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Syrie

Syrie: l'attaque chimique de la Ghouta, un an après

Il y a un an, une attaque chimique attribuée à l'armée syrienne faisait environ 1 500 morts dans la région de Damas. L'événement a conduit à l'élimination sous contrôle international du stock de gaz militaire que possédait le régime de Bachar el-Assad. Celui-ci a en revanche échappé aux frappes dont les Occidentaux ont agité la menace dans les jours qui ont suivi l'attaque.

Des activistes syriens inspectent des corps de civils tués, selon eux, par des agents chimiques, le 21 août, dans la banlieue de Damas.
Des activistes syriens inspectent des corps de civils tués, selon eux, par des agents chimiques, le 21 août, dans la banlieue de Damas. REUTERS/Bassam Khabieh
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L'attaque chimique du 21 août 2013 confirme que des gaz toxiques sont employés comme armes de guerre dans le conflit en Syrie. Immédiatement, l'opposition syrienne et les Occidentaux accusent le régime de Bachar el-Assad d'utiliser des armes chimiques interdites – en l'occurrence du gaz sarin – pour combattre la rébellion.

Les semaines qui suivent sont marquées par une brusque montée de tension internationale. À Washington, Paris et Londres, on envisage des frappes aériennes contre le pouvoir syrien, l'usage de gaz toxiques ayant auparavant été qualifié de « ligne rouge » par Barack Obama. Mais finalement rien ne se passe, l'Occident renonce à l'option militaire et c'est la Russie qui offre une porte de sortie en proposant en septembre un plan de destruction de l'arsenal chimique syrien.

Destruction sous l'égide de l'OIAC

Cette destruction, mise en œuvre à la suite d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 27 septembre dernier, a été à la fois plus longue et plus rapide que prévu. Plus longue, car elle s'est achevée avec huit semaines de retard sur le calendrier établi par l'OIAC, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Mais plus rapide également, car elle s'est faite hors du cadre de la Convention de l'interdiction des armes chimiques, le texte qui prévaut normalement dans le cadre de telles destructions. Cette convention prévoit que ce soit le pays détenteur qui détruise ses propres stocks d'armes chimiques. Or, dans le cadre de la Syrie, la destruction a été faite par des pays étrangers, États-Unis en tête. Et si la Syrie – pays dévasté par la guerre – avait dû s'en charger elle-même, la destruction aurait certainement pris plusieurs années.

Le processus de destruction s'est déroulé sous l'égide de l'OIAC. Il a tout d'abord fallu sécuriser les stocks d'armes chimiques, les retirer des zones de combat. Elles ont ensuite été transportées jusqu'au port de Lattaquié, sur la mer Méditerranée, et de là, disposées sur des bateaux. Les armes les moins dangereuses ont été transportées vers des installations civiles au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Finlande et détruites là-bas. Les plus dangereuses, en revanche, ont été neutralisées en pleine mer – sur un bateau militaire américain qui était stationné dans les eaux internationales de la Méditerranée. Deux hydroliseurs avaient été installés à bord. Cette destruction en mer a d’ailleurs été une première mondiale. Un fait d'autant plus remarquable que ce sont près de 600 tonnes d'agents chimiques servant à la fabrication du gaz sarin et du gaz moutarde qui ont été traitées à bord.

La Syrie soupçonnée de nouvelles attaques chimiques

Un an plus tard, cette opération est terminée. « Il n’est pas possible d’exclure totalement que la Syrie ait pu garder quelques stocks d’agents chimiques militaires, tempère Olivier Lepick, spécialiste des armements chimiques et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. Par ailleurs, on l’a vu au cours des derniers mois, le régime n’a pas hésité à utiliser un agent industriel toxique, du chlore en l’occurrence, pour mener des attaques qui s’apparentent à des attaques chimiques, en tout cas au regard du droit international et du droit de la guerre ».

L'OIAC a demandé des renseignements complémentaires à la Syrie sur ces attaques. Encore une fois, le régime accuse les rebelles. La France et les États-Unis, eux, y voient la responsabilité du régime syrien. Il est en revanche acquis que Damas n'a pas respecté tous ses engagements pour le moment. Douze anciennes usines de production d'armes chimiques devaient être détruites ; il n'en est rien pour le moment. Barack Obama a assuré que les États-Unis veilleront à ce qu'elles le soient.

Une fâcheuse hésitation occidentale

L'hésitation des Occidentaux à l'été 2013 a en tout cas laissé des traces. Leur recul a été interprété comme une faiblesse. « Pour une fois qu’on a bien voulu mettre un peu de pression au régime syrien, rien n’a été fait. Bachar el-Assad a même cru qu’il était redevenu à un moment donné un interlocuteur au niveau de la scène internationale, rappelle Naïm Kossayer, porte-parole de la Coalition nationale syrienne, l’opposition en exil. Finalement, le peuple syrien commence à croire de moins en moins aux idéaux du monde libre que représente l’Occident ». Ce fut en tout cas un tournant dans le conflit syrien dont le bilan atteint désormais 170 000 morts, pour la plupart victimes d'armes qui n'ont rien de chimiques.

« S'il y avait eu une réaction des grandes puissances à la hauteur de l'utilisation des armes chimiques, nous n'aurions pas été face à ce choix terrible entre un dictateur et un groupe terroriste alors que les rebelles méritent tout notre soutien », a admis le président François Hollande dans un entretien accordé au Monde.

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