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Etats-Unis

Des militaires suprémacistes blancs pointés du doigt dans l'armée américaine

Au moins trois militaires américains ont été repérés par des journalistes dans un groupe néonazi particulièrement violent. Ce dernier incite ses membres à s’engager afin de bénéficier d’une formation au combat qu’ils pourront ensuite utiliser dans la guerre raciale qu’ils pensent mener.

Des suprématistes blancs arrivent à Charlottesville en Virginie pour manifester le 8 juillet 2017.
Des suprématistes blancs arrivent à Charlottesville en Virginie pour manifester le 8 juillet 2017. ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP
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« Aujourd’hui, j’ai fendu trois crânes, sans avoir encaissé le moindre dommage. » Le 12 août dernier, c’est par ces mots que Vasillios Pistolis se félicitait de son passage musclé aux manifestations d’extrémistes blancs à Charlottesville, à 180 kilomètres de Washington. Ce membre de l’Atomwaffen Division (« la division bombe atomique », en allemand), un mouvement néonazi de l’ultra-droite américaine, n’est pas tout à fait un citoyen raciste et homophobe comme les autres : il est aussi un soldat du Corps des Marines, toujours sous contrat.

C’est ce qu’ont découvert trois journalistes américains en poursuivant leurs investigations sur l’Atomwaffen Division. Plus ennuyeux pour le Pentagone, cette enquête de ProPublica et PBS montre que le 1ère classe Vasilios Pistolis n’est pas le seul. Les auteurs ont identifié deux autres militaires sous contrat, ainsi qu’au moins trois vétérans passés notamment par l’Afghanistan. Des hommes qui maîtrisent le combat, le tir, la fabrication et l’utilisation d’explosifs.

Un groupe « terroriste » antisystème

L’Atomwaffen Division est un groupe de quelques dizaines de suprémacistes blancs particulièrement violents. Ses membres sont impliqués dans cinq affaires de meurtres. Revendiquant leur néonazisme, ils prônent le recours à la guérilla et aux attentats, visant en particulier des centrales nucléaires, pour faire tomber le gouvernement américain qu’ils accusent de ne pas suffisamment défendre la communauté blanche. Officiellement, le groupe n’est pas illégal car la loi américaine n’interdit aucune forme d’idéologie. Plusieurs réseaux sociaux et plates-formes numériques ont malgré tout décidé de supprimer leurs comptes, leurs accès et leurs canaux de discussion.

« Ça a été assez difficile comme enquête car la majorité de l’information est cachée sur des serveurs privés, dans des pans obscurs d’internet et des conversations privées, raconte Jake Hanrahan, l’un des auteurs. Nous avons mis la main sur 250 000 documents internes qui contiennent toutes les discussions du groupe. Ils en parlent ouvertement et à partir de là, nous avons pu retrouver les individus concernés. Nous les avons contactés mais ils ne sont jamais revenus vers nous ».

Le meilleur entraînement au monde

On y apprend notamment que ceux qui portent ou ont porté l’uniforme au sein de ce groupe partagent leurs connaissances militaires avec les autres militants. Ces derniers sont incités à s’engager dans les forces armées afin de bénéficier d’une formation au combat, qu’ils pourront utiliser par la suite contre les institutions. L’un d’entre eux, un ancien sapeur de l’US Army, a également commencé à fabriquer des pièces d’armes pour équiper le groupuscule.

« Les militaires sont censés, qu’on y croit ou non, être des garants des valeurs morales du pays et des protecteurs des citoyens quelle que soit leur couleur ou leur race, s’insurge Jake Hanrahan. Il est crucial de révéler que des néonazis gravitent au milieu, qu’ils annoncent vouloir brûler le gouvernement américain. Ces gens ont commencé à mobiliser leurs savoir-faire militaires pour poursuivre leur guerre raciale. Ils ont reçu le meilleur entraînement au monde et l’utilisent pour les pires raisons. Ces gens sont extrêmement bien entraînés. S’ils se lancent dans des carnages, des fusillades ou qu’ils posent des bombes, ils savent parfaitement comment s’y prendre ».

Des cas isolés ?

Suite à la publication de cette enquête, le Corps des Marines a lancé une enquête judiciaire. S’il est finalement démontré que le 1ère classe Vasillios Pistolis a bien commis des crimes, il devrait être sanctionné en conséquence. Mais la simple appartenance idéologique à cette mouvance ne suffira pas. En attendant, l’institution refuse de commenter ce dossier, tant que l’affaire est en cours.

Les militaires américains sont-ils perméables à ce genre d’idéologies ? Les tensions politiques et sociales présentes dans la société se retrouvent au sein des armées, estime un officier français ayant fait une partie de sa formation aux Etats-Unis : « Le climat de polarisation est extrême, tant à droite qu’à gauche. Mais j’ai l’impression que certains se calment un peu. Je ne crois pas que ce soit un véritable phénomène dans l’armée d’active. Une chose est sûre : l’institution ne plaisante généralement pas avec ce genre de sujets ».

Un sous-officier français, déployé en Afghanistan avec des militaires américains, voit dans cette affaire des brebis galeuses comme on en trouve dans tous les pays. « J’ai toujours senti les soldats américains plus ouverts et accueillants que les Français. La présence de néonazis parmi eux est statistiquement sûre, mais je ne serais pas surpris que l’on en trouve plus dans certaines armées européennes, comme la Bulgarie, les pays baltes et surtout la Turquie. Mais aussi en France »

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