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Syrie

Deraa : la reddition ou la mort

Un déluge de feu s’est abattu ce jeudi 5 juillet sur les zones rebelles de la province de Deraa dans le sud de la Syrie. Le régime de Bachar el-Assad et son allié russe ont repris leurs bombardements après l’échec des négociations avec l’opposition. Des discussions étaient en cours depuis le début du mois afin de permettre un cessez-le-feu. Après avoir annoncé un retrait définitif, les rebelles syriens évoquent ce jeudi  un nouveau round de négociations qui pourrait se tenir vendredi.

De la fumée au-dessus des zones tenues par les rebelles dans la ville de Deraa, au cours de frappes aériennes des forces syriennes, le 5 juillet 2018.
De la fumée au-dessus des zones tenues par les rebelles dans la ville de Deraa, au cours de frappes aériennes des forces syriennes, le 5 juillet 2018. Mohamad ABAZEED / AFP
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Signe encourageant, après seulement 48 heures de négociations des solutions ont été trouvées. Certains villages rebelles ont accepté une reddition, mais très vite la situation s’est compliquée et les discussions se sont tendues.

« A la table des négociations, la pression était trop forte », affirme Ahmed Abou Salem, militant de l’opposition syrienne. « Ces discussions ressemblaient davantage à un ordre de soumission », regrette le jeune homme proche de la délégation des négociateurs de l’opposition. « D’emblée, les Russes, [qui négocient au nom du régime de Damas], ont posé leurs conditions et ont exigé de la rébellion de déposer ses armes lourdes avant tout dialogue. La délégation rebelle a refusé et a claqué la porte de ces négociations. Elle s’est finalement ravisée et a accepté de renouer le dialogue avant de quitter une nouvelle fois la table des discussions », détaille celui qui se fait également appeler Salem Al Deraoui. « Les Russes nous ont menacés. Ils nous ont dit : nos avions de combat sont prêts à décoller », s’insurge le jeune syrien contacté via l’application WhatsApp.

Pourtant, après avoir annoncé un retrait définitif, les rebelles syriens évoquent désormais un nouveau round de négociations qui pourrait se tenir vendredi. « L’opposition souhaite que les habitants de Deraa soient épargnés par les frappes aériennes et c’est seulement pour cette raison qu’elle accepte de s’asseoir à la table des négociations avec les Russes », conclut Ahmed Abou Salem.

300 000 déplacés

A Deraa, la population est démunie. Presque aucune ville et aucun village de cette province du sud de la Syrie n’est épargné par les bombardements. « La majorité des déplacés dorment dans les champs, ils sont abandonnés à leur triste sort en pleine nature », alerte Rami Abdel Rahmanne, directeur de l’Organisation syrienne des droits de l’homme, au micro de Monte-Carlo Doualiya. « Aujourd’hui, nous n’attendons pas de la Jordanie qu’elle ouvre de nouveau sa frontière pour laisser entrer sur son territoire une nouvelle vague de réfugiés syriens. Ce que nous voulons, c’est l’arrêt des bombardements. Les Nations unies doivent faire le nécessaire afin d’obtenir un arrêt des combats et que tous ces gens puissent enfin rentrer chez eux », clame le responsable de l’OSDH.

Depuis le début de l’offensive contre Deraa près de la moitié des 300 000 déplacés ont tenté leur chance à la frontière jordanienne. Mais le royaume hachémite a gardé sa porte close. Amman a été catégorique. « Il n’est pas question de laisser une nouvelle vague de réfugiés syriens entrer sur notre territoire », a précisé le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi.

La Jordanie, petit pays aux ressources limitées accueille déjà 650 000 réfugiés syriens. Le royaume fait lui-même face à de graves problèmes économiques. Malgré cela, Amman a envoyé des convois d’aide humanitaire aux milliers de familles syriennes bloquées à l’entrée du pays.

Une femme syrienne tient une pancarte lors d'une manifestation devant la base de l'ONU dans la province de Quneitra, dans le sud-ouest de la Syrie, le 4 juillet 2018. Sur la pancarte, on peut lire: «Où sont les Nations unies?».
Une femme syrienne tient une pancarte lors d'une manifestation devant la base de l'ONU dans la province de Quneitra, dans le sud-ouest de la Syrie, le 4 juillet 2018. Sur la pancarte, on peut lire: «Où sont les Nations unies?». Mohamad YUSUF / AFP

Non loin de cette frontière syro-jordanienne, d’autres déplacés syriens se sont rassemblés près du plateau du Golan, occupé par Israël.

Mercredi, au point de passage tenu par les Nations unies, des dizaines de femmes, d’enfants et de personnes âgées se sont mobilisés. « Help us, save us », (aidez-nous, sauvez-nous), ont scandé ces familles. Un appel au secours destiné à la communauté internationale. Elles ont brandi des affiches sur lesquelles était écrit : « Nous demandons la protection des Nations unies » ou encore « Stop à l’offensive barbare du régime et de son allié russe ».

La reconquête de la Syrie

Prélude de cette offensive du régime syrien contre Deraa, la reprise d’Alep en 2016 et plus récemment la reconquête de la Ghouta orientale, du Qalamoun et du camp de Yarmouk, des poches rebelles et jihadistes qui assiégeaient Damas.

Appuyé par l’aviation russe et épaulé sur les champs de bataille par l’Iran et le Hezbolah libanais, le régime de Bachar el-Assad impose de nouveau sa souveraineté sur les provinces syriennes à l’exception du grand-est tenu par les Kurdes.

Les rebelles et les jihadistes du groupe Etat Islamique ou du Front al-Nosra sont battus. Ceux qui ont accepté de signer une reddition ont été envoyés par bus vers Idlib dans le nord de la Syrie. Une province où se concentrent désormais une multitude de groupes insurgés.

Après Deraa, Idlib pourrait être la prochaine étape de cette reconquête territoriale qui renforce le pouvoir de Bachar Al Assad.

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