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Politique / Afrique

Afrique: le pouvoir en héritage

Faure Gnassingbé, au Togo, perpétue le pouvoir de son défunt père, le général Eyadéma, président de 1967 à sa mort en 2005. Ali Bongo au Gabon et Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC) ont eux aussi été élus et réélus dans des conditions contestées. En Afrique anglophone, Ian Khama au Botswana et Uhuru Kenyatta au Kenya n’ont pas les mêmes problèmes de légitimité, n’ayant pas succédé directement à leur père et ayant préféré jouer le jeu de la démocratie.

Photo d'ensemble des représentants des Etats africains participant au Sommet Afrique-France 2010 à Nice.
Photo d'ensemble des représentants des Etats africains participant au Sommet Afrique-France 2010 à Nice. Elysée / Laurent Blevennec
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La succession dynastique au pouvoir, en vogue depuis les années 2000, était une pratique inconnue en Afrique après les Indépendances, sauf dans les monarchies, dont le Swaziland. Elle reste l’exception plutôt que la règle sur un continent où souffle depuis la fin de la Guerre froide un vent de démocratie.

Au Togo, Faure Gnassingbé, 51 ans, a succédé en 2005 à son père, peu après sa mort, dans des conditions désapprouvées par la communauté internationale. L’avion du dauphin constitutionnel, le président de l’Assemblée nationale, n’a pas pu atterrir à Lomé et revendiquer son droit à assurer l’intérim, pour organiser des élections dans les 60 jours, comme le stipulait la Constitution. Le Parlement s’est réuni un dimanche au lendemain de la mort du général Eyadéma, pour faire de Faure Gnassingbé son nouveau président, à la hâte.

Elu en 2005, réélu en 2010 et 2015 lors de scrutins contestés, le président du Togo est aujourd’hui contesté par la rue pour ses velléités de réforme constitutionnelle qui lui permettraient de rester au pouvoir. Il voudrait faire passer le quinquennat au septennat, avec une limitation à deux mandats successifs à partir de 2020. Basé sur la puissance militaire, son régime fait peur, certes. La répression des émeutes provoquées par l’élection d’avril 2005 au Togo avait fait 500 morts, selon les Nations unies. Réélu en 2010 et 2015 dans des conditions contestées, Faure Gnassingbé fait cependant face à une opposition vivace. Une marée humaine a déferlé dans les rues de Lomé le 7 septembre 2017, pour protester contre les 7 morts causées par la répression des manifestations du 19 août, organisées par un nouveau parti d’opposition dans plusieurs villes du pays.

D’autres « fils de » sur les rangs

D’autres fils et filles de présidents prennent du galon. En Guinée, le fils d’Alpha Condé, Alpha Mohamed Condé, fait couler de l’encre pour des rumeurs sur son implication dans des affaires de corruption, mais aussi pour les ambitions présidentielles que certains lui prêtent. Au Mali, Karim Keïta, nommé conseiller de son père après son élection en 2013, est devenu député en 2014 – contre l’avis de son père, qui se serait opposé à son engagement en politique.

En Afrique de l’Ouest, seul Karim Wade nourrit ouvertement ces ambitions au Sénégal. Nommé « super ministre » chargé de cinq portefeuilles dans le gouvernement de son père après sa défaite cuisante aux municipales de Dakar, en 2009, il a été condamné en 2015 à six ans de prison après un retentissant procès pour enrichissement illicite. Libéré en juin 2016 par l’actuel président, Macky Sall, ancien Premier ministre de son père, il vit aujourd’hui en exil au Qatar.

Une tentation plus courante en Afrique centrale

Les successions dynastiques semblent encore plus tentantes en Afrique centrale. Joseph Kabila, arrivé au pouvoir à 29 ans en 2001 après l’assassinat de son père, lui-même « tombeur » de Mobutu, n’a pas l’intention de partir. Après quelques années de paix et de progrès économiques, il a fait plonger son pays fin 2016 dans une nouvelle crise, faute d’avoir organisé des élections et passé le relais à un président élu, comme prévu par la Constitution.

Ali Bongo, au Gabon, se heurte à la fronde de la rue comme de l’opposition. Il est accusé par son rival Jean Ping, ancien ministre de feu son père, d’avoir « volé » sa victoire en août 2016. Malgré sa volonté de « rupture » avec la gouvernance de son père, qui l’avait lui aussi nommé ministre, la question de sa légitimité continue de hanter son deuxième mandat.

Au Congo, Denis-Christel Sassou Nguesso, élu député en 2012 à Oyo, le fief de son père, est depuis janvier 2011 le PDG de la branche distribution de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et directeur général adjoint de cette dernière. Il se positionne pour la succession, sans dévoiler son jeu. En Guinée Equatoriale, le fils du président, Teodorin Obiang Nguema est aussi dans les starting blocks pour une succession qui semble déjà acquise : il a été promu en juin 2016 vice-président chargé de la défense et de la sécurité par son père, au pouvoir depuis 1979.

En Afrique anglophone, d’autres types de dynasties

Uhuru Kenyatta et Ian Khama, respectivement élus en 2013 et 2008, ont concurru des années après la disparition de leurs pères - tous deux morts en fonctions en 1978 (Jomo Kenyatta) et 1980 (Seretse Khama) après 14 ans de pouvoir. Ces deux fils de présidents ont concourru parmi d’autres candidats en lice, sans s’emparer du pouvoir comme en Afrique francophone. Les tensions électorales sont persistantes au Kenya, mais l’invalidation, le 1er septembre, de la présidentielle d’août 2017 par la Cour suprême du Kenya témoigne de la force des contre-pouvoirs dans cette démocratie.

D’autres formes de successions dynastiques pourraient voir le jour en Afrique anglophone, avec l’avènement possible de Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-épouse de Jacob Zuma et mère de quatre de ses enfants, à la tête du Congrès national africain (ANC) en décembre. Quant à Grace Mugabe, la Première dame du Zimbabwe, 57 ans, elle pourrait bien succéder à son mari, de 41 ans son aîné. Robert Mugabe, 93 ans, au pouvoir depuis 1981, a fait publiquement de son épouse, son ancienne secrétaire, l’un de ses possibles successeurs. Quitte à semer la zizanie au sein de son propre parti.

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