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Les enfants-soldats, des générations sacrifiées

Depuis le début du conflit, plus de 10 000 enfants se sont fait enrôler par des groupes armés en République centrafricaine. Les garçons sont utilisés comme engins de guerre parce qu'ils ont la « gâchette facile », les filles pour assouvir les besoins sexuels des hommes. Sur le terrain, les ONG tentent au mieux de les sortir de l'enfer.

Enrôlés par des groupes armés après l'assassinat de leur famille ou l'attaque de leur village, ces enfants ont pu s'en sortir grâce à l'action d'ONG.
Enrôlés par des groupes armés après l'assassinat de leur famille ou l'attaque de leur village, ces enfants ont pu s'en sortir grâce à l'action d'ONG. Unicef
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« Après l’assassinat de mon père et mes frères par les Séléka, un samedi, vers 16 heures en 2013, l’un de mes oncles paternels est rentré dans la milice antibalaka pour venger mon père. Il m’a obligé à les rejoindre. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est que notre chef nous a montré comment nous devons tuer quelqu’un. Et j’ai tué trois Peulhs que nous avons pris en otage lors d’un combat », témoigne un enfant-soldat sous couvert de l'anonymat.

Mobilisation des ONG

Depuis le début de la crise en Républicaine centrafricaine (RCA), plus de 10 000 enfants comme ce jeune garçon ont ainsi été enrôlés par des groupes armés. Aujourd'hui pris en charge dans un centre de formation et de réinsertion pour enfants démobilisés de l’Union des techniciens en faveur des jeunes désœuvrés (UTEFAJED), une ONG nationale, le jeune garçon a pu s'en sortir : « Au cours d’une attaque du Pk 12, j’ai reçu une balle dans ma jambe droite. Et on m’a ramené à l’hôpital pour des soins. C’est là que j’ai été confié aux agents de l’Unicef ».
Suite à l’incendie de son village en 2010, un autre enfant-soldat s'est fait enrôler dans le groupe armé de la Convention patriotique pour la justice et la paix (CPJP). « J'ai participé à quatre combats violents, explique-t-il, Après la signature des accords de cessez-le-feu entre le gouvernement et la CPJP en juin 2011, j'ai été  démobilisé par les agents de l’Unicef et envoyé dans un Centre de transit et d’orientation (CTO) géré par l'ONG DRC (Danish Refugee Council ou Conseil danois pour les réfugiés). Au centre, j’ai suivi la formation en Activités génératrices de revenus (AGR). Malheureusement, les événements de décembre 2012 ont tout bouleversé et DRC a suspendu ses activités dans la zone suite à l’insécurité. à la reprise de ses activités, DRC nous a rappelés avec le Programme éducation/protection d’urgence d’ECHO, les enfants de la paix, où j’ai fini la formation et reçu les kits de réinsertion sociale en petit commerce. Actuellement, c’est grâce à ces kits que j’effectue mes activités de petit commerce ».

A Mbaïki, en mai dernier, des enfants viennent d’être officiellement libérés du groupe des anti-balakas.
A Mbaïki, en mai dernier, des enfants viennent d’être officiellement libérés du groupe des anti-balakas. Unicef RCA

Manque de moyens

Dans le cadre du Forum de Bangui, en mai 2015, un engagement collectif avait en effet été signé par les chefs des groupes armés afin que ces derniers libèrent les enfants et s’abstiennent de tout nouveau recrutement de mineurs. L’Unicef, en partenariat avec les organisations nationales et internationales non gouvernementales, a donc oeuvré pour la réinsertion de ces enfants-soldats dans leurs familles respectives et dans la vie sociale. Car « les enfants ont leur place sur le banc de l’école et non sur le champ de bataille », selon ces institutions.
Ainsi, 10 980 enfants, dont 3 103 filles et 7 877 garçons, ont été libérés. Mais faute de ressources suffisantes, seulement 6 336 enfants, dont 1 880 filles et 4 456, garçons ont pu bénéficier des programmes de réintégration selon Eloge Olengabo, spécialiste en protection de l’enfance à l’Unicef Centrafrique. Et sur le terrain, de nombreux enfants continuent de se faire enrôler par des groupes armés.

Une reconstruction difficile mais pas impossible

« La reconstruction n’est jamais facile, précise M. Olengabo, Les conflits armés affectent terriblement les enfants, mais la réintégration n’est pas impossible. Ceux qui affichent certains troubles du comportement à cause de la guerre ont besoin de l’accompagnement de toute la communauté. Tous les enfants n’ont pas été affectés de la même manière. L’accompagnement psycho-social fourni par les partenaires de l’Unicef aide à surmonter les difficultés, auxquelles ils sont confrontés. Les enfants sont l’avenir de la RCA. Leur place est à l’école, dans leur famille, dans leur communauté, en tant qu’acteurs positifs du développement du pays. Les différends ou conflits doivent être résolus de manière pacifique. Cette guerre compromet l’avenir de toute une génération d’enfants et donc l’avenir du pays. Il est temps que les chefs de ces groupes armés cessent cette pratique ignoble et se souviennent des engagements pris lors du dialogue de Bangui ».

Ghislain Toundam
Superviseur général de la radio Life Alt FM
Bangui, République centrafricaine
gtoundam@gmail.com

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