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Liban

Liban-Arabie: toujours Premier ministre, Hariri accepte «l'invitation» de Paris

Le président français Emmanuel Macron a invité le Premier ministre libanais Saad Hariri, démissionnaire, à venir en France les jours prochains avec sa famille. L'intéressé a accepté ce jeudi matin. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, arrivé mercredi soir à Riyad, a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, avec qui il a discuté des modalités du départ du Premier ministre libanais pour Paris. A Beyrouth, le proche dénouement de cette crise est accueilli avec satisfaction officiellement. Mais pour les Libanais, la satisfaction sera entière quand Saad Hariri sera revenu.

La rue libanaise a fait preuve d'une grande unité pendant douze jours. Mais l'épisode Saad Hariri n'en est pas pour autant terminé.
La rue libanaise a fait preuve d'une grande unité pendant douze jours. Mais l'épisode Saad Hariri n'en est pas pour autant terminé. REUTERS/Jamal Saidi
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Au Liban, la classe politique et la rue affichent un soulagement - au moins de façade - de voir toucher à sa fin la situation « exceptionnelle et inédite » dans laquelle se trouvait Saad Hariri, comme l’a décrit le chef druze Walid Joumblatt. Ces dernières heures, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh, le président libanais Michel Aoun avait durci le ton contre Riyad, l'accusant de détenir le Premier ministre démissionnaire.

Les milieux de la présidence libanaise affirment que Michel Aoun est satisfait de ce que L’Orient-Le Jour appelle la « formule magique » d’Emmanuel Macron. Il s’agit d’un compromis entre l'exigence du chef de l’Etat libanais d'une présence physique de Saad Hariri à Beyrouth, et le refus saoudien de le laisser partir, tantôt parce qu’il possède aussi la nationalité saoudienne, tantôt pour des raisons de sécurité, écrit le quotidien francophone.

Le président libanais est d’autant plus satisfait que la « formule magique » de Macron permet aussi d’exfiltrer la famille de Saad Hariri, qui serait également détenue, selon Michel Aoun.

Pour le quotidien arabophone Al-Ittihad, Michel Aoun a « libéré » Saad Hariri après avoir « haussé le ton ». C’est justement pour éviter une saisine du Conseil de sécurité de l’ONU que Mohammed Ben Salman a finalement accepté de laisser partir le Premier ministre libanais.

Le président français a toutefois assuré que M. Hariri regagnerait Beyrouth par la suite pour « y confirmer sa démission, si tel est effectivement son choix », écartant d'emblée l'hypothèse d'un exil, précise L'Orient-Le Jour.

La démission toujours pas acceptée

Pour Misbah Ahdab, ancien député sunnite et président du mouvement La modération civile, l'invitation lancée par le président Emmanuel Macron à Saad Hariri est « très pertinente ». Saad Hariri « a annoncé plusieurs fois qu’il retournerait au Liban, il n’est pas rentré au Liban, etc. », ce qui a généré de la confusion. Pour lui, Saad Hariri, remis en liberté, « pourrait s’exprimer, pourrait demander une immunité donc finalement c’est une façon de mettre fin à une situation un peu confuse ».

Pourtant, si le prochain départ de Saad Hariri pour Paris règle – provisoirement - le seul cas physique du Premier ministre, la crise politique provoquée par sa démission surprise reste irrésolue.

D'abord, si le patron du Grand Sérail, siège du gouvernement, décidait de démissionner ou de se rétracter, il devrait le faire à partir du pays qu'il gouverne, a insisté le président libanais Michel Aoun.

En outre, l'épisode devrait laisser des séquelles dans la tectonique des plaques régionales. « Un déséquilibre a été créé par cette démission, constate Misbah Ahdab. Il faut voir comment créer un nouvel équilibre. Ce que nous aimerions voir maintenant, c’est un endroit neutralisé, donc immunisé, le Liban. Mais pour cela, il faudrait faire un travail interne et faire un vrai accord entre tous les partis. »

Les Libanais attendent le retour

Enfin, symboliquement, ce subit coup de pression de Riyad sur la souveraineté libanaise, devrait durablement marquer les consciences au pays du Cèdre. Les Libanais, eux, ont fait montre d'une unité rare, comme un reflet de lumière renvoyé au royaume wahhabite.

Dans les rues de Tarik Jdide, un quartier sunnite de Beyrouth, des portraits de Saad Hariri sont partout présents, avec parfois cette mention : « nous sommes tous avec toi ».

Mais l’attente de son retour se prolonge. Et l’hypothèse de son départ pour Paris est loin de lever le flou. « A mon avis, s’il va à Paris, c’est parce que les Saoudiens ne le laissent pas revenir ici, pense Mahmoud. Nous voulons qu’il rentre, c’est misérable ce qui lui est arrivé. Il faut qu’il raconte depuis la France tout ce qui s’est passé. J’espère que la France va réussir à amener une solution aux problèmes en cours au Liban. »

Dans les cafés populaires de la capitale, la crise actuelle est au centre de toutes les conversations. A Basta, un quartier à majorité chiite, on doute que la médiation française puisse réussir. « Je ne comprends pas cette histoire. Qu’est-ce qu’il va faire en France ? Qu’il rentre plutôt au Liban ! Tout ça suit les plans du royaume saoudien », estime Hassan.

De part et d’autre, une conviction est partagée : si Saad Hariri ne revient pas, les choses vont s’envenimer.

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