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Irak / EI

Irak: les combats font rage à Mossoul

En Irak, alors que les forces gouvernementales mènent un combat acharné contre les jihadistes de l’organisation Etat islamique pour tenter de reprendre la ville, un lieu historique et symbolique a été détruit mercredi 21 juin. Il s’agit de la mosquée al-Nouri. Les jihadistes et la coalition internationale se renvoient la responsabilité de cette destruction.

Le minaret du XIIe siècle de la mosquée al-Nouri qui surplombait Mossoul n'était, ce jeudi 22 juin, plus qu'un amoncellement de ruines au lendemain de sa démolition.
Le minaret du XIIe siècle de la mosquée al-Nouri qui surplombait Mossoul n'était, ce jeudi 22 juin, plus qu'un amoncellement de ruines au lendemain de sa démolition. Iraqi alsumaria tv channel/Handout via REUTERS
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Les forces irakiennes étaient en train de progresser dans la vieille ville mercredi soir. Lorsqu'elles sont arrivées à cinquante mètres de la mosquée al-Nouri, celle-ci a explosé, selon le commandant en charge de l'offensive sur Mossoul, le général Abdulamir Yarallah. La coalition internationale menée par les Etats-Unis assure dans un communiqué n’avoir mené « aucune frappe dans la zone à ce moment-là ».

Les autorités irakiennes accusent en fait l’organisation Etat islamique d’avoir fait exploser l’édifice, ce que semblent confirmer des vidéos circulant sur internet. En détruisant des monuments emblématiques, les jihadistes « reconnaissent leur défaite », a dit le Premier ministre irakien Haider al-Abadi.

La mosquée al-Nouri et son minaret incliné sont effectivement emblématiques. Ce monument datant du XIIe siècle tient son nom de Noureddine al-Zenki qui a combattu à l’époque les croisades.

C'est surtout de là que le leader de l'organisation Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi a proclamé le califat en Irak et en Syrie, en 2014.

Incertitude sur le sort d’al-Baghdadi

Pour Myriam Benraad, maître de conférences en sciences politiques à l'Université de Limerick (Irlande), les combattants de l’Etat islamique ont fait exploser cette mosquée « pour ne pas laisser les forces irakiennes s’emparer du lieu où leur leader a fait son célèbre sermon ».

Abou Bakr al-Baghdadi, dont l’apparition publique dans la mosquée al-Nouri est la seule connue à ce jour, n’a pas donné signe de vie depuis. On l’a donné pour mort plusieurs fois. Ce jeudi, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé son décès, avec un « haut degré de certitude », selon l’agence Reuters ; mais cela contredit les déclarations du ministère russe de la Défense il y a quelques jours. Il disait ne pas être en mesure de confirmer l’information. Les Russes ont frappé, fin mai, des jihadistes dans la région de Raqqa en Syrie ; Raqqa, la capitale autoproclamée du califat où les jihadistes résistent également. Il est donc difficile de dire si Abou Bakr al-Baghdadi est toujours vivant et si oui, où il se trouve aujourd’hui.

La bataille de Mossoul en Irak a démarré il y a 8 mois. Le 17 octobre 2016, les forces irakiennes, aidées par la coalition internationale, lancent l’assaut pour reprendre la deuxième ville du pays, tombée aux mains de l’organisation Etat islamique en 2014. L’armée irakienne arrive à reconquérir la partie est de la cité en février dernier puis se jette dans la bataille pour reprendre l’ouest de Mossoul, dont 90% seraient sous son contrôle aujourd’hui. Mais pour les 10% restant, les combats sont acharnés.

« Une phase sanglante » dans la vieille ville

Dans la vieille ville, où les forces gouvernementalessont entrées dimanche dernier, les ruelles sont étroites, aucun véhicule blindé ne peut y pénétrer, tout est miné. Les combats se déroulent maison par maison, sans visibilité. Les jihadistes, qui seraient plusieurs centaines à résister, n’ont rien à perdre. C’est leur dernier fief en Irak et ils comptent aller jusqu’au bout, en provoquant le plus de dégâts possible.

La présence de nombreux civils dans la vieille ville de Mossoul complique la situation et freine la progression des forces irakiennes comme la coalition. Ils seraient 100 000, selon l’ONU, pris au piège dans leurs maisons et seraient utilisés comme boucliers humains par l’organisation Etat islamique. « C’est une phase sanglante » qui s’annonce, prédit la chercheuse Myriam Benraad.

Quelques centaines de civils ont réussi à s’enfuir ses derniers jours, malgré les combats. La Croix-Rouge internationale déplore la mort de nombreux d’entre eux, à leur arrivée dans les camps de déplacés. Blessés, ils sont aussi exsangues, car ils ont manqué de nourriture et de soins pendant des mois.

Depuis le début de la bataille de Mossoul, il y a 8 mois, plus de 860 000 personnes ont été déplacées. Près de 200 000 sont revenues chez elles, principalement dans l'est de la ville. « Le retour dans l’ouest de la ville sera beaucoup plus difficile », selon Myriam Benraad, à cause des mines.

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