Accéder au contenu principal
Syrie / ONU

Alep, une trêve fragile après deux semaines de combats

Un calme relatif régnait ce jeudi dans la grande ville du nord de la Syrie, au lendemain de l’accord de cessation des hostilités conclu entre les Etats-Unis et la Russie. Les habitants d’Alep peuvent souffler, mais ils craignent de voir à tout instant les hostilités reprendre entre forces du régime et groupes rebelles.

Un vendeur de fruits sur un marché d'Alep, dans le quartier d'al-Maadi contrôlé par les rebelles, le 5 mai 2016.
Un vendeur de fruits sur un marché d'Alep, dans le quartier d'al-Maadi contrôlé par les rebelles, le 5 mai 2016. REUTERS/Abdalrhman Ismail
Publicité

Ils reprennent un semblant de vie après deux semaines de combats et de bombardements. A l’est de la ville, du côté rebelle, comme à l’ouest, les habitants d’Alep ont pu sortir de chez eux et se ravitailler sans craindre les avions du régime ou les tirs de roquettes de la rébellion. Selon l’Agence France-Presse, les commerçants ont pu rouvrir leurs magasins après avoir été contraints de les fermer pendant plusieurs jours.

La situation reste calme dans la ville, en revanche des combats violents ont éclaté aux alentours, notamment près de la localité de Khan Touman, au sud d’Alep. En outre, les habitants sont très pessimistes : « la peur est toujours là », raconte un résident d’Alep cité par l’AFP, « nous craignons la reprise des bombardements, des massacres ».

Le rôle du Front al-Nosra

De fait, la trêve négociée par Moscou et Washington semble ne tenir qu’à un fil. Les contours exacts de l’accord n’ont d’ailleurs pas été rendus publics – le Département d’Etat américain s’est contenté d’expliquer que la Russie se porterait garante du respect de la trêve par le régime syrien, les Etats-Unis se chargeant de la faire respecter du côté de l'opposition. Et c’est sur le rôle joué par le Front al-Nosra au sein de la rébellion syrienne que pourrait achopper l’accord conclu par Moscou et Washington.

En effet, le groupe n’est pas concerné par la trêve, car il est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis comme par la Russie. Mais les avis divergent sur l’importance du Front al-Nosra, qui a prêté allégeance à al-Qaïda, au sein des groupes rebelles qui contrôlent la partie Est d’Alep.

Pour Damas comme pour Moscou, cette présence est massive, et l’imbrication du Front al-Nosra et des autres groupes rebelles est telle qu’elle pourrait justifier une reprise des bombardements sur leurs positions. En face, l’opposition et les Etats-Unis reconnaissent que le Front est présent dans la partie orientale d’Alep, mais de façon marginale.

Désastre humanitaire et diplomatique

Pour les civils restés à Alep, de part et d’autre de la ligne de front, les conséquences d’une reprise des violences seraient de toute façon incalculables. Outre les victimes directes (284 morts depuis le 22 avril, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG basée à Londres proche de l’opposition), la population restée dans les quartiers rebelles est privée d’aide et l’ONU accuse le régime syrien de ne pas laisser passer les convois humanitaires. « Nous avons besoin de la fin des bombardements et des combats », déclarait récemment le président du groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire, Jan Egeland.

« C'est une catastrophe. Les médecins et infirmières se font tuer pendant que la population saigne. » Selon Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, 400 000 personnes pourraient fuir la région d’Alep vers la Turquie, en cas de reprise des combats.

Enfin, les conséquences diplomatiques seraient également très graves. Du fait de la position stratégique et symbolique d’Alep, une reprise des hostilités dans cette ville ruinerait tout espoir de reprise des négociations intersyriennes à Genève.

Ces négociations doivent reprendre théoriquement le 10 mai prochain : si les combats reprennent à Alep, il est certain que l'opposition syrienne refusera de revenir sur les rives du lac Léman.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.