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Somalie: une élection présidentielle dans un pays en guerre

La Somalie, 10,5 millions d’habitants, s’apprête à se rendre aux urnes, lors d’une élection présidentielle au suffrage universel indirect prévue le 30 octobre. Le pays est ravagé depuis 25 ans par la guerre civile, et s’inscrit dans une donne régionale de mauvais augure. Il doit en effet faire face, aujourd’hui, à des groupes armés islamistes se revendiquant à la fois d’al-Qaïda et de l’Etat islamique (EI).

Un jeune soldat somalien patrouille dans Afgoye, au sud du pays, après un attentat suicide qui a fait onze morts, le 19 octobre 2016.
Un jeune soldat somalien patrouille dans Afgoye, au sud du pays, après un attentat suicide qui a fait onze morts, le 19 octobre 2016. REUTERS/Feisal Omar
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Voilà vingt-cinq ans que les nouvelles en provenance de Somalie s’avèrent catastrophiques. Depuis la chute du dictateur Syad Baré, en 1991, suivie par une intervention militaire américaine, « Restore Hope », qui s’était soldée par un échec cuisant, ce pays structuré en clans antagonistes a perdu toute structure étatique. Une implacable guerre civile s’y éternise, sur fond d’anciens conflits fonciers qui ont incité des groupes armés se battre pour l’accès aux ressources agricoles et halieutiques.

La donne a été rendue plus complexe encore par l’émergence dans les années 2000 d’un groupe armé islamiste, al-Shebabs (« les jeunes » en arabe), qui a pris avec 5000 à 9000 combattants le contrôle de vastes portions du territoire en 2006. Ce groupe s’est également illustré par des attaques sanglantes dans les pays voisins, avec le massacre de Garissa, le 2 avril 2015, qui a coûté la vie à 148 étudiants sur un campus kényan, après les 67 morts de l’attaque du centre commercial de Westgate, en septembre 2013 à Nairobi. Les Shebabs ont fait allégeance en 2012 à al-Qaïda, mais se voient aujourd’hui concurrencés par une faction dissidente qui s’est ralliée à l’Etat islamique (EI), et qui a occupé brièvement, le 23 octobre, la ville portuaire de Qandala.

Les avancées des Shebabs ont été repoussées par des contingents africains forts de 22 000 personnels en uniforme (6200 Ougandais, 5400 Burundais, 4400 Ethiopiens, 3600 Kényans, 1000 Djiboutiens et 850 Sierra-Léonais), déployés en 2007 dans le cadre de la Mission de paix de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Grâce à cette force, financée par l’Union européenne (UE) à hauteur de 178 millions d’euros en 2016, un espoir de stabilisation politique est enfin apparu, avec la constitution d’un gouvernement fédéral à Mogadiscio, la capitale. Et ce, malgré les attentats suicide revendiqués par les Shebabs, qui continuent de faire régner la peur dans cette ville.

Des élections, pour quoi faire ?

Le contexte reste bien trop difficile pour organiser, comme prévu par la Constitution, des élections au suffrage universel direct. Cette promesse a été reportée à 2020. L’enjeu des scrutins législatifs et présidentiel en cours consiste ni plus ni moins à renforcer un Etat restauré en 2012 mais qui reste fragile, et à réconcilier la Somalie.
Une gageure, selon le journaliste et politologue somalien Mahmoud Cheikh Delmer, cité par la chaîne Al-Jazira : « Il n’y a pas une seule Somalie, mais Modagiscio, des régions autour de la capitale, la république du Somaliland dans le nord, une entité autonome, et le Puntland qui se comporte comme un Etat indépendant. »

Près de 14 000 délégués ont voté début octobre pour désigner les 275 d'entre eux qui siègeront à l’Assemblée nationale, dont 30 % sont des femmes. Les Etats fédérés, eux, ont désigné les 54 sénateurs d’une nouvelle Chambre haute. Le Parlement doit se réunir le 30 octobre pour élire un président de la République.

Sauf surprise, c’est l’actuel chef de l’Etat, l’ancien universitaire Hassan Cheikh Mohamoud, 60 ans, du Parti pour la paix et le développement (PPD), qui devrait rempiler pour un second mandat.

Elu en 2012 au terme d’un scrutin bien moins représentatif, puisque seuls 135 chefs de clans y avaient participé, cet homme était alors un novice en politique. Respecté par la société civile pour son action en faveur de l’éducation, son choix de ne pas quitter le pays et un rapport qu’il avait rédigé sur le rôle central de la diaspora somalienne dans la reconstruction du pays, il ne s’est pas distingué depuis par un bilan exceptionnel. Son autorité dépasse difficilement la zone de Mogadiscio, tandis que des affaires de corruption ont entaché son premier mandat.

Le pouvoir de cet homme qui a déjà réchappé à plusieurs tentatives d’assassinat risque de rester largement symbolique, tant que les armes continueront de parler en Somalie, un pays devenu l’un des maillons d’une internationale islamiste qui s’étend en Afrique.

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