Loi sur la colonisation en Cisjordanie: l'UE annule une réunion avec Israël
La Knesset a voté lundi 6 février une loi controversée qui permettrait à l'Etat Hébreu de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. Première conséquence de ce vote : la Suède, l’Irlande et la France ont demandé et obtenu le report d’une réunion qui était prévue entre l’Union européenne et Israël. Mais sur place aussi, le vote de cette loi est critiqué. La grande majorité des commentateurs dénoncent son adoption.
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Côté européen, les travaux préparatoires de la réunion du Conseil d’association UE-Israël avaient été lancés il y a quelques jours par Federica Mogherini, chef de la diplomatie commune européenne, rappelle notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson.
Les ministres des Affaires étrangères impliqués devaient se retrouver à Bruxelles le 28 février prochain, mais la confirmation par la Knesset de l’autorisation rétroactive de l’implantation de colonies israéliennes en territoire palestinien de Cisjordanie, est venue bouleverser l’intention des Européens.
Ce sont en réalité bien davantage que ces trois Etats-membres de l’UE qui jugent que celle-ci ne peut pas donner l’impression d’avaliser cette annexion de fait, en maintenant le Conseil d’association comme si de rien n’était.
Ce faisant, fait-on observer à Bruxelles, l’UE ne serait d’ailleurs pas en conformité avec sa position constante, à la fois sur les colonies parfaitement illégales en droit international sur le statut de Jérusalem, ni sur l’objectif de la solution à deux Etats, dont madame Mogherini elle-même soutenait il y a peu qu’elle ne pouvait qu’être mise en péril par la poursuite de l’expansion territoriale d’Israël.
Les médias israéliens dénoncent le texte
Mais il n’y a pas qu’à Bruxelles que l’adoption de cette loi est critiquée. Sur place, quelle que soit leur tendance, les médias estiment que Benyamin Netanyahu a cédé au lobby des colons et de la faction la plus dure de sa majorité de droite, constate notre correspondant à Jérusalem, Christian Brunel.
Selon le quotidien Haaretz, le Premier ministre a ainsi montré, « des faiblesses en ne résistant pas aux pressions et aux menaces ». Il a finalement approuvé ce texte auquel il était en fait opposé, en sachant parfaitement que la Cour suprême annulera la loi pour « éviter qu’Israël apparaisse comme un Etat criminel aux yeux du droit international ».
Un commentateur de la radio militaire a lui aussi constaté que « plus que jamais, c’est Naftali Bennett, le ministre de l’Education et chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux servant partisan d’une annexion de la Cisjordanie, qui donne le la au gouvernement. »
Mais le quotidien Maariv va encore plus loin. Le journal soupçonne Benyamin Netanyahu d’avoir délibérément provoqué une escalade militaire dans la bande de Gaza avec les islamistes palestiniens du Hamas, en durcissant les représailles israéliennes aux tirs de roquette pour détourner l’attention de Donald Trump de l’adoption de la loi, avant la rencontre du Premier ministre avec le président américain mercredi prochain à Washington.
A (re)lire → Le Parlement israélien vote une loi controversée sur les colonies
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