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Algérie / Agriculture

La culture «bio»: une alternative inévitable en Algérie

Sur les 8,5 millions d’hectares agricoles que compte le territoire algérien, les superficies certifiées bio ne dépassent guère 700 hectares. Ce pays, qui s’inscrit dans un système de production à forte utilisation d'intrants chimiques (produits phytosanitaires), voit pourtant émerger des défenseurs et des adeptes de l’agro-écologie.

En Algérie, les terres fertiles donnent sans compter, à l'image des citronniers.
En Algérie, les terres fertiles donnent sans compter, à l'image des citronniers. Corinne Binesti / RFI
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Il y a les senteurs enivrantes. Celles des orangers, des citronniers, des fleurs de figuiers mais aussi celles des roses et du jasmin… À quelques pas de la mer et du bleu infini, le jardin de Djelloul, retraité de l’enseignement supérieur, offre ses plus beaux atouts. Ici, au pied de la montagne du Chenoua, située à quelques 80 kilomètres à l’ouest d’Alger, la terre rouge et fertile donne sans compter. Sans doute un juste retour des choses. « J’ai été élevé en observant et en respectant la nature. J’ai toujours vu ma mère prendre soin de sa terre, explique Djelloul. Les anciens avaient le respect des cultures. C’est un héritage familial dont je suis fier ».

Rendements et pesticides

Néfliers, grenadiers, bananiers et petits manguiers ornent la cour de la maison où quelques pieds de vignes s‘entrelacent autour de la grande pergola. « Chez moi tout est bio ! », précise Djelloul. « Mes arbres fruitiers n’ont pas besoin d’engrais chimiques pour donner ».

Les surfaces certifiées bio représentent une infime partie des cultures en Algérie. Si cette activité agricole demeure très marginalisée, elle est considérée peu rentable. Aussi, ces cultures certifiées sans engrais, pesticides ou adjuvants et contrôlées par l’organisme Ecocert [organisme de contrôle et de certification ; ndlr] sont principalement l’olive, la datte et la production vinicole destinées à l’exportation.

Priorité quand même à l'agriculture intensive

Si l'objectif des pouvoirs publics algériens est l’autosuffisance alimentaire, la facture des importations de produits alimentaires s’élève à 8,4 milliards de dollars en 2017 (statistiques des douanes algériennes). Pour ce faire, le choix est porté sur le système de production intensif. Par ailleurs, la surface agricole utile (SAU) est soumise aux contraintes pluviométriques sur un territoire où plus de 85% des terres sont des zones arides et semi-arides.

La politique du pays en matière agricole vise en priorité la satisfaction des besoins de la population : « Tous les moyens sont utilisés pour avoir une précocité et un rendement maximum des récoltes », assure Sarah, ingénieur agronome sur la wilaya [division administrative ; ndlr] de Tipasa. Pour cela, la production agricole utilise à profusion des engrais chimiques, des pesticides et des herbicides. Une situation qui inquiète beaucoup d’Algériens. « J’évite d’aller au marché, dit Kader. Les fruits et les légumes sont presque tous traités chimiquement ». Pour Fathia, médecin généraliste, « c’est devenu un problème de santé publique ; on remarque une augmentation du taux de cancer, des maladies métaboliques ou cardio-vasculaires… »

Torba, un collectif militant

Si comme le dit Sarah, le consommateur algérien n’a pas encore acquis totalement la « culture du bio », des collectifs pour la défense de l’agro-écologie s’installent dans le pays. Basée à Chéraga, Torba, une AMAP* [Association pour le maintien d'une agriculture paysanne ; ndlr] créée en 2016 rassemble près de 300 adhérents. « Nous misons sur le "manger sain" et le soutien aux petits paysans qui cultivent sans pesticides », assure Abdelkrim, professeur à l’Institut des sciences vétérinaires de Blida et président du collectif Torba. « L’activité paysanne authentique est en perte de vitesse », poursuit-il.

La certification bio a un coût très élevé en Algérie pour les petits producteurs : « Ceux avec qui nous travaillons n’ont pas forcément la certification bio mais nous nous assurons toujours que le contrat est respecté, à savoir : la non utilisation de produits chimiques, de pesticides et l’utilisation des semences locales. », dit Abdelkrim. Pour l’heure, il s’inquiète de voir s’installer une alimentation mondialisée : « En Algérie, nous consommons des produits qui peuvent faire facilement 2 000 kilomètres ! Ils sont importés et viennent de France, du Canada, du Brésil, de Chine… Il faut vraiment inviter les gens à aller vers cette autonomie alimentaire ».

Olives, dattes et vin en vedette

L’huile d’olive
L’olive est l'une des premières espèces arboricoles en Algérie avec une superficie de 471 657 hectares. Les trois-quarts sont destinés à la fabrication de l’huile (900 000 hectolitres). Les cultures sont concentrées dans les régions du centre et de l’est du pays (Tizi-Ouzou, Bédjaia, Bouira) et un peu dans le sud.
Les oliveraies dites « traditionnelles » sont exploitées sans engrais, ni pesticides ou adjuvants lors de la trituration (broyage) des fruits. Cette huile est destinée à l’exportation vers les pays européens et les pays du Golfe.

La datte
L'Algérie est le 4e pays producteur de dattes après l'Égypte, l'Iran et l'Arabie saoudite. Les palmeraies sont concentrées dans les régions du Sud (Biskra, El-Oued et Ouargla…) et occupent une superficie estimée à 167 000 hectares avec une production moyenne annuelle de 1 million de tonnes. La datte est aussi exportée vers la France, la Russie et les Émirats arabes unis. La plupart des cultures sont certifiées bio.

Le vin
L’Algérie reste aujourd'hui le 2e plus gros producteur de vin en Afrique, derrière l'Afrique du Sud. Si la production atteint 400 000 hectolitres, celle du vin bio s’élève à 772 hectolitres environ et elle est située au nord-ouest du pays (Mascara).

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