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France/Santé

Le violentomètre: l’outil qui mesure les violences conjugales

Soixante-seize femmes ont déjà été tuées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l’année 2019. Plus d’une Francilienne sur dix est victime de violences au sein de son couple, d’où la nécessité de mettre au point un instrument d’aide aux victimes.

Rassemblement contre les violences conjugales et les féminicides, 6 juillet 2019, à Paris.
Rassemblement contre les violences conjugales et les féminicides, 6 juillet 2019, à Paris. Martin BUREAU / AFP
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Le principe est simple, une échelle de valeurs allant de 1 à 24, du vert au rouge, pour indiquer ce qui est considéré comme sain dans une relation amoureuse ou ce qui est nocif, voire dangereux. Les exemples présents sur le violentomètre viennent de témoignages recueillis par l’association En Avant Toute(s). Cela permet de comparer et situer sa relation.

Le violentomètre a été créé à la fin de l’année 2018 par le Centre Hubertine Auclert, et il est inspiré d’un outil similaire qui a été développé au Mexique.

Ce centre comprend un observatoire régional des violences faites aux femmes, qui a participé à l’élaboration du violentomètre, en collaboration avec Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris pour l’égalité femmes-hommes, l’observatoire de la Seine-Saint-Denis des violences faites aux femmes et l’association En Avant Toute(s).

Sensibiliser grâce à des situations concrètes

« Cet outil permet de s’interroger par exemple sur la jalousie, qui est souvent décrite comme étant une preuve d’amour », explique Aurélie Latourès, chargée d’études de l’observatoire régional des violences faites aux femmes.

Les jeunes femmes sont sous-représentées

En phase de finalisation mais déjà très convoité, le violentomètre sera présent dans tous les lycées de la région à la rentrée 2019. Aurélie Latourès s’étonne de la popularité de l’objet, dont 10 000 exemplaires ont déjà été commandés en l’espace d’un mois. Les intéressés sont pour la plupart des établissements scolaires ou des professionnels en lien avec les jeunes. Les sensibiliser et les alerter sur les violences psychologiques et physiques qui peuvent apparaître très tôt est nécessaire.

Louise Delavier, chargée de missions et responsable de la communication d’En Avant Toute(s), explique : « Nous sommes l’une des seules associations en France à s’intéresser aux jeunes femmes qui sont “ hors radar ” (c’est-à-dire qu’elles sont sous-représentées, ndlr) et il est donc important d’avoir un espace qui leur est dédié. »

Une enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (ENVEFF)  de 2001 montre que chez les 18-25 ans, une femme sur sept était victime de violences au sein de son couple. En Avant Toute(s) constate que certaines formes de violences sont banalisées, donc qu’on ne les caractériserait pas forcément comme étant des violences conjugales. Dans l’inconscient collectif, c'est l'image d'une femme battue, de plus de trente ans, mariée avec des enfants qui revient, alors que les violences psychologiques sont aussi très nombreuses.

« Mais avant d’en arriver à des violences physiques, il y a forcément eu des violences psychologiques », précise Louise Delavier.

Un moyen de communication adapté

La prévention auprès des jeunes femmes est essentielle, car elles ne se sentent pas forcément touchées par les violences conjugales. C’est la raison pour laquelle En Avant Toute(s) a créé un tchat, puisque c’est un moyen de communication plus adapté aux jeunes qui n’ont pas le réflexe d’appeler.

Sur ce tchat, on trouve beaucoup de questions sur la vie de couple mais le terme de violence conjugale n'est pas employé. Au final, environ une femme sur deux sur le site de discussion en ligne est victime de violences, s’est vu obligée d’avoir des relations sexuelles avec son compagnon par exemple.

Louise Delavier estime que « la relation sexuelle non consentie au sein d’un couple est un acte dont la gravité est très souvent banalisé. »

Lutter contre les violences conjugales

En Avant Toute(s) intervient dans les établissements scolaires, surtout les collèges avec des activités en mixité et non mixité. Ces interventions se font sans la présence des enseignants et permettent de mettre en lumière certaines situations, comme celle du mariage forcé.

D’après un sondage réalisé en 2019 par l’agence Kantar, 57 % des Français considèrent comme prioritaire la lutte contre les violences conjugales et 95% de la population souhaite que les auteurs de violences sexuelles et sexistes soient punis plus sévèrement et que l’on améliore la prise en charge des victimes de violence.

L’Observatoire régional des violences faites aux femmes a également carthographié les structures professionnelles qui peuvent accueillir les femmes victimes de violences afin d'améliorer leur prise en charge.

Pour Louise Delavier, il y a un réel manque au niveau des droits des femmes, et le Grenelle des violences conjugales qui se tiendra du 3 septembre 2019 au 25 novembre 2019 est une bonne chose.

« Mais on attend un réel effort, et surtout, une valorisation de ce qu’on fait au niveau associatif. Donc il faut nous en donner les moyens ».

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