Accéder au contenu principal
Société/Environnement

Extinction Rebellion, désobéir pour sauver la planète?

Depuis le 7 octobre, le mouvement Extinction Rebellion (XR) appelle à mener des actions dans plusieurs pays pour dénoncer l’inaction des dirigeants face aux changements climatiques. Qui est vraiment ce groupe et peut-il faire « bouger » le monde ?

Des militants d'Extinction Rebellion, à Londres le 8 octobre 2019.
Des militants d'Extinction Rebellion, à Londres le 8 octobre 2019. ISABEL INFANTES / AFP
Publicité

« Cet octobre, nous déclarons la Rebellion internationale pour le vivant, et contre les systèmes qui le détruisent ! Nous appelons tous.tes les Rebelles à converger vers les capitales nationales pour bloquer les structures économiques, politiques et administratives dominantes. » Le message délivré sur la page Facebook du mouvement en dit long sur sa détermination : durant deux semaines, les écologistes d’Extinction Rebellion, ou XR, organisent des actions dans une soixantaine de villes du monde, et notamment des blocages.

Un mouvement récent

Né il y a à peine un an au Royaume-Uni, Extinction Rebellion compte aujourd’hui plus de 100 000 militants dans 70 pays, dont plus de 8 000 en France. Les militants ont pour credo les actions de désobéissance civile non violente. Ils portent trois revendications : la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet, la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une réduction de la consommation et une descente énergétique planifiée, la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable. En France, une demande est faite en plus : l’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant.

Le logo d’Extinction Rebellion est un sablier noir à l’intérieur d’une Terre. Il symbolise le peu de temps qu'il reste à certaines espèces avant de disparaître puisque ; selon les Nations unies, une espèce disparaît toutes les 8 minutes. « Maintenant, il s'agit de limiter les dégâts », confiait à RFI un militant le 6 octobre dernier. « On va droit dans le mur. On a deux ans pour prendre un virage radical ».

Des militants de XR lors de la marche funèbre devant la porte de Brandebourg à Berlin, le 8 octobre 2019.
Des militants de XR lors de la marche funèbre devant la porte de Brandebourg à Berlin, le 8 octobre 2019. MICHELE TANTUSSI / AFP

Des « rebelles » de plus en plus nombreux

La première action d’Extinction Rebellion date de novembre 2018 quand des milliers de militants écologistes de tous âges bloquent les principaux ponts de Londres. Depuis, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur, dépassant les frontières des traditionnels mouvements de mobilisation écologistes à l’instar de Greenpeace où l’on peut être membre sans pouvoir participer à de grandes actions.

En France, c’est le blocage du pont de Sully en juin par 300 militants qui marque le début réel de XR. Un sit-in violemment délogé par les forces de l’ordre à coup de gaz lacrymogène.

« Il y a une certaine confluence des circonstances, analyse sur RFI Graeme Heyes, sociologue, spécialiste des mouvements écologistes et maître de conférences à l’Université de Aston à Birmingham. Le mouvement est arrivé au bon moment, c’est-à-dire au même moment que Greta Thunberg ainsi que le rapport du GIEC qui nous donne douze ans pour changer la donne. »

Extinction Rebellion est devenu un mouvement de masse, d’actions mais aussi d’ateliers de discussion et de réflexion, sans leader ni porte-parole, dont les sources d’inspiration vont de Gandhi au mouvement des Afro-Américains pour les droits civiques en passant par les suffragettes.

Tous ceux qui partagent les valeurs de XR peuvent agir à divers degrés. Et c’est ce qui fait la particularité du mouvement, selon Graeme Heyes : Extinction Rebellion se place dans une grille de lecture et d’action très familière du mouvement écologiste à la différence qu’il fait participer un nombre maximal de concitoyens dont beaucoup n’ont aucun passif de militantisme.

Par ailleurs, note le sociologue, la stratégie d’Extinction Rebellion est efficace pour perdurer : mettre en place des séquences de mobilisation suivies de périodes de pause.

La violence bannie du mouvement

« Personne ne peut croire que ceux qui ont le pouvoir aujourd'hui vont faire quelque chose pour enrayer la catastrophe en cours, déclarait un autre militant durant une mobilisation parisienne. Ce système doit être changé. » 

Et pour se faire, les actions se multiplient : envahir un grand centre commercial à Paris, se jeter dans le canal au passage du roi des Pays-Bas, s’enchaîner à des rails, verser 3 000 litres de faux sang sur les marches du Trocadéro à Paris, etc. Avec un mot d'ordre : toutes les mobilisations que mène Extinction Rebellion doivent être non-violentes, à l'instar d'autres mouvement prônant également la désobéissance civile lors de blocages d’entreprises polluantes par exemple.

Place du Châtelet à Paris, mardi 8 octobre.

Pacifiques donc, mais parfois radicaux, les « rebelles » de XR connaissent les risques de leurs actions et savent qu’ils peuvent jusqu’à aller à la case prison (une peine qui n’a cependant jamais été énoncée jusqu’à présent). Ils agissent tous à visage découvert. Mais leurs actions ne satisfont pas tout le monde.

« Il y a une instrumentalisation de l'écologie par ces groupes violents et il faut les réprimer très rapidement, parce que c'est une dégradation de l'image de l'écologie », a déclaré Ségolène Royal sur France Inter lundi dernier. L'ancienne ministre de l'Environnement a souligné que ces formes de militantisme n'étaient « absolument pas » légitimes.

Si des voix s’élèvent contre Extinction Rebellion, le mouvement peut toutefois s’enorgueillir d’avoir fait en sorte que le Parlement britannique déclare « l’état d’urgence écologique », et cela sans violence aucune. Reste à savoir si ces deux semaines de désobéissance civile mondiale demeurent non violentes et, surtout, si elles parviennent à avoir un impact sur les gouvernants.

D'autant qu'une certaine polémique enfle autour du financement de XR. Le mouvement dit être uniquement constitué de bénévoles et fonctionner avec des dons de particuliers. La branche britannique emploierait pourtant une centaine de salariés, selon The Guardian. Côté France, les « gilets jaunes » accusent Extinction Rebellion d'être financé par des oligarques et s'insurgent contre un deux poids, deux mesures quant à la répression policière qui épargne XR.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.