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Syrie

Syrie: sous quelles conditions les rebelles quittent-ils Damas?

Des rebelles syriens ont pour la première fois depuis 2011 commencé à évacuer Damas, le 8 mai 2017, après un accord conclu avec le régime. Les termes de cet accord prévoient leur évacuation vers une autre région, tenue par la rébellion, avec armes légères et familles. Ceux qui choisissent de rester sur place renoncent à la lutte armée et ne seraient pas emprisonnés. Il y a déjà eu plusieurs déplacements de populations, notamment à Homs et Alep, ces deux dernières années. La stratégie du régime est, bien sûr, militaire, mais aussi politique.

Des rebelles syriens et leurs familles attendent d'être évacués vers les provinces d'Idleb, dans le quartier de Barzé à Damas, le 8 mai 2017.
Des rebelles syriens et leurs familles attendent d'être évacués vers les provinces d'Idleb, dans le quartier de Barzé à Damas, le 8 mai 2017. Saria ABU ZAID / AFP
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Cet accord ressemble à tous les autres accords d’évacuation qui ont eu lieu au cours des deux dernières années. Les rebelles qui souhaitent quitter les lieux avec leurs familles peuvent le faire en étant évacués par des autocars qui les emmènent ensuite dans une autre région, tenue par la rébellion. Aujourd’hui, toutes ces évacuations se font vers le dernier grand bastion de la rébellion, à savoir la province d’Idleb, dans le nord de la Syrie. Les rebelles qui choisissent de partir peuvent emmener leurs armes, à condition qu’il s’agisse d’armes légères, et ils peuvent emmener leurs familles.

Selon cet accord, comme d’ailleurs la plupart des accords conclus ces deux dernières années, les habitants peuvent aussi choisir de rester sur place. Théoriquement, le régime doit leur garantir qu’ils ne seront ni arrêtés ni emprisonnés. En revanche, les combattants qui décident de rester doivent s’engager à remettre leurs armes, et à renoncer, bien sûr, à la lutte contre Bachar el-Assad. Nous n’avons pas plus de détails sur le contenu de l’accord récent, mais il est possible également, qu’il y ait eu un échange de prisonniers, comme ce fut le cas dans d’autres situation similaires.

Il y a eu un très grand nombre d’accords d’évacuation de ce type au cours des deux dernières années. Cela a commencé en 2014, avec l’évacuation de la vieille ville de Homs. Plus récemment, il y a eu, bien sûr, en décembre 2016, le départ des rebelles d’Alep-Est et, plus récemment encore, l’évacuation croisée de quatre localités : Zabadani, Madaya, Fou et Kafarya. On a beaucoup parlé de ces accords d’évacuation, mais il y a eu, au cours de la même période, des dizaines d’autres accords, moins importants, moins médiatisés, dans des localités plus petites, ou moins symboliques.

Pas d’autres choix pour les rebelles

Le premier objectif pour le régime de déplacer des populations, notamment à Homs et Alep, est, bien sûr, militaire. Après avoir encerclé, affamé, bombardé une zone, durant des mois ou même des années, l’armée syrienne et ses alliés obtiennent la reddition des rebelles qui n’ont d’autre choix que d’évacuer la zone, ou de rendre les armes. C’est un schéma qui s’est répété à maintes reprises et qui a fait la preuve de son efficacité du point de vue militaire pour le régime. Dans le cas qui nous occupe, l’évacuation de ce quartier de la banlieue de Damas va permettre à l’armée syrienne de sécuriser encore davantage la capitale et de se rapprocher de la Ghouta orientale, la dernière grande zone tenue par les rebelles autour de Damas. Le bénéfice militaire pour le régime est évident. Autre avantage d’un point de vue militaire, avec ces accords d’évacuation, le régime peut libérer des unités, et les concentrer ailleurs, sur d’autres fronts.

Il y a aussi un aspect politique. Ces accords d’évacuation ne sont pas du tout perçus de la même façon par le régime et par l’opposition. Pour le régime, ce sont des accords qui doivent préfigurer la réconciliation de la Syrie sous l’égide de Bachar el-Assad. Les combattants les plus radicaux étant évacués, la population restée sur place accepte de nouveau de vivre sous l’autorité du régime. Damas ne parle d'ailleurs pas d’évacuation mais de réconciliation, et c’est un ministère de la Réconciliation qui est chargé de négocier et d’appliquer ces accords d’évacuation. Il faut noter que la Russie s’est beaucoup impliquée dans ce processus, qu’elle l’encourage et qu’elle considère ces accords dits de réconciliations comme une base pour le futur règlement pacifique de la guerre civile.

Bien entendu, du côté de l’opposition, ces accords d’évacuation ne sont pas du tout perçus de la même façon. D’abord parce que ces accords sont signés sous la contrainte de l’encerclement militaire, après avoir privé la population civile de nourriture, de médicaments. Ensuite, parce qu’aux yeux de l’opposition, cela s’apparente à un déplacement forcé de populations. Les habitants les plus hostiles au régime étant obligés de fuir, laissant la place à des habitants plus dociles. L’opposition accuse même le régime d’effectuer des déplacements de population sur des critères confessionnels.

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