Marseille en finales européennes: un exploit et trois désillusions
L’Olympique de Marseille affronte ce mercredi soir 16 mai à Lyon l’Atlético Madrid en finale de la Ligue Europa, un stade de l’épreuve que n’avait pas atteint un club français depuis 2004. Pour l’OM, il s’agit de la cinquième finale de son histoire, des sommets qui lui ont rarement réussi, hormis en 1993, lors de sa victoire historique face à l’AC Milan.
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Grâce au but arraché en Autriche par le Portugais Rolando dans la prolongation du match retour face au Red Bull Salzbourg (2-0, 1-2 a.p.), l’Olympique de Marseille va disputer ce mercredi soir au stade Groupama de Lyon, la cinquième finale de coupe d’Europe de son histoire. Ce qui consolide la place de N°1 français du club des Bouches-du-Rhône dans cet exercice, loin devant le Stade de Reims (1956, 1959), l’A.S. Monaco (1992, 2004) et le Paris Saint-Germain (1996, 1997) qui ont disputé deux finales et le trio Saint-Etienne (1976), Bastia (1979), Bordeaux (1999) qui n’en comptent chacun qu’une seule à leur crédit, perdues toutes les trois. A ce jour, seuls d’ailleurs l’OM (Coupe des Clubs champions en 1993) et le PSG (Coupe d’Europe des Vainqueurs de coupes en 1996) ont inscrit leur nom au palmarès continental, ce qui en dit long sur les faiblesses françaises au très haut niveau. Petit retour sur les quatre finales jouées par Marseille à ce jour.
29 mai 1991, Bari (Italie) : Etoile Rouge de Belgrade bat OM 0-0 (5 tirs au but à 3).
Injustement éliminé en demi-finale l’année précédente par Benfica après la fameuse main de Vata sur le but vainqueur des Lisboètes, l’OM se présente en position de favori pour cette finale face à l'Etoile Rouge, après avoir éliminé successivement le Dinamo Tirana (5-1, 0-0) au 1er tour, Lech Poznań au 2e tour (2-3, 6-1) mais surtout l’AC Milan, tenant du titre, en quart de finale (1-1, 1-0, score officiellement rectifié à 3-0, les Milanais ayant refusé de reprendre le jeu après une panne de courant à la 88e). En demi-finale, les Marseillais dominent facilement le Spartak Moscou (3-1, 2-1) avant d’affronter les Yougoslaves à Bari, sur la Côte Adriatique. Pas encore habitué à ces hauteurs, Bernard Tapie, un président qui règne en maître absolu sur son club, commet l’erreur d’imposer une mise au vert très stricte à tout l’effectif entraîné par Raymond Goethals. Ce dernier n’aligne ni Jean Tigana ni Philippe Vercruysse ni Dragan Stojkovic dans son onze de départ, leur préférant Bernard Casoni, Laurent Fournier et Bruno Germain. Pétrifiés par l’enjeu et muselés par leurs adversaires, les Marseillais font un non-match et se laissent entraîner dans la séance de tirs au but alors que leur duo de feu Jean-Pierre Papin-Chris Waddle est mis sous l’éteignoir. Dans la séance de tirs au but, les Yougoslaves réalisent un sans faute face à Pascal Olmeta mais Manuel Amoros manque le sien, scellant le sort de la rencontre, une amère défaite à l’issue de laquelle Basile Boli pleure toutes les larmes de son corps sur la pelouse.
26 mai 1993, Munich (Allemagne) : OM bat AC Milan 1-0
Cette année marque la première édition de la Ligue des champions sous sa nouvelle formule et va rester gravée à tout jamais dans l’histoire du football français avec la première victoire, et la seule à ce jour, d’un club hexagonal dans l’épreuve reine au terme d’une finale où, cette fois, l’OM ne part pas favori. Dans les premiers tours à élimination directe, les Phocéens, toujours entraînés par Goethals, passent sans trembler face au Glentoran Belfast (5-0, 3-0) puis le Dinamo Bucarest (2-0, 0-0). Vient ensuite la phase de groupe que l’OM termine invaincu (3 victoires, 3 nuls) dans une poule où figurent également les Glasgow Rangers, le FC Bruges et le CSKA Moscou. À Munich pour la finale, Tapie cette fois lâche la bride à ses hommes. C’est donc une équipe décontractée et décomplexée qui se présente sur la pelouse face à un AC Milan qui fait pourtant figure de terreur avec son bilan de 10 victoires sur 10 possibles (23 buts marqués, 1 but encaissé) cette année-là dans l’épreuve et ses stars Franco Baresi, Paulo Maldini, Roberto Donadoni, Marco Van Basten, Frank Rijkaard ...ainsi que l’ex-Marseillais Jean-Pierre Papin qui débute sur le banc. Encore méconnu du grand public, Fabien Barthez réalise des prouesses dans la cage de l’OM et les Marseillais parviennent à prendre l’avantage juste avant la mi-temps grâce à une tête de Basile Boli sur un corner tiré par Abedi Pelé. Grâce à sa défense hyper costaude (Jocelyn Angloma, Marcel Desailly, Basile Boli, Éric Di Meco), l’OM va tenir le choc en deuxième mi-temps et permettre à Didier Deschamps de lever haut dans le ciel le premier de ses trophées internationaux avec le brassard de capitaine. Au retour, c’est la folie sur le Vieux-Port et, suprême délice, l’OM remet ça trois jours plus tard en championnat en battant le PSG 3-1 au Vélodrome avec, encore, une tête de Basile Boli. Bonheur de courte durée toutefois puisque le club sera ensuite condamné puis rétrogradé l’année suivante pour la célèbre affaire VA-OM.
12 mai 1999, Moscou (Russie) : Parme AC bat OM 3-0
Quatrième du championnat de France 1998-99 remporté par le RC Lens, l’OM est qualifié pour ce qui s’appelle encore la Coupe de l’UEFA et va se hisser jusqu’à la finale face à Parme, emmené par les tout frais champions du monde Laurent Blanc (capitaine) et Robert Pirès, sous la houlette de Roland Courbis. Hormis le 1/32e de finale de l’épreuve maîtrisé facilement face aux Tchèques de Sigma Olomouc (2-2, 4-0), les Olympiens passent les tours à l’arraché successivement face au Werder Brême (1-1, 3-2), à l’A.S. Monaco (2-2, 1-0), au Celta Vigo (2-1, 0-0) puis aux dépens de Bologne au terme d'une demi-finale hyper-tendue (0-0, 1-1). Au Stade Loujniki de Moscou, les Marseillais se présentent à nouveau en position d’outsiders face à une équipe de Parme qui collectionne les succès européens durant cette décennie : une Coupe des Vainqueurs de coupes (1993) suivie d’une finale l’année suivante (1994) puis d’une Coupe de l’UEFA en 1995. Les Parmesans aussi comptent deux champions du monde français dans leur effectif : Lilian Thuram et Alain Boghossian, ainsi que deux futurs champions du monde italiens : Gianluigi Buffon et Fabio Cannavaro, auxquels il faut ajouter la redoutable paire argentine Juan Sébastian Veron - Hernan Crespo. De match, il n’y en aura pas vraiment après que Crespo ouvre la marque dès la 26e mn suite à une mauvaise passe en retrait de la tête de Laurent Blanc à son gardien Stéphane Porato. Paolo Vanoli va corser l’addition dix minutes plus tard d’une tête décroisée (2-0). Après la pause, Enrico Chiesa clôturera la marque dès la 55e mn d’une demi-volée sous la barre qui ne laisse aucune chance à Porato. Parme était trop fort et l’OM lui avait fait trop de cadeaux. Deuxième Coupe de l’UEFA pour le club d’Émilie-Romagne.
19 mai 2004, Göteborg (Suède) : Valence CF bat OM 2-0
Troisième du championnat de France 2002-2003, l’OM est qualifié pour le tour préliminaire de la Ligue des champions et se glisse en phase de poule en éliminant difficilement l’Austria Vienne (1-0, 0-0) avant de terminer troisième de son groupe où figurent le Real Madrid, le FC Porto et le Partizan Belgrade. Reversés en Coupe de l’UEFA et portés par un Didier Drogba dont le talent explose sur la scène européenne, les Marseillais alignent les exploits en sortant tour à tour Liverpool (1-1, 2-1), l’Inter Milan (1-0, 0-0) puis Newcastle (0-0, 2-0). En finale ils affrontent un Valence CF qui vient de s’adjuger le titre de champion d’Espagne pour la 2e fois en trois ans. Étincelant tout au long de la campagne européenne, Didier Drogba se présente diminué, victime d’un coup à la hanche mais José Anigo le laissera quand même sur le terrain jusqu’au coup de sifflet final. Un peu comme cinq ans plus tôt face à Parme, la marche est un peu trop haute face au Valence de Rafa Benitez, un bloc compact où brillent Santiago Canizares, Ruben Baraja, David Albelda et le duo d’attaque Angulo-Mista. Le tournant du match a lieu juste avant la pause quand Fabien Barthez fauche Mista dans la surface, écopant de la double peine : pénalty et carton rouge. Vicente se charge d’exécuter la sentence et Marseille va jouer toute la seconde période à dix. Mista ne tarde pas à doubler la mise à la 58e mn et l’épopée se termine en eau de boudin pour les Habib Beye, Mathieu Flamini et Steve Marlet, d’autant que Drogba signe Chelsea à l’intersaison, ne laissant que des regrets dans une ville qui l’a beaucoup aimé. Ce soir, à Lyon, c’est un autre club espagnol que va affronter l’OM, un Atlético Madrid au moins aussi fort que le Valence de 2004. Autant dire que la marche est encore très haute pour l’OM cuvée 2018.
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