de déplacés, dont des centaines de proches de l'organisation État islamique, originaires d'une cinquantaine de pays. Selon un responsable kurde, toutes les familles des membres de l'EI, en tout 785 personnes ont fui le camp, de même que les déplacés sans aucun lien avec les jihadistes qui ont pris la fuite par crainte des bombardements.

Alors que la communauté internationale a exprimé son inquiétude concernant une résurgence de l'organisation EI, le ministère des Affaires étrangères turc a indiqué ce dimanche qu'il allait « prendre en charge la garde des éléments de Daech et des membres de leurs familles détenus dans des centres de détention » ainsi que dans les camps situés dans les zones qui seront libérées par leur offensive.

Ankara s'est également proposé de collaborer avec les pays d'origine et les organisations internationales en vue de réhabiliter les conjoints et les enfants qui n'ont pas participé aux actes criminels commis par les combattants terroristes affiliés à l'État islamique.

Au moins 26 civils ont par ailleurs été tués ce dimanche par des bombardements ou des tirs dans le nord de la Syrie, selon l'ONG Observatoire syrien des droits de l'homme. Parmi ces victimes figurent cinq personnes qui se trouvaient en voiture sur l'autoroute près de Aïn Issa, a indiqué l'OSDH. Des rebelles pro-turcs ont ouvert le feu sur leur véhicule, d'après la même source.

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