Syrie: survivre dans la poudrière du camp d'al-Hol, une gageure
Avec la chute du califat en mars dernier, des dizaines de milliers de personnes qui vivaient sur les territoires contrôlés par le groupe terroriste se sont rendues aux Forces démocratiques syriennes (FDS) qui maîtrisent la région autonome kurde du Rojava. Les hommes, souvent considérés comme des jihadistes, ont été emprisonnés, alors que les femmes elles sont toujours retenues dans des camps avec leurs enfants dans des conditions très difficiles.
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De notre correspondant,
Il s'agit d'une véritable catastrophe humanitaire. 80 000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants vivent à al-Hol, dans une anarchie totale. Au milieu du désert, ce camp était à l’origine prévu pour 5 000 déplacés. Ils sont aujourd’hui 15 fois plus.
Résultat, les habitants du camp manquent de tout. Il n’y a pas de toilettes, pas de douche, pas d’électricité et surtout rien à manger ou presque. Il n’y a même plus assez de tentes pour tout le monde. Sous les bâches blanches fournies par les Nations unies, des familles entières s’agglutinent à même le sol, sans matelas, dans une chaleur étouffante. Il fait plus de 50 °C à l’intérieur.
Des familles oubliées de tous
Dans les allées de ce camp surpeuplé, de nombreuses femmes en niqab déambulent désemparées. Elles réclament de l’aide, à manger, des médicaments. Autour d’elles, leurs enfants errent, crasseux, rachitiques, certains sont recouverts d’eczémas. La situation dans laquelle vivent les habitants d’al-Hol est tout simplement inhumaine.
Dans le camp, on croise bien quelques voitures de La Croix-Rouge qui distribue des repas, mais rien de plus. Les structures médicales sont inexistantes. Le centre de secours d’al-Hol par exemple ne compte que cinq lits. Il est tenu par quelques bénévoles du Croissant-Rouge kurde, mais ils sont complètement débordés.
Des dizaines d’enfants sont morts faute de soins suffisants ces derniers mois. Pour l’instant, personne ne semble vraiment se préoccuper du sort des familles d’al-Hol. Des familles majoritairement irakiennes et syriennes, soupçonnées, et c’est là tout le problème, d’avoir fait partie de l’organisation EI.
Une poudrière
Au fil des mois, al-Hol est devenue une véritable poudrière pour une raison très simple : ces femmes sont parquées toutes ensemble. Les plus radicales ont une très forte emprise sur les autres : elles vont même jusqu’à brûler les tentes de celles qui osent critiquer le groupe État Islamique.
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Certaines racontent aussi des attaques au couteau pour un peu de nourriture. La situation est explosive et ne devrait pas s’arranger. Car la plupart des habitants du camp n’ont pour l’instant aucune perspective de retour dans leurs régions d’origine. Ils restent donc prisonniers des autorités kurdes débordées par la situation, ignorés par la communauté internationale.
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