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Turquie / Syrie / Etats-Unis

Syrie: renforts en vue à Kobane, soulagée

Ankara a laissé passer des combattants kurdes irakiens. La décision a été saluée par les Etats-Unis qui ont ont procédé à des largages d’armes dans la nuit de dimanche à lundi, tout en continuant à bombarder les positions du groupe Etat islamique. Un renversement de situation est peut-être possible alors que la ville semblait sur le point de tomber aux mains des terroristes, il y a encore une semaine.

Des soldats britanniques entraînent des combattants Peshmergas à Arbil, en Irak, le 16 octobre 2014.
Des soldats britanniques entraînent des combattants Peshmergas à Arbil, en Irak, le 16 octobre 2014. REUTERS/Azad Lashkari
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La Turquie annonce qu'elle va autoriser les peshmergas kurdes irakiens à rejoindre la ville syrienne de Kobane via son territoire, et donc leur permettre d'apporter un renfort aux Kurdes syriens du PYD, qui se battent contre les jihadistes de l'organisation Etat islamique. Une décision saluée par les Etats-Unis, après les refus répétés d'Ankara de toute intervention militaire pour venir en aide aux assiégés de Kobane.

« Les Kurdes irakiens sont pour l'essentiel des chefs tribaux traditionnels. Donc c'est une partie beaucoup moins dangereuse que l'organisation du PKK », explique Pierre Conesa. Pour cet ancien haut fonctionnaire de la Défense, cette décision d'Ankara « apparaît comme un geste de sauvetage ultime de Kobane (...) mais fondamentalement, son agenda à lui [le président turc Erdogan ndlr], c'est de priver le PKK de son sanctuaire syrien. D'ailleurs, les militaires turcs n'ont jamais lancé des grenades pour empêcher des salafistes de passer en Syrie ou en Irak. Par contre, ils ont lancé des grenades lacrymogènes pour empêcher les Kurdes d'aller rejoindre Kobane. »

Des armes en attendant les renforts

Pour autant, mardi 21 au matin, notre correspondant à Istanbul Jérôme Bastion assure qu'aucun combattant kurde irakien n’a encore fait son apparition, citant d'autres journalistes sur place, à la frontière turco-syrienne. De leur côté, les autorités locales n’ont pas non plus annoncé leur arrivée. Il n’est pas certain que ces renforts fassent l’objet d’une « publicité » particulière.

Sur le terrain, la journée de dimanche 20 octobre a été extrêmement calme dans la ville de Kobane, comme si, avec ces livraisons d’armes la nuit précédente, les assaillants se réorganisaient ou se méfiaient. Dans l’ouest, les forces kurdes ont continué leur progression, reprenant aux islamistes des territoires perdus les semaines précédentes. Les duels d’artillerie ont finalement repris dans la nuit de dimanche à lundi.

Au beau milieu de la nuit, une violente explosion a été entendue dans la partie est de la ville, là où les jihadistes demeurent stationnés et où ils concentrent leurs efforts depuis quelque temps. Certains disent qu’il pourrait s’agir d’un dépôt de munitions kurdes, détruit par les forces de l’Etat islamique ; d’autres disent au contraire que ce sont les Kurdes qui ont fait détonner un véhicule piégé envoyé par les islamistes.

Quelques rotations de l’aviation américaine ont par ailleurs été signalées, avec un bombardement. Selon des journalistes sur place, il s’agirait d’une des 27 caisses d’armements et de munitions envoyées la nuit précédente, qui, tombée au mauvais endroit, a été détruite pour ne pas tomber dans les mains des islamistes. Depuis, la situation est redevenue calme.

Changement de stratégie de Washington ?

Que ce soit au département d’Etat, au Pentagone ou à la Maison Blanche, on explique que les livraisons d’armes aux combattants kurdes de Kobane font suite aux efforts consentis depuis le début des bombardements contre le groupe Etat islamique, et que ces largages étaient envisagés depuis des semaines, indique la correspondante de RFI à Washington, Anne-Marie Capomaccio.

On sait toutefois que les relations avec la Turquie sont tendues sur ce point, et les messages sont passés par tous les canaux diplomatiques : le général Allen s’était déplacé à Ankara, John Kerry avait parlé avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, et quelques heures avant les largages sur Kobane, Barack Obama avait appelé le président Erdogan pour le prévenir. La Maison Blanche n'a donné aucun détail sur cette conversation.

Les armes envoyées à Kobane ne sont pas des armes américaines. Elles ont été fournies par les Kurdes d’Irak, mais Washington ne donne aucune une explication sur ce point. Sous couvert d’anonymat, les officiels expliquent que cela fait partie de la stratégie : encourager les troupes impliquées dans ce conflit à se prendre en charge. Les Kurdes d’Irak fournissent les armes, et les Américains mettent à disposition leurs moyens aériens pour réaliser l’opération. On peut aussi penser que c’est une manière de moins froisser la Turquie.


Les frappes se poursuivent en Irak

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« Les moyens aériens ne gagnent pas seuls une guerre »

Sur le territoire irakien la coalition poursuit ses frappes. Six sorties aériennes ont été menées contre l'organisation Etat islamique près de Fallouja et de Baïdji, dans les dernières 48 heures, touchant une importante unité de combattants jihadistes, selon le commandement central américain.

Une de ces frappes a été menée par les militaires français. C'est la troisième frappe française en Irak depuis le début des opérations de la coalition internationale. De début août à début octobre, 2000 raids aériens ont été effectués, dont 90% par les États-Unis.

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