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Temps

Allons-nous vraiment passer en 2017?

Le 1er janvier 2017 ne concerne pas le monde entier, même si le calendrier grégorien s’est au fil du temps imposé sur le plan international. Il existe d’autres calendriers toujours utilisés et qui ordonnent le temps différemment. Mais notre calendrier grégorien lui-même souffre de quelques doutes quant à l'année exacte de la naissance du Christ.

Calendrier datant de l'Egypte antique gravé sur le temple de Kôm Ombo.
Calendrier datant de l'Egypte antique gravé sur le temple de Kôm Ombo. Art Media/Print Collector/Getty Images
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Le calendrier, une course effrénée après le temps ? Déjà en 46 av. J-C., Jules César s’employait à régler les grandes horloges du calendrier romain, sensiblement décalées par rapport aux observations des astronomes. Il imposa le calendrier julien selon lequel une année est composée de 365 jours et tous les 4 ans – les années bissextiles – de 366 jours.

Durant près de seize siècles, le monde chrétien s’est soumis aux corrections calendaires de Jules César, dont les fonctions de Pontifex Maximus (grand pontife) prévoyaient d’ailleurs la fixation du début de la nouvelle année. Un titre désormais réservé aux papes et c'est justement un souverain pontife, Grégoire VII, qui a entrepris en 1582 de réformer les imperfections du calendrier julien.

L’année julienne dépassant l’année solaire d’une grosse dizaine de minutes, il se produisait un décalage d’un jour tous les 128 ans. Dès le IVe siècle, le solstice d’hiver avait ainsi glissé du 21 au 25 décembre. Résultat, nous fêtons encore aujourd’hui Noël le 25 décembre. Car c’est au IVe siècle qu’est apparue pour la première fois à Rome une fête de la naissance de Jésus, initiée en opposition à la fête païenne du solstice d’hiver (Sol invictus) célébrée le 25 décembre par l’effet de décalage du calendrier julien…

La nuit du 4 octobre au 15 octobre 1582

Pour corriger les inexactitudes du calcul julien des années bissextiles, la réforme grégorienne nécessita de supprimer purement et simplement 10 jours de l’année 1582 ! Occasionnant au passage certaines incongruités. C’est le cas du décès de la religieuse espagnole Sainte Thérèse d’Avila, qui selon les historiens s’est éteinte dans la nuit du 4 octobre… au 15 octobre 1582. Et c'est dans la nuit du 9 au... 20 décembre 1582 que la France d'Henri III a adopté la mesure grégorienne.

Désormais en usage dans la presque totalité des pays, le calendrier grégorien s’est imposé au fil des siècles et de la domination du pouvoir pontifical sur les cinq continents. « C’est un pouvoir, le pouvoir pontifical qui l’a emporté, et a imposé notre calendrier en Amérique, en Asie et ensuite un peu partout et en Afrique », expliquait Odon Vallet sur RFI dans l’émission Autour de la question. Selon l’historien des religions, l’église orthodoxe qui a conservé le calendrier julien comptait très peu de missionnaires de par le monde et jouissait en conséquence d’une influence réduite, en regard de celle de l’Eglise catholique. Influence latine incarnée par les grands explorateurs et navigateurs du XVIe siècle, d’Amerigo Vespucci à Vasco de Gamma et de Fernand de Magellan à Jacques Cartier.

Indice de son rayonnement, la réforme grégorienne a été reprise même par les non chrétiens, à l’instar du régime soviétique. Quitte à ce que la Révolution d’octobre 1917 soit en fait datée en novembre. Si d’après le mot d’ordre de Marx et Engels dans le Manifeste du Parti communiste (publié en 1848), les prolétaires de tous les pays devaient s’unir, les mesures du temps elles aussi en avaient besoin dans l’ex-URSS. Unifier le comptage du temps, le problème ne date pas d’hier : dans la Chine du IIIe siècle av. J-C., les unités de mesure du temps variaient d’une région à l’autre. De nombreux pays continuent à cumuler officiellement plusieurs calendriers, comme l'Inde ou l'Egypte.

Travailler plus et gagner moins, grâce au calendrier grégorien

Aujourd’hui, la norme internationale ISO 8601 qui conventionne la représentation numérique de la date et de l'heure se fonde pour la date sur le calendrier grégorien. Dernier converti aux mesures de Grégoire VII, l’Arabie saoudite qui depuis le 1er octobre dernier impose le calendrier grégorien dans la fonction publique. Et pour cause, le renoncement au calendrier de l’Hégire devrait faire travailler dix jours de plus par an les fonctionnaires du royaume wahhabite. Sans augmentation de salaire, sinon à quoi bon.

Si le dimanche 1er janvier 2017 du calendrier grégorien constitue une norme communément admise sur le plan international, ce ne sera pas le cas pour de nombreux autres calendriers encore en vigueur. Le changement d’année au 1er janvier est une spécificité grégorienne. Le soir du réveillon à minuit quand fuse l’incontournable « Bonne année 2017 ! », mieux vaut le dire vite car dans la religion juive c’est l’an 5777 de la Création du monde, l’an 1438 de l’Hégire chez les musulmans, l’an 1395 de l’hégire chez les Persans, ou bien encore en Inde l’an 1938 de l’ère Saka selon le calendrier civil indien. Et en Chine, c’est le cycle 78, année Ding-You.

Le calendrier grégorien lui-même n’est pas exempt de petits dysfonctionnements, car il compte les années à partir de la naissance du Christ. Or la datation de cette dernière produite au VIe siècle par le moine Denys le Petit a depuis été régulièrement contredite par les historiens. Jésus serait en fait né en 4 ou 5… av. J-C. En lieu et place de 2017, nous devrions donc célébrer l’arrivée de 2022 ou 2023. Et du même coup réviser nos agendas car plus aucune date ne serait exacte !

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