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Egypte

Egypte: deux ans de répression

En Egypte, ce 3 juillet marque les deux ans de la destitution Mohamed Morsi, le premier président démocratiquement élu de l'ère post-Moubarak, et de l'arrivée au pouvoir de celui qui était alors le chef des armées égyptiennes : Abdel Fatah al-Sissi. Deux ans marqués par la lutte contre les combattants jihadistes dans le Sinaï, mais aussi par une répression féroce à l'égard des Frères musulmans et de toute forme d'opposition.

Abdel Fattah Al-Sissi anatazamiwa kukutana Novemba 26 na rais wa Ufaransa, François Hollande na maofisa wa serikali ya Ufaransa.
Abdel Fattah Al-Sissi anatazamiwa kukutana Novemba 26 na rais wa Ufaransa, François Hollande na maofisa wa serikali ya Ufaransa. REUTERS/The Egyptian Presidency/Handout
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Ce sont des chiffres qui en disent long sur la répression qui s'est abattue sur les adversaires du nouveau régime. Plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont été tués à l'été 2013 et plus de 15 000 autres emprisonnés. Des centaines d'entre eux ont été condamnés à mort dans des procès de masse, des procès expéditifs dénoncés comme des parodies de justice par la plupart des organisations de défense des droits de l'homme.

Deux ans après son arrivée au pouvoir, Abdel Fatah al-Sissi ne s'est pas contenté d'éradiquer les Frères musulmans, il s'en est pris également aux figures du printemps arabe, à la jeunesse militante qui s'était soulevée en janvier 2011 contre Hosni Moubarak.

Pourtant, malgré ce bilan très critiqué en matière de respect des droits de l'homme, le président égyptien a su s'imposer comme un interlocuteur respecté et même courtisé par certains pays occidentaux. Ceux-ci estiment en effet que le nouveau régime égyptien est un gage de stabilité. « Que ce soit l'Europe ou les Etats-Unis, personne ne veut voir une nation de 90 millions d'habitants devenir un Etat chaotique et instable, concède Michelle Dunne, ancienne diplomate américaine spécialiste du Moyen-Orient auprès de la fondation Carnegie pour la paix internationale. Le problème, c'est que l'actuel gouvernement égyptien ne conduit pas le pays vers la stabilité, mais au contraire vers une instabilité permanente et qu'aujourd'hui nous avons à la fois des violations massives des droits de l'homme et de l'instabilité. »

« Le régime a créé lui-même la menace qu'il affronte aujourd'hui »

L'opinion égyptienne reste elle aussi massivement favorable au président Sissi. Malgré l'intensification des combats dans le Sinaï et la montée en puissance des groupes jihadistes, une majorité d'Egyptiens, traumatisés par le passage éclair des Frères musulmans au pouvoir, continuent de le considérer également comme le meilleur garant de la stabilité et de la sécurité pour leur pays.

Mais pour Michelle Dunne, c’est précisément la politique ultra répressive menée par le président Sissi qui explique aujourd'hui en grande partie la montée en puissance des groupes jihadistes, notamment dans la région du Sinaï :

« Le régime a créé lui-même la menace qu'il affronte aujourd'hui. En raison du coup d'Etat contre Mohamed Morsi, le pouvoir égyptien s'est aliéné l'ensemble des Frères musulmans. Or la confrérie est probablement le plus grand mouvement d'opposition en Egypte.

Le président Sissi a choisi en outre de traiter tous ses opposants de la même façon. Qu'il s'agisse de jihadistes, des Frères musulmans ou d'autres groupes, y compris des groupes laïcs comme le mouvement de Jeunes du 6-Avril, ils sont tous mis dans le même panier. Tous ceux qui critiquent le régime, tous ceux qui manifestent dans la rue sont de facto traités de la même façon que ceux qui font usage de la violence contre le gouvernement. Et ce faisant, le régime s'est créé un très grand nombre d'ennemis. »

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