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Israël/Allemagne

Israël: couac diplomatique entre l'Allemagne et l'Etat hébreu

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a annulé une rencontre prévue hier avec le ministre des Affaires étrangères allemand, Sigmar Gabriel. Benyamin Netanyahu lui reproche de rencontrer les représentants de deux ONG très critiques envers son gouvernement, notamment sur la question de la colonisation.

Benyamin Netanyahu a refusé de rencontre le ministre des affaires étrangères allemand, Sigmar Gabirel, le 24 avril 2017.
Benyamin Netanyahu a refusé de rencontre le ministre des affaires étrangères allemand, Sigmar Gabirel, le 24 avril 2017. REUTERS/Abir Sultan
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Avec nos correspondants à Jérusalem et Berlin, Guilhem Delteil et Pascal Thibault

C’est là une nouvelle politique que définit Benyamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien refuse désormais de rencontrer des diplomates en visite s’ils ont des entretiens avec des organisations qui « calomnient nos soldats et cherchent à les faire poursuivre comme criminels de guerre. Nos soldats sont les fondements de notre existence. Ils nous gardent et nous devons les protéger », a-t-il encore justifié.

Le chef du gouvernement se pose donc en protecteur de l’armée, lui qui la semaine dernière a été pris à partie par des parents en larmes de soldats tombés au front. Benyamin Netanyahu était interpellé lors d’une audition au Parlement sur sa gestion très critiquée de la dernière guerre à Gaza. Le chef du gouvernement a été accusé également il y a quelques mois de ne pas avoir soutenu Elor Azaria lorsque ce soldat avait été arrêté après avoir tué un Palestinien dans la ville d’Hébron.

En annulant cette rencontre avec Sigmar Gabriel, Benyamin Netanyahu veut donc faire oublier cette image écornée au risque d’abîmer quelque peu celle du pays. « Israël ne répond pas aux critères minimums d’une démocratie », a réagi B’Tselem, l’un des deux organisations concernées, justifiant le besoin d’une intervention internationale pour un mettre un terme à l’occupation des territoires palestiniens.

Netanyahu n'en serait pas à sa première fois

Selon Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France et universitaire, Benyamin Netanyahu n’en est pas à sa première fois. Il a à plusieurs reprises refusé de rencontrer des responsables européens pour les mêmes motifs. Tout ce qui lui importe, c’est de donner des gages à l’extrême droite israélienne, quitte à créer des tensions dans les relations avec des pays amis comme l’Allemagne.

« Il est le Premier ministre. Il a une majorité et il est à la gauche de ce gouvernement. C’est pour vous dire un peu la composition de cette équipe. L’une des explications de son comportement, c’est qu’il est sur la pression constante de l’aile extrême-droite de sa coalition, notamment le parti le Foyer juif, qui est lui vraiment l’extrême droite sioniste, c’est le parti des colons dans la coalition, explique le diplomate. Il ne cesse de donner des gages à cette extrême droite parce que c’est le prix qu’il paye pour maintenir sa coalition vaille que vaille. Donc la pression de l’extrême droite, comme il n’y a pas de véritable danger du côté de Washington et du côté de l’Europe qui est occupée ailleurs, il croit pouvoir se permettre ce genre de choses. Cela aura un temps évidemment. C’est une marche sur la corde raide qui finira quand même par produire quelques résultats désagréables ».

En Allemagne, la presse est divisée ce matin au sujet de ce couac diplomatique. Pour certains journaux, Sigmar Gabriel a joué les éléphants dans le très délicat magasin de porcelaine que constitue la relation spéciale entre Israël et l’Allemagne. « Une raison d’Etat », comme l’avait dit la chancelière Angela Merkel il y a quelques années, une prise de position qui s’explique bien sûr par le lourd poids de la Shoah.

La presse allemande partagée

Le journal le plus lu d’Allemagne, le quotidien Bild Zeitung dont la charte rédactionnelle évoque une solidarité indéfectible à Israël parle de « mauvaise diplomatie » et d’« un acte inamical ». Le quotidien Berliner Morgenpost parle même de « catastrophe » et le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine estime que « s’il est normal de rencontrer des ONG dans des dictatures, cela n’a pas lieu d’être dans une démocratie comme Israël ».

A l’inverse, le quotidien Berliner Zeitung rend hommage à Sigmar Gabriel en affirmant qu’ « être solidaire d’Israël ne signifie pas se soumettre à Netanyahu ». Pour la première chaîne de télé allemande ARD, « Gabriel a surmonté cet affront avec maestria ».

Le journal de centre-gauche Süddeutsche Zeitung évoque « Vladimir-Tayyip-Netanyahu », jugeant que le gouvernement allemand est trop longtemps resté muet face à ce que le journal qualifie de « dérive intolérante et autoritaire » du Premier ministre israélien.

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