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France

Le GBL, la nouvelle drogue qui fait fureur chez les jeunes

Vous connaissez peut-être le GHB, qu'on appelle « la drogue des violeurs ». Depuis plusieurs mois, sa cousine, le GBL, s'implante dans les boîtes de nuit et soirées privées françaises. Facile d'accès et bon marché, ce produit attire une population de plus en plus jeune.

Les boîtes de nuit, principaux terrains de circulation du GBL. (Illustration).
Les boîtes de nuit, principaux terrains de circulation du GBL. (Illustration). LEON NEAL / AFP
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Par Alexandre de Moussac

Au départ, c'est un solvant industriel qui sert à nettoyer les jantes de voiture. GBL, c'est l'abréviation de gamma-butyro-lactone. Mais depuis quelques années, et encore plus depuis deux ans, son usage est détourné à des fins récréatives.

Aujourd'hui, les consommateurs l'utilisent pour ses propriétés désinhibantes. Car une fois dilué dans l'eau et avalé, le GBL est transformé par l'organisme en GHB, un produit qui rend amnésique, et que certains violeurs utilisent pour abuser de leurs victimes. Voilà pourquoi on dit que ces deux drogues sont cousines. En fait, ce qui plaît aux consommateurs, c'est qu'avec une faible dose de GBL, à peine une cuillère à café, les effets sont déjà très forts.

Le « G-Hole »

En général, le consommateur ressent de l'excitation, se sent libéré, a l'impression qu'il aime tout le monde ; son désir sexuel est alors décuplé. Mais comme c'est souvent le cas avec les drogues, certains utilisateurs veulent repousser leurs limites. Et quand la dose est trop forte ou que le GBL est mélangé avec de l'alcool, il devient un dépresseur respiratoire. On atteint ce que l'on appelle le « G-hole », un stade de non-retour, qui entraîne presque à chaque fois des comas : 10 en France en 2016, un chiffre qui devrait grimper en flèche d'ici la fin de l'année (les experts estiment entre 50 et 100 cas pour 2018.

Des comas, et parfois aussi des décès. Comme le 9 mars dernier. C'était au « Petit Bain », un club du 13e arrondissement de Paris. Deux jeunes hommes pensent ramasser une simple bouteille d'eau sur la piste de danse. Sauf que cette bouteille contient du GBL. Après l'avoir bu, les deux garçons tombent dans le coma. Le plus jeune des deux, 23 ans, décède quelques jours plus tard. Sur ce cas, on peut parler d'un accident, mais le plus souvent ceux qui prennent du GBL le font par choix.

Pas besoin de dealer. Selon plusieurs consommateurs et nous l'avons vérifié, il suffit bien de taper GBL sur internet, de rentrer le code de sa carte bleue, et l'acheteur reçoit très vite une bouteille chez soi. Et tout cela pour un prix dérisoire. Pour les premiers prix, environ 20 euros (hors frais de port, le produit vient en général de Lituanie), comptez jusqu'à une centaine de doses.

Autorités publiques et collectifs en première ligne

Depuis septembre 2011, le ministère de la Santé punit de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende la vente du GBL au public. Plusieurs établissements de nuit ont également été fermés administrativement à Paris depuis le début de l'année. Le préfet de police de la capitale, Michel Delpuech, s'est lui engagé à limiter la vente du GBL sur internet. Mais en fin de compte, ce qui marche le mieux reste la prévention et l'information.

Action Nuit est un groupe de réflexion qui réunit des professionnels du monde de la nuit. Son porte-parole, Christophe Vix-Gras se montre assez pessimiste. Pour lui, les soirées ont changé. De plus en plus, les fêtards qui consomment cette drogue délaissent les traditionnelles boîtes de nuit. Ils se tournent vers des soirées privées, plus difficiles à repérer pour faire de la prévention. Cibler les boîtes de nuit devient un combat presque obsolète. Il est donc urgent de sensibiliser le plus grand nombre sur cette question. Car pour les addictologues, le principal danger à venir, c'est la banalisation.

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