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Arabie saoudite

Affaire Khashoggi: le reporter avait le projet d’un cyber-mouvement d'opposition

Deux mois après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, l'affaire n'a pas fini de livrer ses secrets. La chaîne de télévision américaine CNN publie des messages que Jamal Khashoggi a échangés avec l'un de ses compatriotes également exilé et critique du prince héritier Mohammed ben Salman. Cette correspondance entre les deux opposants saoudiens a été espionnée.

Le dissident saoudien Jamal Khashoggi parle lors d'un événément organisé à Londres, le 29 septembre 2018.
Le dissident saoudien Jamal Khashoggi parle lors d'un événément organisé à Londres, le 29 septembre 2018. Middle East Monitor/Handout via REUTERS
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Jamal Khashoggi vivait aux Etats-Unis. Omar Abdulaziz, lui, est exilé au Canada. Dans leur correspondance, dont CNN publie des extraits, on découvre un Jamal Khashoggi très critique à l'égard du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman. Le journaliste compare l'homme fort du royaume au personnage de jeu-vidéo Pac Man « qui dévore tout sur son passage ».

Au fil de leurs échanges, les deux dissidents saoudiens décident de passer à l'action : ils veulent créer un cyber-mouvement d'opposition. Mais en août dernier, les deux hommes apprennent que les autorités saoudiennes ont été informées de ce projet. Deux mois plus tard, Jamal Khashoggi entre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et n'a jamais été revu vivant.

Plainte contre une firme israélienne

Depuis, des spécialistes de l'université de Toronto au Canada ont découvert que les conversations des deux dissidents saoudiens avaient été espionnées à l'aide d'un logiciel élaboré par une firme israélienne : NSO. Selon le quotidien israélien Haaretz, l'Arabie saoudite a acheté cet outil informatique l'année dernière et l'aurait aussi utilisé pour espionner des opposants ainsi qu'une chercheuse d'Amnesty International.

De son exil au Canada, Omar Abdulaziz, l'interlocuteur et associé de Jamal Khasshoggi, annonce qu'il porte plainte contre la compagnie israélienne. Il réclame près de 150 000 euros de dommages et intérêts et l'arrêt de la fourniture de ce service à l'Arabie saoudite.

Ce n'est pas la première fois que NSO est attaquée en justice pour avoir vendu son logiciel d'espionnage à des régimes qui en auraient fait usage contre des membres de la société civile de leur pays. Des journalistes et des militants des Emirats Arabes Unis et du Mexique avaient déjà lancé des procédures judiciaires. Mais la médiatisation du dossier Jamal Khashoggi rend la démarche d'Omar Abdulaziz plus délicate pour le groupe israélien, notre notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil.

Pour NSO, cette plainte est « dénuée de fondements » : elle ne prouve pas que ce sont bien ses technologies qui ont été utilisées. Elle affirme également qu'elle n'est pas responsable de l'utilisation faite par ses clients de ses produits. Mais pour la société, l'enjeu est fondamental. Car l'organisation Amnesty International dénonce l'utilisation des produits de NSO dans des atteintes aux droits de l'homme et entend demander à la justice d'annuler l'autorisation d'exportation accordée à NSO par le ministère israélien de la Défense.

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