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Syrie

Syrie: quel premier bilan, au lendemain de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu?

Le cessez-le-feu garanti par la Russie et la Turquie est entré en vigueur dans la nuit de jeudi à vendredi 30 décembre 2016 à minuit sur l’ensemble du territoire syrien. Le régime de Damas et l’opposition basée en Turquie ont signé l’accord, qui ne concerne pas le groupe EI et l’ancien Front al-Nosra, rebaptisé Fateh al-Cham. Mais le puissant groupe rebelle Ahrar al-Cham n'a pas accepté le cessez-le feu, contrairement à ce qu’a annoncé Moscou. Qu'à cela ne tienne, avec ses alliés iraniens et turcs, M. Poutine se présente désormais comme le parrain des futures négociations en vue.

Des évacués d'une zone sous contrôle rebelle d'Alep dans le camp d'al-Kamouneh, dans la province d'Idleb, le 29 décembre 2016.
Des évacués d'une zone sous contrôle rebelle d'Alep dans le camp d'al-Kamouneh, dans la province d'Idleb, le 29 décembre 2016. REUTERS/Ammar Abdullah
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Avec notre correspondant à Beyrouth,  Paul Khalifeh

Selon la Russie, 50 000 insurgés soutiennent l’arrêt des hostilités. Les combats ont cessé sur presque tous les fronts encore actifs quelques heures plus tôt. Les canons se sont tus à l’ouest d’Alep, où de violents duels d’artillerie avaient eu lieu jeudi entre l’armée syrienne et les rebelles, dans les régions de Rachidine et de Halab al-Jadidé.

Un calme précaire règne dans la région de Barada, à 18 kilomètres au nord-ouest de Damas. L’armée syrienne était à l’offensive dans cette région montagneuse, où se trouve la principale source d’eau qui alimente la capitale.

Des affrontements entre les forces de Damas et des groupes rebelles ont en revanche éclaté ce vendredi près de Damas, dans la région de Wadi Barada située au nord-ouest de la capitale, a indiqué l'ONG Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les deux parties se sont accusées mutuellement d'en être responsable, selon l'OSDH.

Mais globalement, autour de Damas, les combats ont cessé, quelques heures après la chute de plusieurs obus, qui ont visé, entre autres, l’ambassade de Russie. Une violation de la trêve a cependant été enregistrée dans la province centrale de Hama, où des rebelles ont attaqué la ville chrétienne de Mahrada, toujours selon l’OSDH.

En revanche, de violents combats ont opposé les troupes gouvernementales aux jihadistes dans la province de Homs, dans le centre de la Syrie. L’armée syrienne a lancé une offensive contre les combattants du groupe Etat islamique, qui tentent d’encercler une base aérienne appelée T4, située à mi-chemin entre Palmyre et Homs.

La particularité de cet accord, c’est qu’il a été conclu par les puissances régionales et la Russie, sans la participation des Etats-Unis. Il consacre le rôle de la Turquie et de l’Iran en tant qu’acteurs majeurs de la crise syrienne, aux côtés de la Russie. Les pays arabes, notamment les pétromonarchies du Golfe, qui ont activement soutenu la rébellion, brillent par leur absence.

Les pays du Golfe, Arabie saoudite et Qatar en tête, ont clairement perdu leur pari. Et contrairement à la Turquie, ils sont désormais exclus du processus qui se met en place en Syrie. Absents également, outre les Américains : les Européens, même si la coalition dirigée par les Etats-Unis reste l'acteur numéro un de la lutte contre le groupe Etat islamique.

Le clou, c'est que Moscou et Ankara annoncent maintenant des négociations de paix sur la Syrie dans les prochaines semaines. Et l'Iran participe aux préparatifs de ces discussions. Tout cela contribue aussi à dessiner les nouveaux rapports de force au niveau international, avec une fois de plus la Russie comme élément-clé en Syrie.

L'intervention militaire de Moscou dans la guerre syrienne, en septembre 2015, a constitué le grand tournant du conflit, sauvant littéralement le régime Assad, qui était alors au plus mal. Et après avoir fait la guerre, Moscou veut désormais faire la paix, mais à ses propres conditions.

Pour y parvenir, la Russie peut donc compter sur l'Iran, un soutien militaire et politique du régime de Damas depuis le début, et désormais sur la Turquie qui, depuis quelques mois, a changé de priorité dans cette affaire. Pendant des années, Ankara a tout fait pour obtenir la chute de Bachar el-Assad, mais c'est de l'histoire ancienne.

Aujourd'hui, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan veut surtout lutter contre les Kurdes, à la fois chez elle, et en Syrie, mais aussi contre le groupe Etat islamique, devenu à son tour une menace aux yeux des Turcs. Ouvrant ainsi la voie à une grande coalition d'intérêts, qui replace le régime de Bachar el-Assad azu centre du jeu après sa victoire à Alep.

→ À relire : Cessez-le-feu en Syrie, un accord et beaucoup de questions

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