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Iran / Royaume-Uni

[Interview] Irano-Britannique détenue en Iran: «C'est une diplomatie d'otages»

Le gouvernement britannique s'est dit mercredi « extrêmement préoccupé » par le sort de l'Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée depuis 2016 en Iran, après l'annonce par sa famille de son transfert dans le service psychiatrique d'un hôpital où elle serait surveillée par des Gardiens de la Révolution. Le gouvernement britannique a appelé à sa «libération immédiate». Ses proches n'ont pas eu de contact avec elle depuis plus de 48 heures et sont très inquiets. RFI a joint son mari Richard Ratcliffe.

Richard Ratcliffe, le mari de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, devant l'ambassade iranienne à Londres, le 19 juin 2019, alors qu'il faisait une grève de la faim pour demander la libération de son épouse.
Richard Ratcliffe, le mari de Nazanin Zaghari-Ratcliffe, devant l'ambassade iranienne à Londres, le 19 juin 2019, alors qu'il faisait une grève de la faim pour demander la libération de son épouse. REUTERS/Peter Nicholls
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RFI : Quelles sont les dernières nouvelles que vous avez de votre femme ?

Richard Ratcliffe : Ce que je sais – je lui ai parlé juste avant son transfert -, c'est qu'elle était inquiète, car les responsables de la prison ne lui ont donné aucune garantie qu'elle pourrait voir sa famille iranienne ou la contacter. Elle n'a pas non plus reçu de garantie qu'elle ne serait pas menottée à l'hôpital et pendant son transfert. Tout ce qu'on sait c'est que maintenant elle est à l'hôpital Khomeiny. Avant-hier son père a essayé de lui rendre visite. Il a passé toute la journée devant le bâtiment, mais on lui en a refusé l'accès : les Gardiens de la Révolution ne l'ont pas laissé entrer alors que normalement ce sont de simples gardiens de prison qui surveillent un détenu à l'hôpital. Hier, sa mère y est allée. À elle aussi on lui a refusé l’accès. Donc cela fait trois-quatre jours qu’on ne l’a pas vu. Ce qui commence à nous inquiéter beaucoup. Car on ne sait jamais ce qui peut se passer dans un service psychiatrique. Ils ne nous expliquent pas quel type de traitement elle reçoit, ses parents ne peuvent pas la voir, donc cela devient vraiment très inquiétant.

Pourquoi un traitement médical était-il nécessaire ? Que savez-vous sur l’état de santé de votre femme ?

Quand elle est allée en Iran il y a trois ans, elle était en parfaite santé. Mais depuis elle est détenue en isolement, avec des conséquences sur le plan physique et mental. À cela s’ajoutent les effets de tout ce jeu psychologique auquel les Gardiens de la révolution et le système iranien jouent avec elle. Depuis le début de l’année elle dit « je n’en peux plus ». Le stress et l’anxiété se manifestent à travers des douleurs physiques. Elle a eu des douleurs étranges dans la nuque. Elle avait aussi des symptômes de traumatismes profonds. Des attaques de panique dans la nuit et lorsqu’elle voit certains agents des Gardiens de la Révolution. Lagrève de la faim qu’elle menait depuis quelques semaines était à mon avis un signal de désespoir. Elle voulait dire : ça suffit.

À lire aussi : Iran: trois jours de liberté pour une Irano-Britannique incarcérée depuis 2016

Qu’attendez-vous maintenant du gouvernement britannique ?

Ce que j'attends du gouvernement britannique, c'est de faire en sorte que le personnel de l'ambassade puisse lui rendre visite ou que la famille puisse la voir. C'est vraiment très suspect lorsque quelqu'un est détenu et que personne ne peut le voir. On imagine que toutes sortes de choses peuvent lui arriver. Pour l'instant c'est notre seule requête. De manière plus générale, nous demandons au gouvernement de faire pression sur les autorités iraniennes pour qu'elles prennent soin de Nazanin et pour qu’elles trouvent une solution. Lors de nos discussions avec le gouvernement britannique, nous avons également précisé qu'il ne s'agit pas seulement de Nazanin. Il y a beaucoup de personnes détenues, une Franco-Iranienne vient d'être arrêtée. Mais il y a d'autres Européens emprisonnés ainsi que des Américains et des Canadiens. En fait, c'est une diplomatie d'otages. Les autorités iraniennes prennent des gens pour qu’ils leur servent de monnaie d'échange. Et cela n'est pas acceptable.

Savez-vous s’il y a des négociations ou des contacts en cours entre les gouvernements britannique et iranien ?

Je sais que le ministère des Affaires étrangères britanniques demande sans cesse aux autorités iraniennes sa libération. Concernant des négociations concrètes, pour trouver un moyen de débloquer le dossier, nous ne sommes pas au courant. Cela fait partie de la politique du gouvernement britannique qui consiste à nous tenir à l’écart de ce qui se trame en coulisses. Peut-être qu’il y a des contacts, peut-être pas, nous ne sommes pas au courant.

Qu’attendez-vous maintenant en priorité ? J’imagine des nouvelles de votre femme, savoir dans quelles conditions elle est détenue à l’hôpital.

Oui c’est ça. Ma première préoccupation c’est que quelqu’un de sa famille puisse lui parler et vérifier si elle va bien. Il vaut mieux savoir rapidement ce qui se passe. Cela n’arrivera pas forcément du jour au lendemain, mais cela demande des efforts permanents. Il faut insister, interpeller. Je suis vraiment très inquiet qu’elle soit à l’isolement. Cela nous rappelle le début, lorsqu’elle a été arrêtée et nous étions sans nouvelles. Sur le long terme mon objectif est de la ramener à la maison. Je continue à demander aux autorités des deux pays de trouver une solution. Je continuerai à déranger jusqu’à ce qu’elle soit de retour.

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