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Liban

Liban: à Tripoli, le chômage et la corruption au cœur des législatives

Les Libanais vont voter ce dimanche 6 mai pour renouveler leur Parlement. Ce seront les premières législatives en neuf ans. Et grande nouveauté, le scrutin se fera à la proportionnelle. De nouveaux candidats indépendants pourraient émerger, même si les grands partis traditionnels devraient tirer leur épingle du jeu. Notre envoyée spéciale au Liban s’est rendue à Tripoli, deuxième ville du pays, bastion sunnite, qui compte des populations parmi les plus pauvres du pays. Elle a interrogé les habitants sur leurs attentes.

Les portraits des candidats sont placardés sur les bâtiments de la ville de Triploli.
Les portraits des candidats sont placardés sur les bâtiments de la ville de Triploli. RFI/Murielle Paradon
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Au cœur de Tripoli, le souk al Haraj, avec ses vieilles voutes en pierre, abrite un joli café. Des femmes sont là. Coiffées d’un voile, elles fument une cigarette ou le narguilé. Bassima el Mir, 60 ans, affirme qu’elle ira voter dimanche même si elle refuse de dire pour qui. Elle voudrait que les députés s’occupent enfin du développement de Tripoli : « On est privé de tout, on est marginalisé dans cette ville, on n’a même pas de tourisme. On est oublié par les politiques. »

La corruption, l’autre gangrène

La première préoccupation des habitants de Tripoli est l’emploi. Le taux de chômage atteint 60 % dans certains quartiers. Zeinab, 47 ans, a deux fils. Ils cherchent tous les deux du travail :  « Le chômage est là parce que les puissants en ont décidé ainsi. Les jeunes, ils étudient, ils ont leur diplôme mais quand ils terminent, ils sont obligés de trouver du travail dans des cafés, ils n’ont pas accès à l’emploi. Ou alors ils sont obligés d’émigrer à l’étranger, en France, au Canada, en Australie, en Europe, etc., à cause du chômage ».

La corruption serait un mal aussi très répandu à Tripoli. C’est ce que dénonce notamment le patron du café Haraj, Samer, Abdel Hay qui ira voter dimanche pour les législatives. « Je vais voter ce dimanche parce que je veux que la corruption s’arrête,  que certains hommes politiques arrêtent de couvrir des choses illégales, par exemple dans les souks, il y a beaucoup de choses illégales : les constructions, les magasins… »

Dans les rues de Tripoli, les portraits des candidats sont placardés sur tous les bâtiments. Les photos des poids lourds qui ont pu se payer d’immenses affiches, côtoient celles plus modestes des petits candidats.

Des Libanaises dans un café autour du narguilé.
Des Libanaises dans un café autour du narguilé. RFI/Murielle Paradon

L’achat des voix

Nivine el Jundi travaille pour le ministère des Affaires sociales dans le quartier pauvre de Tebbaneh, un quartier meurtri par des affrontements, il y a plusieurs années, sur fond de guerre en Syrie. Aujourd'hui, le calme est revenu, mais la misère persiste. Ninive el Jundi vient en aide aux familles défavorisées : « Ces familles ont besoin d’aide alimentaire et d’un accès à la santé. On n’a plus de classe moyenne à Tripoli, on a soit des gens très riches, soit des gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le problème, c’est que les gens n’œuvrent pas pour le changement. Ils vont voter pour ceux qui leur donnent le plus d’argent ! Ils ne pensent pas à l’avenir de la ville, à ce que les personnes élues pourraient faire pour la ville. » Selon cette employée, les candidats achètent tout simplement les voix des électeurs.

Ahmad Abdallah, lui, rejette le clientélisme. Cet ouvrier de 27 ans qui travaille le fer dans un atelier de Tebbaneh n’ira pas voter dimanche. « Je ne crois en personne, ça fait nefu ans depuis les dernières élections et rien ne s’est passé. Toujours des promesses, toujours les mêmes candidats. » Et quand on l’interroge sur les nouveaux candidats indépendants qui se présentent ? « Ils veulent juste un siège de député », rétorque-t-il.

Ces dernières années, le conflit syrien et ses répercussions au Liban ont occupé les débats à Tripoli, mais aujourd’hui les habitants de la deuxième ville du pays ont surtout des revendications sociales et économiques. Ils s'apprêtent à renouveler leurs députés ce dimanche, entre espoir et désillusion.

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