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Etats-Unis / Architecture

Miami, haut lieu de l’architecture Art déco

Miami South Beach, terrain de jeu global pour les touristes, est un paradis sur Terre pour les amoureux du style Art déco. Bordées de palmiers, une dizaine d’avenues alignent plus de 800 bâtisses des « années folles » qui ont résisté aux opérateurs immobiliers. Ce patrimoine donne un chic fou à la « Magic City », en même temps que des faux airs de Paris, Bruxelles et Amsterdam, mais aussi Casablanca, Dakar ou Asmara. Ce qu’elle reconnaît plus volontiers que les anciennes métropoles coloniales.

Le Winter Haven sur Ocean Drive. Miami South Beach.
Le Winter Haven sur Ocean Drive. Miami South Beach. RFI / Sabine Cessou
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Curieusement, il n’existe pas à Paris de musée consacré à l’architecture Art déco des années 1920 et 1930, qui a éclos dans le sillage de l’Art nouveau (1890-1910). Un style pourtant très présent dans la capitale française et celles de ses ex-colonies. Du cinéma Grand Rex sur les grands boulevards au musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) à Dakar, le lien n’est que rarement fait à Paris avec toutes les villes d’Afrique marquées par ce style architectural, si typique des «  années folles » et de la bouffée d’oxygène respirée à pleins poumons par le monde de l’entre-deux-guerres.

Mais, bonne surprise du petit Musée Art déco de la Ligue de préservation du design de Miami, l’exposition en cours sur la capitale de l’Erythrée, Asmara, rend hommage à des bâtiments situés aux antipodes. Surnommée la « Miami africaine » en raison de l’importance de ses bâtiments Art déco, Asmara a été classée pour la même raison en 2017 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Et c’est en Floride, sur les rives de l’Atlantique, que le non-initié peut ainsi découvrir que les « breeze blocks », ces blocs décoratifs de béton ajouré qui laissent passer la lumière et l’air, si présents en Afrique de l’Ouest, sont des éléments à part entière de l’architecture Art déco.

Un musée à ciel ouvert

On y apprend aussi comment les résidents locaux de Miami se sont battus pour tenir à bonne distance les gratte-ciel et autres convoitises des promoteurs immobiliers. Résultat : la meilleure partie de Miami South Beach, quartier balnéaire, est un musée à ciel ouvert. Elle abrite des dizaines d’hôtels stylés des années 1930 –  en activité après rénovation comme les petits bijoux que sont le Cavalier South Beach, le Victor ou l’Essex, ou bien recyclés en restaurants comme le Leslie et le Carlyle, aux cocktails géants sur fond de musique cubaine. 

Ces élégantes bâtisses et leurs couleurs pastel évoquent les « Roaring Twenties » de la grande époque de Gatsby le magnifique (1925), le célèbre personnage de roman de Scott Fitzgerald incarné en 1974 à l’écran par Robert Redford. Certaines tables, comme celle du Winter Haven, sur Ocean Drive, étaient fréquentées par Al Capone. Le boss de la mafia à New York était attiré par la douceur du climat tropical – 25 degrés en plein mois de février, loin des grands froids nord-américains -, mais aussi par les possibilités de blanchiment d’argent sur cette riviera fréquentée par la jet set.

Détruite en 1926 par un ouragan, Miami a été reconstruite par une poignée d’architectes, tous fondus d’Art déco, un style alors en vogue à Paris. Adeptes de la règle de trois et de la symétrie caractéristiques de cette architecture qui voulait rompre avec les codes anciens, ils sont partis de rectangles divisés verticalement et horizontalement en trois parties, surligné par des « sourcils » de béton au-dessus des fenêtres.

La règle de trois typique de l'Art déco, avec des sourcils en béton au-dessus des fenêtres.
La règle de trois typique de l'Art déco, avec des sourcils en béton au-dessus des fenêtres. RFI / Sabine Cessou

La réplique de la maison du fils de Christophe Colomb

Comme à Casablanca, au Maroc, ils s’en sont donné à cœur joie à South Beach, où même le bureau de poste est Art déco – sans parler d’un petit « Diner », ces tavernes en forme de wagon de train que l’on retrouve partout aux Etats-Unis, ici tout en aluminium.

Dans les années 1930 et 1940,  le mouvement « Streamline » arrondit les angles et introduit des éléments nautiques sur les façades de Miami, capitale mondiale des croisières. Il emprunte aux paquebots des fenêtres rondes comme des hublots, et aux voiliers des mâts qui portent haut les enseignes de certains hôtels. L’hôtel Cadillac, lui, s’inspire des capots de voiture et élance vers le ciel une forme aérodynamique.

Plus tard, le « Miami Modern » (Mimo) décline dans les années 1950 et 1960 une variante locale de l’Art déco qui déborde de South Beach pour se retrouver un peu partout dans la ville, jusqu’au Tower Theater de la Calle Ocho, dans le quartier cubain de Little Havana...

Qu’elle soit anglaise, espagnole ou française, la colonie et son héritage ne sont jamais bien loin, dans cette ville aux forts accents caribéens – marquée par la proximité de Cuba et Haïti. L’ancien Amsterdam Palace, devenu en 1992 la Casa Casuarina du couturier italien Gianni Versace, est aujourd’hui un cinq étoiles à l’ambiance feutrée, où l’on paye 899 dollars la nuit. L’édifice avait été conçu en 1930 par son propriétaire initial, l’écrivain et architecte Alden Freeman, richissime héritier du trésorier de la compagnie Rockefeller, pour être la réplique exacte de la maison à Saint-Domingue du fils de Christophe Colomb, un navigateur qu’il admirait pour son « esprit aventurier ».

Le style « Mediterranean Revival » a doté la demeure d’une cour intérieure de style andalou. Cédant au « bling » des années 2000, Gianni Versace a ensuite étendu son palace à la maison voisine, pour se doter d’un luxe essentiel à 50 mètres à peine des eaux turquoises et chaudes de l’océan Atlantique : une piscine carrelée de motifs floraux en or massif, qui a plus à voir avec la folie des grandeurs qu’avec la sobriété de l’Art déco.

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