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Lokossa, la ville du Bénin qui doit son nom à un iroko

Fuyant la traite négrière qui sévissait dans le Sud de l'actuel Bénin au XVIIIe siècle, le peuple kotafon aurait trouvé refuge sur une terre où se trouvait un iroko (arbre). C'est à cet arbre immense que la ville de Lokossa, chef-lieu du département de Mono, doit aujourd'hui son nom. Retour sur un pan de l'histoire de l'ancien royaume du Dahomey.

La ville de Lokossa, chef-lieu du  département de Mono, dans le Sud de l'actuel Bénin, doit son nom à un immense iroko.
La ville de Lokossa, chef-lieu du département de Mono, dans le Sud de l'actuel Bénin, doit son nom à un immense iroko. Sébastien Guidi
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Il serait venu d'Allada, plus précisément de Toffo, dans le département de l’Atlantique, au Bénin. Fuyant la traite négrière qui sévissait dans le Sud de l'actuel Bénin, le peuple kotafon serait parti en quête d'une terre d'asile.
Le roi Totoh aurait alors consulté un oracle, appelé le Fâ, qui lui aurait indiqué l’existence d’une terre où se tenait un gros iroko. C'est ici qu'il devait s’installer avec son peuple pour vivre en paix. Afin de trouver cette terre d'asile, le roi Totoh aurait sollicité l’aide de Kossou Agbon, un homme aux pouvoirs mystiques, ainsi que celle de deux autres personnages, Agbo-Doglo et Boko Satchi.

Un nid de guêpes sur sa tête

La statue de Kossou Agbon
La statue de Kossou Agbon Sébastien Guidi

A en croire ses descendants, la tête de Kossou Agbon abritait un nid de guêpes. Ces insectes survolaient sa tête dans ses déplacements et ne se retranchaient dans leur nid que lorsque ce dernier était au repos.
Ce mystérieux personnage de la localité d'Agongo à Toffo traversa des forêts et cours d’eau avec ses deux compagnons de mission. Ils arrivèrent d’abord à Alligoudo, un village situé aujourd’hui dans l’arrondissement d’Agamè, dans la commune de Lokossa. Mais ils ne trouvèrent aucun lieu ressemblant à celui indiqué dans la prédiction de l’oracle.
Les trois hommes échouèrent ensuite à Avédji, un village de l’arrondissement de Ouèdèmè, commune de Lokossa dans le département du Mono.
Les autochtones de ce village, la peur au ventre à la vue de l’étrange Kossou, les installèrent un peu plus loin dans une localité appelée de nos jours «Toguèmè».
Mais les trois explorateurs ne se contentèrent pas de rester là. Ils tinrent à respecter la prévision de l’oracle en continuant leur recherche.

Trois Irokos à l'arrivée!

La statue deTotoh Gnawoh.
La statue deTotoh Gnawoh. Sébastien Guidi

C'est alors que contre toute attente, ils aperçurent trois irokos, chacun d'entre eux distant l'un de l'autre. Le premier à quelques encablures de l’actuel emplacement de la cathédrale Saint-Pierre-Claver de Lokossa, le deuxième à Lokoviguè sur la voie de Ouèdèmè et un troisième au nord de la clôture de la mairie de Lokossa.
Kossou Agbon et ses compagnons repartirent à Toffo pour rendre compte au roi Totoh de leurs découvertes. Les consultations ultérieures auprès de l'oracle Fâ permirent de préciser la position exacte de l’iroko recherché. Il s'agissait du troisième arbre, celui situé non loin de l’emplacement de l’actuelle mairie de Lokossa.
Le roi Totoh partit alors avec sa communuté divisée en trois groupes, chaque groupe étant dirigé par un des trois explorateurs.
Kossou-Agbon s’installa avec le premier groupe sous le fameux iroko. Les deux autres groupes et le roi Totoh les rejoignirent par la suite. Le roi donna alors comme nom à ce lieu «Lokotinsa», ce qui signifie: «Sous un iroko», en langue kotafon. C'est ainsi que selon les autochtones, le fameux iroko servit d’abri aux fondateurs de la ville et permit aux autres de rejoindre les premiers venus.

Sébastien Guidi
Directeur de la radio Mono
Lokossa, Bénin
guificrespin@yahoo.fr

Lokossa rebaptisée la ville de l’espoir

Au fil du temps, le fameux iroko serait devenu le refuge des sorciers. Mais un jour, sous l’effet d’un vent violent, il serait tombé de lui-même avec toutes ses racines. Miraculeusement, des années plus tard, l’arbre aurait repoussé au même endroit. Cependant, d'après les autochtones, les graines de l'arbre d'origine ne se trouvaient pas sur ces lieux. Le nouvel iroko, quant à lui, existe toujours.
Selon les autorités locales, sa régénérescence a fait renaître l'espoir d’une terre promise par les fondateurs de Lokotinsa, d’où le qualificatif ou le slogan : « Lokossa, la ville de l’espérance ».
Aujourd’hui, la statue de Kossou-Agbon est érigée dans un espace vert situé sur le tronçon allant du magasin PAM à l’hôpital de zone de Lokossa dans le quartier Takon afin de rappeler l’importance de son rôle dans la fondation de la ville. Quant à celle de Totoh Gnawoh, elle est implantée au carrefour du collège d’enseignement général de Lokossa.
Par ailleurs, l’histoire rapporte la forte et rapide popularisation de Lokossa. C'est aujourd’hui la ville administrative de la commune et du Mono, un des départements du Bénin. Ses habitants mènent des activités économiques, telles que l’agriculture, le commerce, l’artisanat et la pêche. Les Kotafons ont été depuis rejoints par plusieurs groupes sociolinguistiques, notamment les Adja, Yorouba, Mina, Goun etc.

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