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Changement climatique

Canicule: comment les villes vont s’adapter au changement climatique

Les grandes villes comme Paris, Lyon ou Bordeaux se sont transformées en véritables fournaises pendant la canicule qui a sévi cet été. Alors que la hausse des températures se concrétise, les urbanistes planchent pour adapter les villes.

Des Français se rafraîchissent aux abords de la Tour Eiffel, le 2 août 2018, en plein coeur d'une vague de chaleur qui frappe l'Europe.
Des Français se rafraîchissent aux abords de la Tour Eiffel, le 2 août 2018, en plein coeur d'une vague de chaleur qui frappe l'Europe. AFP/Gérard Julien
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Après plusieurs jours d’une intense période de canicule, la France s’est finalement rafraîchie. Un soulagement après des températures frôlant les 40°C, mettant à mal les organismes les plus fragiles. C’est particulièrement en milieu urbain qu’elle a été difficile à supporter, avec par exemple des écarts pouvant atteindre 8°C entre Paris intra-muros et sa périphérie : on parle alors « d’îlots de chaleur urbains ».

Cette différence de température entre des zones géographiquement peu éloignées s’explique par la politique urbaine de la seconde partie du XXe siècle, une bombe à retardement qui transforme les villes en fours dès que le mercure grimpe.

Pour Amandine Crambes, ingénieure urbaniste au service organisations urbaines de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), il y a plusieurs facteurs qui influencent ces écarts de température. « Il y a déjà l’aménagement des rues, la hauteur des bâtiments. Mais aussi les activités humaines qui créent de la chaleur et produisent de l’énergie », explique l’urbaniste contactée par RFI.

En cause également, les transports avec les voitures qui produisent de la chaleur et émettent des gaz à effet de serre. Un paramètre important dans des villes où le « tout voiture » fait souvent office de moyen de transport principal.

Changer la ville

Pour tenter d’améliorer les conditions de vie des urbains, plusieurs solutions simples sont envisageables. Comme l’explique Amandine Crambes, « on peut déjà repenser les matériaux et se débarrasser des capteurs de chaleurs. L’asphalte, par exemple, a une très forte inertie et un très faible albédo (le pouvoir réfléchissant d’une surface, ndlr). C’est-à-dire qu’il va capter énormément de chaleur pendant la journée et va la rendre dans la nuit, mais très lentement ».

Autre piste de réflexion : la couleur des infrastructures. « Lors d’un épisode de chaleur avec une température extérieure de 26°C, une toiture foncée peut monter jusqu’à 80°C, une toiture de couleur claire jusqu’à 45°C et une toiture végétale jusqu’à seulement 29°C”. Les couleurs claires et les surfaces végétalisées sont donc à préconiser.

C’est ce type d’initiatives que prend notamment la municipalité de Los Angeles, qui a enduit certaines de ses rues d’un revêtement blanc absorbant moins de chaleur. Les « cool roof » (toiture fraîche) recouverts de peinture réflective sont également testés par plusieurs entrepreneurs, puisant leur inspiration dans l’urbanisme des pays chauds.

De l’importance de la végétalisation

Dans des villes minérales à l’extrême, le défi de la végétalisation est crucial. En effet, l’imperméabilisation des sols, la disparition de l’eau et de la végétation contribuent grandement à faire monter les températures.

« Végétaliser les bâtiments est une bonne chose pour leur isolation thermique, mais ce n’est pas suffisant, nuance Amandine Crambes. Il faudrait avoir des zones végétalisées environ tous les 200 mètres pour maintenir une certaine continuité. En effet, les bénéfices d’un petit parc diminuent déjà après 100 mètres. »

Pour l’urbaniste, il s’agit de choix politiques avant tout. « Avec la pression foncière qui existe dans des villes comme Paris, il faut avoir le courage politique de ne pas construire certains espaces pour les transformer en poche de rafraîchissement. »

De lentes initiatives

Sans politique urbaine efficace, on risque de se retrouver avec des « villes-étuves » d’ici quelques décennies. « Jusqu’à maintenant, on parlait d’atténuation au changement climatique [...] alors que l’adaptation climatique n’était pas du tout travaillée », déplore Amandine Crambes.

Des quartiers éco-responsables ont toutefois émergé ces dernières années, notamment le quartier île Seguin-Rives de Seine à Boulogne-Billancourt, labellisé en 2013. Au cœur du projet, la présence de végétation, les déplacements doux et les énergies renouvelables.

De nombreuses expérimentations à moindre échelle sont également menées dans les grandes villes. A Lyon par exemple, un arrosage ciblé des arbres est effectué en période de canicule afin de maintenir leur travail d’évapotranspiration. Et pour reverdir la ville, quelque 3 000 arbres résistants à la sécheresse, comme le micocoulier de Provence, sont plantés chaque année.

Adapter les villes au changement climatique serait donc une question de bon sens ? Une chose est sûre : si rien n’est fait, elles risquent fort de devenir invivables. Selon le climatologue Jean Jouzel, le réchauffement risque de s'accélérer.

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