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Turquie

Turquie-UE: une relation dégradée mais une relation tout de même

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvert jeudi 16 mars un nouveau front dans la crise diplomatique avec l'Union européenne, accusant la justice européenne de lancer «une croisade» contre l'islam après un arrêt autorisant une entreprise à interdire le port du voile au travail. Dans un arrêt rendu mardi 14 mars, la Cour de justice de l'Union européenne a estimé qu'une entreprise pouvait interdire le port visible de signes religieux comme le foulard islamique. S'exprimant sur le même sujet, le chef de la diplomatie turque parle d'une guerre de religion, à quelques semaines du référendum sur le renforcement des pouvoirs du président turc.

Recep Tayyip Erdoğan à Sakarya, le 16 mars 2017.
Recep Tayyip Erdoğan à Sakarya, le 16 mars 2017. Cetinmuhurdar/Presidential Palace/
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Les autorités d'Ankara durcissent le ton à l'égard de l'Europe sans pourtant mettre en cause les relations, estime Jean Marcou, professeur à l'Institut politique de Grenoble. « Ce qui est étonnant, malgré tout, c’est que la Turquie reste dans des accords occidentaux. Elle reste finalement dans l’OTAN, elle reste malgré tout – formellement au moins – candidate à l’Union européenne, et des deux côtés on a l’impression que finalement on ne remet pas en cause le processus d’adhésion de la Turquie complètement gelé, mais qui n’est pas formellement abandonné ».

Selon ce spécialiste de la Turquie, si le pays a pris un ensemble de décisions assez spectaculaires qui vont du blocage de l’importation de vaches hollandaises jusqu’à l’annulation du jumelage entre Istanbul et Rotterdam, en même temps, le régime turc a expliqué aux investisseurs et aux touristes néerlandais qu’ils n’étaient pas concernés véritablement par ce conflit diplomatique : «Donc on a l’impression malgré tout que même si elle est dégradée, la relation – au moins formellement – va se maintenir ».

Une « guerre de civilisation » ?

Recep Tayyip Erdogan essaie de développer une sorte de concept d’affrontement, de « guerre de civilisation » puisqu’il a expliqué qu’il allait prendre le monde musulman à témoin pour faire reculer l’Europe, estime Jean Marcou. « Et là, on est plutôt dans de la politique internationale. Parce que ces dernières années, finalement, la Turquie qui avait eu beaucoup de succès jusqu’aux Printemps arabes. On avait parlé notamment du modèle turc, et la politique zéro problème avec nos voisins était apparue comme une politique novatrice qui avait amélioré considérablement l’image de la Turquie. Ces dernières années, cette politique s’est un peu effondrée ».

La Turquie apparaît désormais au Moyen-Orient comme particulièrement isolée à nouveau. « Cette bonne relation avec le monde arabe qui s’était développée il y a une dizaine d’années et jusqu’aux Printemps arabes a disparu. C’est aussi un moyen, peut-être, d’essayer de renouer, de repositionner la Turquie comme une puissance véritablement du monde musulman », conclut Jean Marcou.

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