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Liban

Liban: des tensions croissantes dans le camp d'Aïn el-Héloué

Assassinats et règlements de compte se multiplient dans le camp palestinien d'Aïn el-Héloué, au Liban. Des combats éclatent sporadiquement et des familles ont commencé à fuir.

Une affiche de Yasser Arafat de le camp de Aïn el-Héloué, le 16 mars 2015.
Une affiche de Yasser Arafat de le camp de Aïn el-Héloué, le 16 mars 2015. AFP PHOTO / JOSEPH EID
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Le camp palestinien d'Aïn el-Héloué est particulièrement convoité par les différentes factions. Pour une raison démographique d'abord. Il s'agit du plus grand camp palestinien du Liban, situé à l'est de la ville de Saïda, à 40 kilomètres au sud de Beyrouth. Celui qui en prend le contrôle exercera une influence sur 80 000 personnes : les 70 000 habitants habituels et les quelque 10 000 réfugiés qui ont fui le camp palestinien de Yarmouk, au sud de Damas.

L'autre raison est d'ordre géographique. Celui qui contrôle Aïn el-Héloué tient les clés du sud du Liban, le fief du Hezbollah. Il pourra alors couper la route qui mène vers cette région, et qui passe par la ville de Saïda. Les voies de ravitaillement du Hezbollah, mais aussi des 12 000 Casques bleus déployés au sud du fleuve Litani, conformément à la résolution 1701 des Nations unies, seront alors menacées. C'est un enjeu stratégique d'une importance cruciale.

Aïn el-Héloué abrite quelque 17 factions palestiniennes, mais le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas est, historiquement, le mouvement le plus puissant. Depuis le début de la crise syrienne, en 2011, des groupes extrémistes ont fait leur apparition. Les deux plus importants sont Jund al-Cham, ou « les soldats du Levant », et Al-Chabab al-Muslim, « les jeunes musulmans ». Ce dernier groupe est dirigé par Bilal Badr, qui a des liens très forts avec le Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda. Il a organisé des filières pour faire passer des jihadistes des camps palestiniens vers la Syrie, et vice-versa. Plusieurs Palestiniens originaires d'Aïn el-Héloué sont d'ailleurs morts en Syrie en combattant dans les rangs de groupes jihadistes. C'est aussi auprès de cette mouvance que le cheikh libanais Ahmad al-Assir, recherché par les autorités libanaises, a trouvé refuge.

Un Fatah divisé

Bilal Badr est visiblement engagé dans une stratégie de grignotage du camp, rue après rue. Il ne recule devant rien pour atteindre son but. Le 25 juillet dernier, il aurait commandité et peut-être personnellement participé à l'assassinat d'un colonel du Fatah, Talal al-Ordoni, dans une ruelle du camp. Une expansion que le Fatah a du mal à canaliser. Bilal Badr joue sur les divisions au sein de Fatah. Le mouvement fondé par Yasser Arafat est divisé entre deux ailes : l'une est fidèle au président Mahmoud Abbas, l'autre à son pire ennemi, le général Mohammad Dahlan, qui vit en exil entre l'Egypte et les Emirats Arabes Unis. La rivalité entre ces deux ailes a considérablement affaibli le Fatah, qui assiste, impuissant, à la montée en puissance des groupes extrémistes.

Les autorités libanaises sont très inquiètes et craignent une prise de contrôle du camp par les extrémistes, comme cela s'est produit en 2007 dans le camp de Nahr al-Bared, au Liban-Nord. Il a fallu trois mois de combats, qui ont fait 170 morts dans les rangs de l'armée, pour le reprendre. D'ailleurs, les rescapés du groupe Fatah al-Islam de Nahr al-Bared constituent le noyau dur du mouvement de Bilal Badr. Mais l'armée libanaise, en vertu d'un accord tacite après la guerre civile, n'entre pas dans les camps palestiniens, dont la sécurité relève des factions palestiniennes. Elle se contente d'en surveiller les accès. Toutefois, cela ne semble plus suffisant pour enrayer la progression des islamistes radicaux.

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