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France

L'«Aquarius» va-t-il débarquer à Marseille comme SOS Méditerranée le demande?

Les péripéties touchant le bateau Aquarius de l'ONG SOS Méditerranée n'en finissent plus. Quelques heures après que le Panama a décidé de lui retirer son pavillon, les dirigeants de l'association humanitaire ont demandé à la France de le laisser accoster à Marseille et d'autoriser le débarquement de 58 migrants. L'Aquarius est actuellement en route pour la cité phocéenne. Réponse de Matignon : la France cherche une « solution européenne ».

Sophie Beau, vice-présidente de SOS Méditerranée, et Francis Vallat, président, ont tenu une conférence de presse à Paris, le 24 septembre 2018, alors que l'Aquarius est menacé de perdre le pavillon qui lui permet de naviguer.
Sophie Beau, vice-présidente de SOS Méditerranée, et Francis Vallat, président, ont tenu une conférence de presse à Paris, le 24 septembre 2018, alors que l'Aquarius est menacé de perdre le pavillon qui lui permet de naviguer. REUTERS/Christian Hartmann
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Bientôt privé de pavillon, l'Aquarius parviendra-t-il au moins à un port ? La question se pose de manière « critique », selon les termes de l'ONG lundi après-midi, quelques heures après que le Panama, sous lequel le bateau humanitaire battait pavillon, a annoncé qu'il allait retirer son drapeau au bateau une fois que celui-ci aura accosté.

→ RELIRE: Humanitaire : l'Aquarius court le risque de devenir un navire pirate

L'association a tenu ce lundi 24 septembre une conférence de presse à Paris. Au cours de celle-ci, le directeur des opérations de l'association SOS Méditerranée, Frédéric Penard, a fait savoir que le bateau rouge faisait route vers Marseille et que les ONG ayant affrété ce navire humanitaire ont demandé aux autorités françaises d'autoriser « à titre exceptionnel » le débarquement des 58 migrants présents actuellement à son bord.

La première demande c’est d’abord que l’Aquarius puisse accoster assez rapidement dans les jours qui viennent en France, pour pouvoir débarquer les 58 personnes secourues dans un port sûr. L’Italie et Malte ont déjà refusé le débarquement. Nous sommes actuellement face à un problème majeur lié au pavillon. C’est le Panama, aujourd’hui, qui apparemment est sous pression des autorités italiennes et qui nous annonce ce retrait. Nous faisons appel à l’ensemble des pays européens pour qu’un pavillon européen puisse être octroyé le plus vite possible pour l’Aquarius. Il n’est pas acceptable de voir que des principes, telle que l’obligation d’assistance à personne en détresse, soient aujourd’hui bafoués, y compris par des Etats européens, qui sont pourtant normalement porteurs de ces mêmes principes.

01:03

Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée France

Juliette Gheerbrant

« Les autorités françaises ont été informées » de cette demande, a-t-il assuré, soulignant qu'« il est urgent de mettre les personnes à l'abri », avec 17 femmes et 18 mineurs à bord du navire. « La seule destination possible aujourd'hui est Marseille », dans le sud-est de la France, qui est le port d'attache du navire, a-t-il martelé, alors que l'Aquarius vient d'apprendre que les autorités panaméennes allaient lui retirer son pavillon.

Situation « critique »

« C'est du jamais vu et, en soi, un scandale », a affirmé Francis Vallat, président de l'ONG, en demandant au Panama « de revenir sur sa décision » et sinon aux Etats européens de fournir un pavillon à l'Aquarius. Malgré les menaces panaméennes, « nous sommes déterminés à ce que l'Aquarius reparte, il y a un besoin impératif de sauver des vies en Méditerranée », a ajouté Frédéric Penard. La situation est « extrêmement critique » puisque « nous risquons de perdre le pavillon du Panama au moment où nous toucherons terre », a-t-il averti.

« Je lance un appel aux pays européens pour que l'Aquarius puisse battre pavillon européen », a déclaré Francis Vallat. « Le drame actuel est un problème européen, (...), les partenaires européens de l'Italie sont coupables par leur silence », a ajouté Thomas Bischoff, président de SOS Méditerranée Suisse.

On parle d'intimidation de pays tiers, de menaces, et puis de mensonges. Les dommages collatéraux de cette stratégie c'est plus de noyades en mer.

01:04

Pierre Mendiharat, directeur adjoint des opérations de MSF

Juliette Gheerbrant

La réponse des services du Premier ministre français est survenue en début de soirée : la France cherche « une solution européenne » selon le principe du « port sûr le plus proche », ont-ils fait savoir à l'AFP. Matignon met en avant le droit maritime. Selon la loi, « les naufragés doivent être débarqués dans le port le plus sûr et le plus proche ». Dans ce cas c’est Malte ou l’Italie, mais ces deux pays sont catégoriques : hors de question d’accueillir l’Aquarius.

Très rapidement, le chef de l’opposition socialiste à la mairie de Marseille, Benoît Payan, qui a été rejoint par les députés La République en marche et France Insoumise, s’est dit favorable à l’accueil inconditionnel du navire et de lui proposer de battre symboliquement pavillon marseillais.

A l’inverse, et sans surprise, le sénateur du Front national Stéphane Ravier s’est dit vent debout contre l’arrivée de l’Aquarius. Il répète sa demande d’une mise sous séquestre du navire et surtout d’une enquête contre SOS Méditerranée pour complicité de trafic d’êtres humains.

Tensions

Les oppositions sont vives pour SOS Méditerranée, dont les bureaux à Marseille sont installés discrètement. Il est par exemple demandé aux journalistes qui connaissent son emplacement de ne pas le dévoiler.

Les précédents accostages de l’Aquarius dans le port autonome avaient déjà fait grand bruit. Ce n’était pourtant que des escales techniques pour le bateau et ses équipages. Cette fois-ci, alors que le navire doit accoster avec à son bord des dizaines de migrants secourus, la tension pourrait monter d’un cran. Comme en témoigne déjà ce silence de la majorité Les Républicains à la mairie de Jean-Claude Gaudin.

L'Aquarius est actuellement le seul bateau humanitaire à sillonner la mer Méditerranée pour secourir les embarcations de migrants au départ de la Libye. Il se trouvait ce lundi à quatre jours de navigation de Marseille.

L'ONG a reçu le soutien du député (LFI) de Marseille Jean-Luc Mélenchon.

→ RELIRE : «Aquarius»: «il y a une crise politique européenne, un manque de solidarité»

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