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RCA

Centrafrique: pourquoi Noureddine Adam veut torpiller les élections

Appels sur l'actualité revient sur le référendum sur la Constitution en RCA, qui a eu lieu dimanche 13 décembre et qui est censé ouvrir la voie aux élections générales prévues le 27 décembre, et mettre ainsi un terme à la transition présidée depuis le 23 janvier 2014 par Catherine Samba-Panza. Le chef rebelle du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique, Noureddine Adam, qui avait rejeté le processus électoral en cours visant à mettre fin aux violences en Centrafrique, a décrété le 14 décembre un Etat autonome dans son fief du nord-est de la RCA. Le processus amorcé est-il pour autant compromis ? Eléments d’analyse.

Casques bleus de l'ONU aux abords du quartier PK5 de Bangui, la capitale centrafricaine, le 10 novembre 2015.
Casques bleus de l'ONU aux abords du quartier PK5 de Bangui, la capitale centrafricaine, le 10 novembre 2015. Reuters/Siegfried Modola
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Pour quelle raison Noureddine Adam s’oppose-t-il à ces élections ?
Noureddine Adam, qui était le numéro 2 de l’ex-Seleka au temps de Michel Djotodia, dirige aujourd’hui le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique, le FPRC, une des factions qui en est issue et qui a négocié cette année avec une partie de la mouvance anti-balaka fidèle à Francois Bozizé un accord de paix à Nairobi au Kenya. Accord qui a donné lieu d’ailleurs à une poignée de main entre Bozizé et Djotodia. Lors de ces négociations, ces ex-Seleka et ces anti-balaka, qui d’un côté comme de l’autre ne représentent pas l’ensemble de leur mouvance, se sont entendus sur la mise en place à partir de la fin décembre d’une nouvelle période de transition. Cette transition de dix-huit mois maximum, sans la présidente Catherine Samba-Panza et les institutions actuelles, préparera les élections et lancera le programme DDR - Désarmement, Démobilisation, Réinsertion. Pour les signataires de cet accord, qu’on surnomme les « Nairobistes », la mise en place de ce DDR permettra le retour de la sécurité et de la paix et permettra la tenue d’élections dans un climat apaisé.

Sauf que les partenaires internationaux de la Centrafrique ne veulent pas entendre parler de cet accord…
Absolument. La communauté internationale a adopté une ligne qui ne prévoit pas de nouvelle transition et un processus électoral qui démarre en 2015. C’est en cours : le processus a commencé dimanche 13 décembre avec le référendum et il se poursuivra le 27 décembre avec le 1er tour de la présidentielle et des législatives. Pour les Nairobistes, l’option restante est donc de perturber le processus par les moyens dont ils disposent, c’est-à-dire la violence. Le référendum de dimanche 13 décembre a d’ailleurs été perturbé dans plusieurs villes du pays et notamment au PK5 à Bangui. Il y a eu plusieurs morts. Et les regards se tournent vers le FPRC. Il faut bien préciser que les quatre autres factions issues de l’ex-Seleka se désolidarisent de la stratégie choisie par Noureddine Adam. L’autre carte que ce dernier a décidé de jouer, c’est la partition du pays. Il a décrété que le nord-est du pays était désormais « autonome ». C’est ce qu’il appelle la « République du Logone », qui a son drapeau, brièvement hissé pour l’occasion sur le bâtiment de la gendarmerie de Ndélé, au nord-est, avant d’être retiré par les casques bleus.

De quelles forces Noureddine Adam dispose-t-il ?
Difficile de savoir précisément de combien d’hommes dispose le FPRC, mais on parle de quelques centaines. On sait qu’il est très implanté dans plusieurs villes dont certaines sont importantes comme Ndélé ou Kaga-Bandoro. Le FPRC dispose aussi d’hommes en armes à Bangui. Des hommes implantés au Km5, qui ont décidé de perturber, eux aussi, les scrutins. On sait également qu’en octobre, le FPRC a tenté de descendre de Kaga-Bandoro vers Bangui, mais sa colonne a été stoppée aux alentours de Sibut par les forces internationales.

Une intervention militaire est-elle possible ?
Dans l’absolu, oui. Jusqu’à maintenant, la position des forces internationales était de dire que si le FPRC franchissait la ligne rouge, c’est-à-dire s’il descendait au sud de la ville de Sibut et qu’il se dirigeait vers Bangui, ses hommes seraient stoppés. Ils en ont fait les frais en octobre. Maintenant, il se pourrait que l’on passe à un autre stade. Il y a quelques jours dans les colonnes de Jeune Afrique, le ministre français de la Défense a tenu des propos sans ambiguïté. A une question sur la nécessaire « neutralisation » de Noureddine Adam, Jean-Yves Le Drian a évoqué des « éléments nocifs ». « Il doivent renoncer à cette logique d’agression permanente, a indiqué le ministre. S’ils ne le comprennent pas tout seuls, il faudra le leur faire comprendre ». Et ce mardi, la Minusca a mis en garde contre toute perturbation du processus électoral ou tentative de partition.

Sur quelles bases les deux candidats, François Bozizé et Edouard Ngaissona, ont-ils été exclus de la présidentielle ?
Il appartenait à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur les 44 dossiers de candidatures déposés, de les valider ou les invalider. La candidature de François Bozizé n’a pas été retenue pour deux raisons. D’abord, il manquait dans son dossier le récépissé d’inscription sur la liste électorale. En exil en Ouganda et faisant l’objet d’une interdiction de voyager imposée par l’ONU, Bozizé ne s’est donc pas inscrit sur les listes électorales. La Cour a aussi invoqué un autre motif : l’accord de Libreville, signé en janvier 2013, et qui marque le début officiel de la Transition, au moment où la Seleka prenait de l’importance. Cet accord interdit à François Bozizé de briguer un nouveau mandat. Quant à Patrice Edouard Ngaissona, l’ancien leader anti-balaka, la Cour lui reproche des démêlés avec la justice. Mais surtout des dettes : 200 millions de CFA auprès de la Sodeca, la compagnie des eaux ; et 336 millions auprès d’Ecobank.

Les réfugiés centrafricains de la sous-région pourront-ils voter ?
Oui, le recensement est fini. Et les réfugiés, en théorie, peuvent voter. Ils se sont toutefois assez peu inscrits, moins de 10%. On a des chiffres pour le Cameroun, par exemple : 21 000 réfugiés centrafricains au Cameroun ont voté pour le référendum sur les 250 000 qui sont répertoriés dans ce pays.

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