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Moyen-Orient

Poussée de fièvre dans le Golfe après l'isolement du Qatar

La crise régionale se poursuit autour du Qatar, isolé par certains de ses voisins. Vendredi 23 juin 2017, l’Arabie saoudite et d’autres pays de la région ont formulé leurs exigences pour rétablir le dialogue avec l’émirat. C’est dans ce contexte de tension que Riyad a connu cette semaine un spectaculaire changement dans l’ordre de succession, consacrant la montée en puissance du prince Mohammed ben Salmane, adepte de la méthode forte.

Le roi Salmane d'Arabie saoudite en compagnie de son fils et nouveau dauphin, Mohammed ben Salmane.
Le roi Salmane d'Arabie saoudite en compagnie de son fils et nouveau dauphin, Mohammed ben Salmane. BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
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Le trentenaire Mohammed ben Salmane est désormais le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef ayant été brusquement écarté de la succession. « MBS » - qui est aussi ministre de la Défense, est décrit comme très proche de son père, le roi Salmane, âgé de plus de 80 ans et arrivé au pouvoir en janvier 2015.

Cette révolution de palais intervient en pleine crise régionale : l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar au début du mois. L’émirat qatarien est isolé et soumis à une forte pression politique et économique. Cette brusque montée de tension semble correspondre aux méthodes de Mohammed ben Salmane.

« Il est l’initiateur et le stratège d’une guerre particulièrement désastreuse au Yémen », rappelle Claire Beaugrand, chercheuse à l’Institut français du Proche-Orient. Selon cette spécialiste du Golfe, il cherche à « reprendre la main face à l’enlisement » au Yémen. Claire Beaugrand estime que « l’interventionnisme et l’agressivité saoudienne contre le Qatar portent tout à fait sa marque ».

Pressions amicales

Vendredi, la crise semblait entrer dans un nouveau chapitre, avec un ultimatum adressé au Qatar. Riyad, Abou Dabi, Manama et Le Caire donnent dix jours à Doha pour répondre à une série de demandes : le Qatar doit fermer la base militaire turque sur son territoire, réduire ses relations avec l’Iran ou encore fermer la chaîne de télévision al-Jazeera.

En attendant, la pression continue de s’exercer. Les liaisons aériennes restent coupées et les frontières fermées entre le Qatar et les pays qui ont entamé le bras de fer avec l’émirat gazier. Des Qatariens - et même leurs chameaux - ont reçu l’ordre de quitter l’Arabie saoudite. Dans l’autre sens, des ressortissants saoudiens travaillant au Qatar ont dû faire leur valise.

« D’après nos chiffres, 8 200 Saoudiens qui travaillaient au Qatar ont dû quitter leur emploi là-bas », explique le Saoudien Yahya Assiri, qui dirige une organisation de défense des droits de l’homme basée à Londres. « Il y a du chômage en Arabie saoudite », rappelle-t-il. Aussi, en revenant dans leur pays, ils sont confrontés à d’importants problèmes, doivent retrouver un travail.

Tensions régionales

C’est la politique régionale du Qatar qui irrite l’Arabie saoudite et les autres pays qui ont choisi d’isoler l’émirat. Il est plus ou moins explicitement reproché à Doha de soutenir les Frères musulmans dans la région, et de ne pas voir l’Iran comme un ennemi alors qu’une « guerre froide » oppose le royaume saoudien et la République islamique dans la région.

« On peut voir les contradictions de cette politique saoudienne », explique la chercheuse Claire Beaugrand, qui rappelle que Riyad a récemment organisé un sommet censé afficher l’unité des pays musulmans au côté des Etats-Unis : « Depuis plusieurs années, l’Arabie saoudite essaie de présenter une sorte de front unifié, sous-entendu sunnite, notamment pour lutter contre le terrorisme. »

Pour la chercheuse à l’Institut français du Proche-Orient, l’Arabie saoudite « mène aujourd’hui une attaque en règle contre l’un de ces pays sunnites ». Et ce faisant, « le royaume est aujourd’hui en train de fissurer ce front entre des Etats qui s’appellent entre eux des pays frères ».

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