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Syrie

Syrie: l’école à l’abri des bombes

Après sept années de guerre en Syrie, le conflit est toujours aussi sanglant et dévastateur. Plus de cinq cent mille morts et disparus, des millions de réfugiés éparpillés aux quatre coins du monde et des millions de déplacés à l’intérieur de la Syrie. Quel avenir pour les enfants syriens, au milieu de ce chaos ? Un enfant né au début de la guerre en 2011, est âgé aujourd’hui de sept ans et n’a potentiellement jamais été scolarisé. 

Comment mener une vie d'enfant dans un pays en guerre ? Enfants évacués de Douma, la Ghouta, le 13 mars 2018.
Comment mener une vie d'enfant dans un pays en guerre ? Enfants évacués de Douma, la Ghouta, le 13 mars 2018. REUTERS/Bassam Khabieh
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La guerre en Syrie, tue les hommes, défigure les villes, et brise la société. Des millions d’enfants syriens n’ont jamais connu l’école. Ils n’apprennent ni à lire ni à écrire. Une génération sacrifiée. « Nos parents refusent qu’on aille à l’école parce que nos écoles sont bombardées. Beaucoup d’enfants sont morts à l’école. Nos parents ont peur pour nous », confie la petite Mouna Karzi, huit ans, depuis Maarat Al Nouman, dans la province d’Idlib. « Mais aujourd’hui, avec les écoles cachées, la situation a changé et nous pouvons de nouveau aller en classe », se réjouit la fillette.

Son témoignage est transmis via l’application WhatsApp, par le directeur de cette « école cachée ». Il s’appelle Fadi El Maari, et il est également militant de l’opposition syrienne. « Sous les bombes, malheureusement, le savoir devient secondaire et la priorité est de vivre, survivre », regrette celui qui se bat pour la scolarisation des enfants syriens. « Les enfants de Maarat Al Nouman, [à Idlib], ont perdu trois ans de scolarité en moyenne. Ici tous les habitants ont dû quitter la ville et fuir à cause des combats et des bombardements de l’aviation syrienne qui ciblaient délibérément les civils », raconte Fadi Al Maari. « Lorsque la situation s’est un peu calmée nous avons pu rentrer chez nous mais nos écoles et nos hôpitaux étaient régulièrement bombardés. Les gens avaient peur et refusaient catégoriquement d’envoyer leurs enfants à l’école. Mais rapidement nous avons pris conscience du danger que représentait la déscolarisation des enfants. Alors nous avons créé des écoles dans des zones à l’abri des frappes aériennes syriennes et russes »,explique fièrement le jeune directeur d’école.

« Nos enfants ont le droit au savoir »

Fadi Al Maari, et plusieurs autres militants de l’opposition syrienne, mettent la main à la poche et rassemblent leurs maigres économies. Ils lancent également un appel au bénévolat. Des femmes de leur communauté de Maarat Al Nouman, se portent alors volontaires et s’improvisent institutrices ou enseignantes. Aujourd’hui elles s’occupent d’enfants entre six et seize ans. « Certaines d’entre nous enseignaient déjà avant la guerre. Les autres sont toutes diplômées », confie Thana*, qui s’occupe des petites sections. « Idlib et Maarat Al Nouman sont des villes sinistrées. Le régime ne s’est pas juste contenté de tuer les civils ici, son aviation et l’aviation russe ont détruit nos écoles. L’école, c’est la vie, c’est l’avenir de nos enfants », s’emporte la jeune femme, avant de poursuivre : « Nous avons rejeté l’idée d’une génération d’enfants syriens illettrés, analphabètes. C’est pour cela que nous avons mis en place ces écoles cachées. Ces écoles sont à l’abri des bombardements, elles sont en dehors des villes et les classes sont toutes en rez-de-chaussée. Nos enfants ont le droit au savoir c’est leur droit le plus élémentaire. »

L’appel à l’aide

Déterminé à scolariser tous les enfants de sa province, le militant de l’opposition, Fadi Al Maari, frappe à toutes les portes. Mais difficile de lever des fonds auprès d’une population syrienne appauvrie et dévastée par sept années de guerre civile.

Alors Fadi Al Maari, se tourne vers l’étranger et multiplie les appels à l’aide. « L’aide internationale qui arrive en Syrie ne doit pas se limiter seulement à la nourriture et aux médicaments », explique-t-il. « Nous avons une grande responsabilité. Avoir fondé cette école alternative signifie que les enfants vont recevoir une éducation. Les organisations humanitaires françaises ou autres, aident déjà énormément le peuple syrien mais il faut comprendre que l’éducation est une priorité au même titre que le reste de l’aide humanitaire », insiste le directeur d’école.

« J’adresse un message aux organisations humanitaires françaises : aidez les enfants syriens à avoir une éducation. Dans les zones libérées, les enfants doivent pouvoir continuer d’aller à l’école. Au-delà des frappes aériennes du régime, la déscolarisation est elle-même une bombe à retardement », conclut ce militant de l’opposition syrienne.

 

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Enfants syriens réfugiés au Liban, mars 2018: rester dans un pays en guerre sans pouvoir mener sa vie d'enfant et aller à l'école, ou fuir.
Enfants syriens réfugiés au Liban, mars 2018: rester dans un pays en guerre sans pouvoir mener sa vie d'enfant et aller à l'école, ou fuir. REUTERS/Mohamed Azakir

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