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Irak

Mossoul: une victoire au goût amer

L'organisation Etat islamique a été chassée de l'un de ses principaux bastions irakiens, la ville de Mossoul, dans le nord du pays. « Presque complètement chassée », car il reste encore quelques poches de résistance jihadistes dans la Vieille ville, mais elles ne sont pas de nature à remettre en cause l'annonce de la libération faite, ce dimanche 9 juillet, par le Premier ministre en personne, Haïdar al-Abadi. Il aura fallu pas moins de neuf mois à l'armée irakienne pour parvenir à son objectif, au prix de nombreuses vies et de dégâts considérables.

Vue générale de Mossoul en Irak, libérée des mains de l'EI, le 9 juillet 2017.
Vue générale de Mossoul en Irak, libérée des mains de l'EI, le 9 juillet 2017. AHMAD AL-RUBAYE / AFP
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Avec notre correspondante à Erbil Oriane Verdier

Cette offensive a été longue et lourde en pertes civiles et militaires. Même s’il est encore trop tôt pour établir un bilan précis, les combats ont fait plusieurs milliers de victimes. Ils ne sont, d'ailleurs, toujours pas terminés dans la Vieille ville de Mossoul alors que le Premier ministre irakien est venu hier féliciter ses troupes pour leur victoire face à l’organisation de l’Etat islamique.

Ces presque neuf mois d’offensive ont fini de détruire la deuxième ville d’Irak, qui est aujourd’hui à l’image de sa célèbre mosquée al-Nouri au minaret penché : Mossoul est en ruine et sa population torturée par trois années de domination de l'EI, suivies de longs mois coincée au milieu des combats entre le groupe terroriste et les forces irakiennes.

Près d'un million de civils ont fui la ville depuis le début de l'offensive et 700 000 d'entre eux sont toujours déplacés, selon l'ONU. Ceux qui sont restés piégés longtemps dans la ville ont vécu dans des conditions « terribles », subissant pénuries, bombardements et intenses combats, et servant de « boucliers humains » à l'EI, d'après l'ONU. En outre, plus un toit ne semble tenir en place. Nombre de bâtiments sont complètement aplatis et des coupoles sont percées de trous d'obus, laissant présager que la reconstruction prendra du temps.

« Des leçons pour tenter de libérer Raqqa »

Malgré cela, la reprise de Mossoul est une bonne nouvelle. « La chute de Mossoul, c'est d'abord le retour de la crédibilité du gouvernement irakien qui va utiliser cette victoire pour asseoir sa légitimité interne et aussi internationale », estime Hosni Abidi, directeur du Cernam, le Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, basé à Genève. « C'est la fin de l'idée d'un Etat islamique. Cela montre également qu'il est difficile de se défaire de cette organisation. Et cela va donner des leçons pour la tentative de reconquête de la ville de Raqqa [en Syrie] », ajoute-t-il.

Mais il reste encore beaucoup à faire. « Le gouvernement irakien a besoin de la coalition pour consolider le contrôle sur la ville de Mossoul et ses environs. On sait que la stratégie de l'Etat islamique, une fois chassée de la ville, est de narguer encore les forces irakiennes et d'organiser des attentats-suicides qui vont compliquer la tâche du gouvernement irakien et des organisations internationales », conclut le chercheur.

C’est donc une victoire amère et incomplète qu’a célébrée le Premier ministre irakien, ce dimanche 9 juillet. La menace d’attaque-suicide est très présente, aussi bien dans les quartiers du cœur de la ville, que dans les zones libérées depuis plus longtemps. Les forces irakiennes le savent : leur lutte n’est pas terminée. De nombreux territoires irakiens sont toujours sous la domination de l’organisation Etat islamique.

 → A (RE)VOIR : [En images] La libération de Mossoul


 ■ Qui va gérer la deuxième ville d'Irak ?

La victoire, obtenue au prix de milliers de morts et blessés, d'un immense exode de la population et d'énormes destructions ne marque pas pour autant la fin des problèmes de la deuxième ville d'Irak. Sa reprise est certes un triomphe symbolique et territorial de l'armée irakienne sur les partisans de l'Etat islamique, mais les difficultés se poursuivent, avec cette simple question : qui désormais va gérer la ville ?

Mossoul est une ville à majorité sunnite. Or les sunnites s'estiment lésés par les chiites au pouvoir en Irak depuis la chute de Saddam Hussein. L'armée irakienne qui est entrée à Mossoul est à majorité chiite. Elle est épaulée par des milices chiites iraniennes. Et ces derniers estiment que la population sunnite a été complaisante avec les jihadistes, ou du moins qu'ils n'ont pas pris les armes contre eux. Autant dire que les ressentiments entre les communautés sont toujours vifs.

Auparavant, c'est un gouverneur désigné par le pouvoir central qui gérait la ville. Qui le fera désormais ? Un autre gouverneur ou au contraire un conseil municipal, multi-politique et multiconfessionnel ? La question n'est pas tranchée. Sans oublier les Kurdes qui ont contribué à battre les jihadistes. Ces derniers n'ont jamais fait mystère de leur désir de gouverner la cité, qu'ils considèrent comme faisant partie du Kurdistan irakien.

Des membres des services anti-terroristes irakiens parcourent un bâtiment en ruine dans Mossoul, le 9 juillet 2017.
Des membres des services anti-terroristes irakiens parcourent un bâtiment en ruine dans Mossoul, le 9 juillet 2017. REUTERS/Alaa Al-Marjani

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